Le site à vendre et un équilibre qui fait (encore) défaut

Toujours en plan de continuation, le dentellier de la place de Calais n'est pas sorti de l'ornière malgré une hausse de son activité. En témoigne la vente de son site industriel à la Ville de Calais. Retour sur un dossier toujours en friche.

La production de Leavers représente 65% des ventes de dentelles chez Noyon en 2014.
La production de Leavers représente 65% des ventes de dentelles chez Noyon en 2014.

 

CAPresse 2014

Le site de production Noyon rue des Salines à Calais.

 

Retour à la normale ? Pas encore : la survie de Noyon passe par la vente de son site industriel. L’affaire commence par une délibération subitement retirée le 18 septembre 2013. Le cabinet de Natacha Bouchart nous avait alors affirmé qu’il n’était pas question de racheter le site du dentellier Noyon. Quelques semaines plus tard (le 6 novembre), une nouvelle délibération était à l’ordre du jour au conseil municipal de Calais… qui engageait alors la procédure de portage foncier avec l’Etablissement public foncier (EPF). «La société Noyon sollicite l’acquisition de son site», lisait-on dans la délibération. France domaine estimait alors la valeur du bien à 3 millions d’euros et indiquait à la sénatrice-maire de Calais que «le loyer annuel (pouvait) être fixé à 150 000 euros». Une convention opérationnelle relative au site des Salines a été signée entre la Ville et l’EPF le 24 février dernier. Dans la fiche technique de l’opération (OP 1811), l’EPF indique ses motivations et celles de l’entreprise : Noyon «est en plan de continuation depuis sa mise en redressement judiciaire en octobre 2008. Cela avait amené l’EPF à intervenir sur la partie du site de production que l’entreprise n’utilisait plus dans le cadre de l’opération ‘rue des Quatre-Coins’ (site de son ex-filiale Darquer depuis fusionnée avec l’entreprise mère). La société Noyon reste propriétaire des bâtiments et des terrains rue des Salines, qui couvrent une superficie de plus de 2,6 hectares, dont 2,1 hectares bâtis». Toujours plongé dans des difficultés de trésorerie, Noyon n’avait d’autre choix que de vendre ses derniers actifs fonciers et immobiliers. Ce qui «lui permettra de faire face à ses prochaines échéances de mars 2014 vis-à-vis de ses principaux créanciers. L’EPF Nord-Pas-de-Calais est donc appelé une nouvelle fois par la Ville pour acquérir le site rue des Salines». Le projet de convention entre l’EPF et la Ville prévoit même une série de travaux de rénovation.

 

Objectif ambitieux dans un contexte complexe. Noyon affiche cependant de nouvelles ambitions : d’après les déclaration de son dirigeant, Olivier Noyon, l’activité a augmenté de 7% en 2013 (soit 1,1 million d’euros) et son objectif pour 2014 est de croître encore de 15%, voire de 20%. Mais une perte comprise entre 1,5 et 2 millions d’euros est attendue sur le dernier exercice comptable. L’héritier de la plus célèbre famille dentellière de France veut croire dans le développement de la robe à travers sa marque Darquer qui détient probablement la plus belle collection de dessins au monde. Mais la montée en puissance du Japonais Sakae Lace sur ce segment constitue un risque dans une activité très consommatrice de capitaux… D’autre part, les prix en lingerie restent bas chez le dentellier : entre 3,70 et 4 euros, contre 5 à 7 euros chez ses principaux confrères et concurrents de la place. De 17,7 millions d’euros en 2009, l’entreprise n’affiche plus que 16,6 millions en 2012. L’an dernier, d’après nos informations, Noyon a réalisé 16,33 millions d’euros de production, dont 10,53 à l’exportation (pour 238 salariés en CDI et CDD). Depuis sa sortie de redressement judiciaire en 2010, son chiffre d’affaires oscille entre 16 et 17 millions d’euros et ne lui permet pas (encore) d’atteindre son équilibre, et probablement pas d’honorer son plan de continuation. Lui reste la vente − salvatrice − de son site sur lequel Olivier Noyon reste confiant : «L’action est en cours de réalisation comme prévu.»

 

 

CAPresse 2014

La production de Leavers représente 65% des ventes de dentelles chez Noyon en 2014.