Le régional, Luc Saison, a acquis une stature nationale

Luc Saison, le releveur de défi.
Luc Saison, le releveur de défi.

 

D.R.

Luc Saison, le releveur de défi.

Derrière chaque grande réalisation, il y a aussi un architecte. Au Ceti, le Roubaisien Luc Saison, choisi en 2005 au terme d’un concours qui a réuni des pointures nationales. Le régional de l’étape a su s’affirmer comme un grand, donnant au Ceti une dimension hors du commun, mais aussi sachant s’adapter à un chantier très particulier puisqu’il a fallu tout inventer au fur et à mesure.

La Gazette. Qu’a eu pour vous de plus particulier le chantier du Ceti ?
Luc Saison. C’est un projet unique dans son montage dont le plus grand défi était de construire tout en inventant. Le Ceti est un process unique, une organisation interne sans référent, l’antithèse d’un collège. On a inventé le mode de fonctionnement en aller-retour avec l’utilisateur et le maître d’ouvrage pour répondre au plus aux attentes. Une gymnastique intellectuelle intéressante.

Le Ceti n’est-il qu’un bel objet ?
Le Ceti est beau comme une belle épine colorée qui évoque l’effet du textile, mais le bâtiment s’inscrit dans le plan d’urbanisme de Reichen. Il faut l’imaginer dans la future rue des Métissages, avec des vis-à-vis. C’est une grande boîte décorée et expressive qui donne le la d’une nouvelle zone. Il fallait élever le niveau de la zone. Quand le premier bâtiment est tiède, le reste est tiède aussi. Il fallait un produit de qualité pour que cette mayonnaise prenne. C’est un porte-avion mais il faut l’imaginer dans une urbanité fermante. Il s’insèrera dans un tissu encore à l’étude. Nous sommes le premier bâtiment d’un quartier. La réflexion sur ce qui va se passer autour était une autre difficulté, un défi dans le respect de ce que l’urbaniste avait comme vision de la zone.

Quelles contraintes avez-vous rencontrées ?
Le Ceti est composé de deux bâtiments, l’un consacré à l’accueil, à la réception, à l’administration et à l’IFTH avec des labos et des bureaux. Le second se décompose en deux zones, la première avec des labos moyens, la seconde avec des grands labos jusqu’à 2 000 m². C’est le moteur. Dans chaque salle, un process différencié, unique, avec des contraintes techniques sévères : taux d’hygrométrie variable, températures spécifiques. Le support technologique est exigeant. Sans oublier un très haut niveau sonore pouvant aller jusqu’à 100 dB, et ce, dans un environnement urbain où le Ceti aura des voisins proches dont des habitations. Il a fallu insonoriser. Le bâtiment est donc une boîte en béton incluse dans une halle en métal. Il y a un étage au-dessus et un étage au-dessous des labos pour recevoir les importantes machineries de régulation et pour insonoriser et isoler. Inscrire un bâtiment industriel dans un écoquartier est très complexe techniquement.

Pourtant le bâtiment est esthétique…
Oui. Il fallait qu’il soit beau pour porter l’image de l’Union. J’ai voulu retranscrire l’image de la fonction tout en restant très fonctionnaliste et en respectant l’objectif financier. J’ai voulu apporter une certaine poésie, trouver quelques lieux de promenade comme le grand hall avec ses poteaux colorés et son plafond-miroir ou le bardage avec ses raidisseurs colorés. Il fallait respecter le caractère tangent à la rue des Métissages, avec une architecture qui ménage l’imaginaire et évoque l’invention du textile.

Qu’est le Ceti dans votre carrière ?
Quand nous avons gagné le concours en décembre 2005, Roubaisiens face aux ténors de la profession, cela nous a décomplexés. C’était une grande joie que de se confronter à un sujet aussi prestigieux, de ferrailler avec des grands noms. L’agence s’est développée depuis, a créé de l’emploi. Cela a été une bouffée de communication et c’est important dans notre profession. Nous faisons maintenant beaucoup d’urbanisme avec un aménagement du Grand-Paris à Saclay. Nous avons gagné un concours pour un million de mètres carrés mais aussi 40 000 m² à Clichy-Batignolles, avec des bureaux, des logements, une station de métro, des commerces. Il y a aussi Reims, Strasbourg, Paris : 60% d’affaires dans le Nord et 40% au national. Avec Isabelle Menu, mon associée, nous employons 25 personnes et nous allons ouvrir un pied-à-terre à Paris.