Santé

Le Service de soins infirmiers à domicile d’Airaines reçoit le label "Établissement bien traitant"

Composante de l’Établissement public intercommunal de santé sud-ouest Somme (EPISSOS), le Service de soins infirmiers à domicile d’Airaines (SSIAD) est la première structure hexagonale à avoir reçu ce label indépendant. Une reconnaissance pour le travail accompli qui ne fait cependant pas disparaître les problématiques structurelles du secteur.

Éline Ducrocq et Stéphanie Dégremont. ©Aletheia Press/ D. La Phung
Éline Ducrocq et Stéphanie Dégremont. ©Aletheia Press/ D. La Phung

« Ici, nous avons la chance de pouvoir prendre le temps : si l’on sent qu’un patient a besoin de parler, on sait que l’on peut déborder un peu », confie Stéphanie Dégremont, aide-soignante au sein de l’équipe du SSIAD d’Airaines. Un luxe dans un métier où le planning est constamment serré. Cette « petite marge de manœuvre » incarne parfaitement l’esprit qui règne sur cette équipe qui, chaque jour, prend soin de 66 patients - personnes âgées ou en situation de handicap - sur les 60 communes du territoire.

« Nous ne sommes pas là que pour le soin », ajoute Éline Ducrocq qui a accompagné le travail préparatoire à la labellisation avant de prendre la tête du SSIAD. Engagé depuis 2017 dans cette démarche qualité, le service a été le premier à obtenir la certification "Établissement bien traitant" en France. « C’est une reconnaissance de nos pratiques. Ça montre que tout n’est pas noir et que l’on fait ce travail avec le cœur », souligne Stéphanie Dégremont.

Communiquer et anticiper

Comme beaucoup de professionnelles de santé, cette aide-soignante expérimentée a cependant parfois eu peur de tomber dans la maltraitance. « Un jour, une patiente m’avait fait remarquer qu’à part ‘’bonjour’’ je ne lui avais pas adressé la parole. C’était il y a plusieurs années, mais je m’en souviens parfaitement, ça m’a profondément marquée, au point de m’interroger sur le fait de continuer ou non mon métier », confie Stéphanie Dégremont. Pour éviter ces situations à risque, Éline Ducrocq mise beaucoup sur la communication. En plus, des réunions de suivi, l’équipe se réunit une fois par trimestre pour une analyse de pratique. « Il faut savoir se remettre en cause, s’interroger sur sa façon de faire. Parfois, on peut se laisser prendre par la réalisation du geste technique en oubliant le reste. Il faut alors savoir se recentrer », pointe celle qui a débuté dans le secteur médico-social à 16 ans avant de gravir les échelons.

Les seniors souhaitent rester chez eux le plus longtemps possible. ©Pixabay

En plus d’échanges très réguliers, les huit professionnelles de santé bénéficient de conditions d’exercice satisfaisant avec des temps de travail sans coupure, des véhicules de service et un équipement complet pour se rendre au domicile de leurs patients. « Nous avons beaucoup travaillé sur les plannings et les tournées pour que chacun puisse s’y retrouver. L’anticipation nous permet de gagner beaucoup de temps et de mieux gérer les imprévus », souligne Éline Ducrocq.

Des problèmes récurrents

Malgré cette ambiance familiale et bienveillante, le SSIAD rencontre comme toutes les autres structures des difficultés de recrutement. « Le label ne facilite pas les choses. C’est un métier complexe qu’il faut choisir et savoir arrêter quand il ne plaît plus. Malheureusement, vu le contexte actuel, ça devient un poste alimentaire et là, on risque de tomber dans la maltraitance », regrette Éline Ducrocq qui s’inquiète également de la tension à laquelle le service, doit faire face. « Les gens ne veulent plus aller en EHPAD, ils veulent rester le plus longtemps possible chez eux. Il y a donc de plus en plus de demandes, c’est très compliqué », conclut-elle.