Visite de la ministre de l'Agriculture à Artois-Expo
Le renouvellement des générations, un enjeu majeur pour l’agriculture
Le 21 novembre, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, était au Salon de la transmission et de l’installation agricole, à l’Artois-Expo de Saint-Laurent-Blangy près d'Arras. Dans un contexte tourmenté, il a parfois été difficile de parler du renouvellement des générations.
D’ici 2030, un agriculteur sur deux aura l’âge de partir à la retraite. Nombreux sont les exploitants qui comptent sur les jeunes pour prendre le relais. Seulement, ce n’est pas si simple… Dans les filières agricoles, le manque d’élèves est criant. Il pourrait donc y avoir plus d’exploitations à céder que de jeunes pour reprendre. «Nous estimons que nous devons attirer 30% d’élèves supplémentaires pour assurer toutes les transmissions», a rapporté Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, en déplacement dans le Pas-de-Calais, le 21 novembre dernier. Aujourd’hui, un tiers des dirigeants agricoles de plus de 60 ans ne sait pas ce que va devenir son exploitation dans les trois ans.
Une installation / reprise compliquée
Mais le problème ne s’arrête pas là. Même diplômés, les jeunes peinent à s’installer ou à reprendre une exploitation. De nombreux obstacles s'opposent à eux. Pour commencer, en Hauts-de-France, la terre et les exploitations agricoles sont chères… très chères. «Ce qui rend l’installation ou la reprise quasi impossibles pour un jeune qui n’est pas issu d’une famille d’agriculteurs», lance Thomas Dubuis, porte-parole au sein des Jeunes Agriculteurs Hauts-de-France. Et pour un jeune dont les parents sont dans le métier, il faut trouver les bons leviers, pour prendre la suite en s’endettant le moins possible.
À cela s’ajoutent tous les doutes transmis par les anciens. «Nous voyons bien qu’en termes de rémunération, les agriculteurs sont loin du compte, ajoute le porte-parole des Jeunes Agriculteurs Hauts-de-France. «Et nombreux sont les jeunes qui ont peur de se lancer dans une filière et qu’elle disparaisse quelques mois ou années plus tard», ajoute Thomas Dubuis. Il y a trop de paperasse à gérer quand nous voulons nous installer ou reprendre. C’est décourageant», regrette encore Thomas Dubuis.
Des solutions à trouver
Pour tenter de lever ces freins et booster les installations et les transmissions, depuis trois ans le syndicat agricole des Jeunes Agriculteurs (JA) du Pas-de-Calais organise le Salon de l’installation et de la transmission. Cette année, il s’est déroulé à Saint-Laurent-Blangy près d'Arras, au sein de l’Artois Expo. «L’idée, c’est que nos adhérents qui souhaitent s’installer ou reprendre une exploitation puissent trouver toutes les réponses aux questions qu’ils se posent. Une quarantaine d’exposants, qui peuvent leur venir en aide, sont réunis dans 3 000 m²», détaille Laurine Baschet, animatrice communication et événementiel au sein des Jeunes Agriculteurs du Pas-de-Calais.
Banques, syndicats, coopératives, sociétés de recrutement… Personne ne manquait à l’appel. «Je vous félicite pour l’organisation de ce salon, c’est exactement ce qu’il faut faire : montrer aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent être très bien accompagnés pour leurs installations ou reprises», a félicité Annie Genevard.
Les manifestations en toile de fond
Restent les questions autour des prix et des marchés, qui animent les manifestations de ces derniers jours, à quelques semaines seulement des prochaines élections aux chambres d’Agriculture. «L’accord du MERCOSUR vient faire planer de nouveaux doutes», a insisté le porte-parole des Jeunes Agriculteurs Hauts-de-France auprès de la ministre. Laquelle a répondu : «Attention, il ne faut pas que les manifestations et les problématiques que vous relevez viennent polluer l’envie des jeunes de s’installer et de reprendre des exploitations. Vos problèmes, nous faisons notre possible pour les résoudre. Nous misons beaucoup sur la loi avenir agricole, qui doit venir vous épauler, face à toutes ces problématiques. Elle passe au Sénat la semaine prochaine, nous donnons tout pour qu’elle soit validée».