Autonomie énergétique

Le réseau de chaleur d’Amiens amené à se développer

Le réseau de chaleur amiénois devrait atteindre 75 kilomètres en 2025 et alimenter, grâce à des énergies fatales, durables et renouvelables, l’équivalent de 26 800 logements. Une prouesse pour Amiens Énergies, première Société d'économie mixte à opération unique (Semop) de France à porter un tel projet.

Une seconde chaudière biomasse a été mise en service sur le site d’Amiens Energies. ©Aletheia Press/ D.La Phung
Une seconde chaudière biomasse a été mise en service sur le site d’Amiens Energies. ©Aletheia Press/ D.La Phung

« La ville a anticipé la problématique liée à l’énergie bien avant la crise que nous connaissons aujourd’hui. » Brigitte Fouré, maire d’Amiens le rappelle : la collectivité s'est fixé comme objectif d'atteindre l’autonomie énergétique en 2050. Pour cela, elle s’est notamment engagée dans la construction d’un réseau de chaleur qui repose sur un mix énergétique inédit associant cinq sources distinctes comme la récupération des eaux usées, la biomasse ou encore la géothermie. Ce système permet d’alimenter des copropriétés, des nouveaux quartiers mais aussi des bâtiments publics. « La commercialisation avance bien, après le centre Saint-Victor et le pôle des cliniques, nous allons, dans un avenir proche, raccorder le CHU d’Amiens. C’est un nouveau challenge », se réjouit l’élue.

Penser l’avenir énergétique

Aujourd’hui Amiens Energies, première Semop de France dans le domaine de l’énergie, rassemble des acteurs comme Engie Solutions (acteur majoritaire avec 51% du capital), la ville d’Amiens (34%) et la Banque des Territoires (15%). « Il existe une dynamique fantastique autour de ce projet », salue Frank Lacroix, Directeur général Adjoint d’Engie en charge des activités Energy Solutions. « En tant qu’opérateur industriel nous proposons des solutions et nous accompagnons la ville dans la mise en œuvre », explique-t-il.

Vincent Pibouleux, Benoît Mercuzot, Brigitte Fouré, Frank Lacroix, Yann Rolland et Thierry Landais. ©Aletheia Press/ D.La Phung

Mis en service fin 2019, le réseau de chaleur qui sillonne la ville pour former un circuit de 50 kilomètres alimente actuellement l’équivalent de 19 000 logements. Pour poursuivre cette montée en puissance, une seconde chaufferie biomasse sera créée. « D’ici 2025 nous allons étendre le réseau qui atteindra 75 kilomètres et chauffera l’équivalent de 9 000 logements supplémentaires », pointe Vincent Pibouleux, directeur d’Amiens Énergies . La Semop compte bien également faire progresser la part d’énergie renouvelables et de récupération pour « tutoyer » les 75/ 80% d’ici deux ans. « Ce développement correspond à un investissement de 48 millions d’euros qui vient s’ajouter aux 92 millions initiaux », note de son côté Benoît Mercuzot, président d’Amiens Énergies. En 2024, deux points de géothermie installés à Gare La Vallée et Intercampus permettront d’alimenter un réseau de froid.

Un réseau qui profite à tous

Si de plus en plus de copropriétés font le choix du réseau de chaleur, cette solution ne s’adresse pas pour le moment aux particuliers. « C’est techniquement faisable, mais le coût n’est pas supportable », explique Brigitte Fouré. Afin que ce système profite à tous, la ville a donc décidé de dédier les bénéfices générés à la rénovation énergétiques des logements. Autre secteur qui reste à conquérir : celui des industriels. « Ils ont leur propre logique, nous travaillons actuellement à la mise en place d’une organisation avec des donneurs et des preneurs, détaille Vincent Pibouleux. Ils sont intéressés mais prudents », poursuit-il, soulignant les enjeux de décarbonation auxquels ils sont soumis.