Le réseau de chaleur séduit ses abonnés
Premier projet mis en service par Territoire d’énergie Somme (FDE80), le réseau de chaleur de Corbie alimente aujourd’hui six sites. Des extensions sont déjà en cours.
« L’idée de créer un réseau de chaleur à Corbie a émergé dans les années 2010 à l’initiative de l’ancien maire, Alain Babaut », se souvient Agnès Lenne, chargée de mission réseau de chaleur et énergies renouvelables au sein de Territoire d’énergie Somme (FDE80). Consciente qu’un tel projet peut être complexe à porter seule, la commune de 6 293 habitants a trouvé auprès de Territoire d’énergie Somme, qui a repris la compétence en matière de réseau de chaleur en 2012, une aide précieuse. « C’était un projet très novateur. Si la mairie a été très motrice, il a fallu faire beaucoup de pédagogie auprès des interlocuteurs pour qu’ils comprennent bien les enjeux autour de ce réseau de chaleur », confie encore la chargée de mission.
Cet équipement, assez exceptionnel en milieu rural, est ainsi inauguré en janvier 2020. Au total, l’installation a nécessité un investissement de 4,2 millions d’euros HT. Au-delà des fonds propres apportés par Territoire d’énergie Somme, cet outil a bénéficié de subventions du Feder et du fonds chaleur de l’Ademe. Six clients, qui représentent l’équivalent de 1 000 logements, sont desservis : la mairie, le centre hospitalier, l’hôtel du Département, la Communauté de communes du Val de Somme, le collège et le lycée Sainte Colette.
Label « Ecoréseau + »
Au cœur de réseau, se trouve une chaudière biomasse, alimentée avec annuellement avec 3,320 tonnes plaquettes bois. « C’est une ressource facile à trouver aux alentours, c’est ce qui était le plus cohérent à mettre en place. Mais le choix de la ressource peut être différent d’un projet à l’autre. Pour le réseau de chaleur de Doullens, qui sera mis en service en 2025, nous sommes partis sur des anas de lin par exemple », explique la chargée de mission.
Sur les deux premières années d’exploitation, cet outil a fait économiser aux abonnés 160 000 euros, soit une baisse de 12% par rapport aux coûts des énergies fossiles. Par ailleurs, 1 804 kilogrammes équivalent carbone (KgeqCo2) sont économisés en moyenne sur un an. Ces excellents résultats ont d’ailleurs été récompensés, en décembre dernier, par le label « Ecoréseau + ». Rien d’étonnant donc à ce que deux extensions soient en cours de réalisation pour raccorder un gymnase et un bâtiment de la Communauté de communes. Une troisième extension est prévue pour alimenter une construction du lycée Sainte-Colette. Enfin, le raccordement de l’ADAPEI est actuellement en cours de programmation.
Rencontrer les acteurs
Mais pour parvenir à concrétiser ce projet ambitieux, il a été nécessaire de poser des bases solides dès le départ. « Nous avons commencé par échanger avec la commune pour bien comprendre ses besoins et ses attentes. Nous avons aussi identifié ensemble le terrain où pourrait être installé le point de production », détaille Agnès Lenne. En parallèle des études de faisabilité, les futurs abonnés sont rencontrés pour leur expliquer le projet.
Après ces premières étapes, Territoire d’énergie Somme a lancé un marché de consultation des entreprises. S’est alors engagé une longue discussion entre les parties. « Une fois le marché signé, nous sommes retournés voir les abonnés potentiels pour leur présenter le prix définitif de l’énergie », souligne la chargée de mission. Un long travail qui a porté ses fruits et convaincu d’autres collectivités.
Qu’est-ce qu’un réseau de chaleur ?
« Le réseau de chaleur est un outil qui permet d’alimenter en chauffage et en eau chaude sanitaire des bâtiments publics comme privés à partir d’énergies renouvelables » résume Agnès Lenne. La chaleur est produite de façon centralisée, dans une ou plusieurs unités de production, à partir d’énergies renouvelables. « L’investissement de départ peut paraître important, mais les canalisations d’un réseau de chaleur ont une durée de vie moyenne de cinquante ans. On peut tout à fait imaginer que dans cinq ou dix ans, cet outil permettra d’alimenter les abonnés avec une énergie nouvelle. C’est un objet très dynamique avec lequel il est possible de faire beaucoup de choses, dans la limite du diamètre des canalisations » ajoute-t-elle.