Commerces
Le renouveau du centre-ville de Péronne
Depuis plusieurs mois, le centre-ville de la capitale de la Haute Picardie se réveille. La locomotive tant espérée s’appelle Julien Cohen. L’ouverture de sa Maison des brocanteurs dans l’ancienne Banque de France fait des émules et une seconde est en projet.
À deux pas de l’A1, située entre Lille-Paris-Bruxelles… Péronne a depuis longtemps de nombreux atouts pour séduire des entrepreneurs et commerçants. Et pourtant, inexorablement, de nombreux commerces restaient fermés dans le centre-ville : « Nous comptions une dizaine de friches commerciales, commente Isaac Perez, adjoint délégué au commerce, entreprises et développement économique. Aujourd’hui, il en reste peu et les plus grosses, il n’y en a plus. Il fallait s’en occuper, répondre aux porteurs de projets. Dès que quelqu’un vient en mairie, il est accueilli, accompagné en compagnie des propriétaires des locaux. »
« Je n’ai jamais eu un accueil pareil d’une municipalité »
Le bonheur de s’installer à Péronne, le médiatique Julien Cohen d’Affaire Conclue sur France 2 en parle mieux que personne : « Je n’ai jamais eu un accueil pareil d’une municipalité. Nous avions tous la volonté d’aller au bout », souligne t-il, de sa légendaire franchise.
À force de s’arrêter chaque semaine au feu rouge de Péronne en se rendant à un de ses entrepôts et d’admirer l’ancienne Banque de France désespérément fermée depuis cinq ans et à céder, il a fini par contacter la mairie et à en pousser la porte. Il est désormais propriétaire du lumineux rez-de-chaussée de 1 000 m² qui a aussi abrité un Monoprix et qui depuis début octobre, héberge la première Maison des brocanteurs.
Une vingtaine de professionnels s’y sont installés. Elle est ouverte les vendredi, samedis et le dimanches. Anthony Koja, 31 ans, d’Amiens, et Chrystèle, Boulanger, 54 ans, de Chaulnes, qui travaillaient chacun de leur côté y ont vu la chance de réunir leurs univers différents.
Lui est notamment spécialisé dans les soldats de plomb, elle dans la brocante vintage et les objets hommes et femmes : « Tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin, assurent-ils. C’est un projet exceptionnel. Un booster. Cela se passe bien pour nous, d’autant que nous sommes situés à l’entrée, l'activité a bien fonctionné durant les fêtes. La clientèle est hétéroclite, on vend et on achète tous les jours d’ouverture. Il y a une vraie solidarité entre tous les professionnels. Quand nous ne sommes pas là, les deux vendeurs prennent le relais. Quant à Julien Cohen, il est très humain, direct, honnête… Nous avons l’impression d’être là depuis toujours ! »
Véritable destination de brocanteurs
Devant le succès et les demandes nombreuses, en juin, une seconde Maison des brocanteurs verra le jour, à deux pas de là, dans un ancien garage à la belle façade art déco blanche. Il sera possible de s’y restaurer. Elle comptera notamment aussi un marché en circuit court et une poissonnerie, absente du centre-ville. Dans les 600 m² du sous-sol de la Banque de France, des champignons pousseront bientôt.
Le maraîcher chargé de leur culture est en formation : « Vous rendez-vous compte ? Manger des champignons de Péronne », se régale déjà Julien Cohen, qui ne tarit pas d’éloges sur la ville : « Nous sommes à dix minutes de l’A1, au carrefour Paris-Lille-Bruxelles, important pour les chineurs. Péronne va devenir une véritable destination de brocanteurs. Il y a 300 places de parking autour. Ce seront deux musées à ciel ouvert gratuit et à taille humaine. Le bilan de la première Maison des brocanteurs est excellent, surtout le samedi et le dimanche. Certains professionnels travaillent plus que d’autres mais il y a très peu de turn over. J’ai beaucoup de demandes, j’ai même dû louer mon stand ! On me dit souvent que j’ai apporté de l’énergie. Avec le Covid et les confinements, les gens ont envie d’un changement qui passe par l’authenticité, la ruralité. Il faut redonner vie à ces lieux », pointe t-il.
Régulièrement, Julien Cohen organise des après-midis d’expertise et de vente. C’est une véritable folie : le grand public parcourt parfois des dizaines de kilomètres en espérant détenir un petit trésor : « Le week-end, grâce à la Maison des brocanteurs, nous travaillons plus. Les professionnels, même Julien Cohen, comme les clients viennent manger ici. Nous avons ouvert certains dimanches mais là en hiver comme c’est plus calme. Nous restons fermés. Cela reprendra sans doute aux beaux jours », prévoit Alain Guillon, patron de la brasserie Le Bon coin.
Vincent Ferrigno, gérant de L’Auberge des remparts (25 chambres pour une capacité de 110 couchages) a vu aussi une nouvelle clientèle arriver : « Nous avons eu quelques retombées notamment avec des groupes de randonneurs, qui sont venus dormir chez nous et prendre le petit déjeuner. Même les Parisiens sont plus nombreux le week-end. L’ouverture de la Maison des brocanteurs a créé de l’activité. La ville bouge plus. »
Marie Marchienne a ouvert une fromagerie il y a un mois dans une ancienne mercerie de 30 m², fermée depuis de longs mois : « Il n’y avait pas ce type de commerces sur Péronne, présente t-elle. Pour le moment, tout se passe bien. »
C’est la locomotive que nous attendions pour notre centre-ville
« La Maison des brocanteurs, c’est la locomotive que nous attendions pour notre centre-ville. Par exemple, les brocanteurs dorment et mangent à Péronne. D’autres projets arrivent comme un vide-grenier qui va ouvrir dans notre Boutique à l’essai. La galerie commerciale Toto est reprise par un boulanger. Ce sera son centre de production pour alimenter ses deux autres commerces de Nesle et de Roye. Quarante emplois seront créés ! Il n’y a pas de raison pour que le commerce ne se développe pas à Péronne. C’est une ville attractive, proche d’Albert, de la gare TGV, du futur canal à grand gabarit. Une plate-forme multimodale va être aménagée à Péronne et un grand pont verra le jour à Cléry-sur-Somme », se félicite Isaac Perez.
Péronne n’échappe pas à la hausse de l’immobilier post-confinement. Les biens auraient pris 15%. Des immeubles complets trouvent enfin preneurs : « Tout cela redonne de la fierté aux Péronnais, poursuit-il. Il n’y a plus de sentiment d’infériorité. La dynamique est bonne. J’ai encore été contacté il y a quelques jours pour la création d’un bar à vin et d’une entreprise de services à la personne. Nous communiquons beaucoup sur les réseaux sociaux, sur le site Internet de la ville. Nous faisons des vidéos pour les commerçants que nous partageons ensuite. Historial de la Grande guerre, accrobranche au parc le CAM, véloroute, aéroclub où l’on peut sauter en parachute… Péronne est aussi une destination touristique. Vraiment, il n’y a pas à rougir de notre ville. »