Le "sacrifice" de leur fils déjoué, deux Français bientôt extradés d'Espagne
Ils voulaient "sacrifier" leur fils de cinq ans dans le Sahara, selon la Garde civile espagnole: un couple de professeurs de musique girondins, soupçonné de "dérives sectaires", est sous le coup d'une procédure d'extradition...
Ils voulaient "sacrifier" leur fils de cinq ans dans le Sahara, selon la Garde civile espagnole: un couple de professeurs de musique girondins, soupçonné de "dérives sectaires", est sous le coup d'une procédure d'extradition après son arrestation fin décembre à Algésiras.
Patrick Meiffren, maire de Carcans, a été stupéfait le 21 décembre en apprenant l'arrestation des deux parents, "bien intégrés dans le village" où ils avaient fondé "une belle école de musique" qui a accueilli "jusqu'à plus de 250 élèves".
"Le 21 décembre, le sous-préfet m'a appelé pour me dire que le couple avait été interpellé au sud de l'Espagne, à Algésiras, alors qu'il s'apprêtait à prendre un ferry pour le Maroc dans le but, m'a-t-il dit, de sacrifier leur fils, qu'ils pensaient possédé, dans le Sahara", raconte l'édile de ce petit village touristique au nord-ouest de Bordeaux.
La Garde Civile avait elle aussi évoqué une volonté de "sacrifier" l'enfant dans son communiqué annonçant samedi l'arrestation des deux parents, qui faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt européen.
Selon une source proche de l'enquête, ils ont quitté Carcans le 16 décembre dans un 4x4 acheté très récemment après avoir mis leur appartement en sous-location. Ils ont passé une nuit à l'hôtel avant de dormir chez une amie dans l'Hérault.
Propos délirants
L'enquête a démarré le 19 décembre, après un "appel d'une requérante s'inquiétant pour le fils d'un couple d'amis, âgé de 5 ans", précise le parquet de Bordeaux.
Le père, né en 1984, "tenait des propos délirants", ajoute le parquet, qui a ouvert le 20 décembre une information judiciaire "des chefs d'arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d'otage mineur de 15 ans pour faciliter un crime ou un délit, à l'encontre du couple".
"Le but était dans un temps très court de les intercepter de manière à protéger et sauver l'enfant", a précisé à l'AFP Cédric Roger, chef d'escadron, commandant de gendarmerie de la brigade de recherche de Lesparre-Médoc, chargée de l'enquête avec la Section de recherche de Bordeaux.
"Est-ce que cette famille appartenait à une mouvance sectaire? A ce stade, il est trop tôt pour le dire. Est-ce qu'on est sur des dérives sectaires? Vraisemblablement", a-t-il ajouté.
Une source proche de l'enquête affirme que la mère, née en 1993, était "sous emprise".
Le maire de Carcans se souvient que "pendant la tempête Ciaran", cet automne, le père avait été retrouvé "dénudé dans la forêt avec des propos très incohérents" puis "placé d'office en hôpital psychiatrique".
Mais il souligne que le couple avait "un comportement de vrais parents, aimants, très attentionnés, très accompagnateurs et rien ne laissait supposer qu'ils puissent avoir ce type de comportement vis-à-vis de leur enfant", qui n'était pas scolarisé.
Vincent Ronslin, loueur de vélo, précise que "beaucoup d'enfants, même des adultes, venaient prendre des cours de guitare, de piano, de batterie" dans leur école, dont la façade est désormais ornée d'un panneau "A Louer".
Le couple avait aussi mis en ligne des vidéos pour apprendre le ukulélé pendant le confinement de 2020.
Profil plus sombre
Au bord du lac de Carcans/Hourtin, de rares riverains présents dans les rues aux devantures fermées dépeignent en revanche de manière anonyme un profil plus sombre du couple.
Une commerçante évoque des parents qui "ont retiré leurs enfants de l'école de musique car lui tenait des propos, disons méchants, envers les élèves". "Des professeurs avec qui ils travaillaient ont par la suite démissionné", ajoute-t-elle.
Le couple avait eu des démêlés judiciaires avec son ancien propriétaire pour avoir laissé son ancien logement dans un état "insalubre", explique-t-elle encore.
Selon un voisin de l'école, le père de famille, qui disait "rarement bonjour", avait misé l'été dernier "sur une activité de laser-game qui n'avait que très peu marché".
Le couple reste en détention provisoire à Algésiras et leur fils dans un centre pour mineurs près de la ville andalouse, a indiqué la Garde civile à l'AFP.
"La procédure d'extradition est en cours" et le retour en France de l'enfant est "également en cours de finalisation", précise le parquet.
"Nous avons encore beaucoup d'investigations à mener et nous sommes dans l'attente du petit garcon et des parents pour recueillir leurs témoignages, si tant est que cela soit possible", précise le commandant Cédric Roger.
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