Le redémarrage du four B1 prévu en avril 2017

L’usine s’y prépare et a lancé une vingtaine de recrutements. L’entreprise nordiste, dont l’histoire remonte au XIXe siècle, fabrique du verre plat pour le bâtiment et l’ameublement.

Des « glaces » prêtes à être expédiées. Elles serviront au bâtiment et à l’équipement intérieur…
Des « glaces » prêtes à être expédiées. Elles serviront au bâtiment et à l’équipement intérieur…

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Denis Viste, directeur de l’usine depuis 2009.

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Les deux fours et lignes de fabrication ont des tailles industrielles, d’où l’ampleur des bâtiments.

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Des «glaces» prêtes à être expédiées. Elles serviront au bâtiment et à l’équipement intérieur.

Avant 2013, le site verrier du groupe AGC Glass Europe, à Boussois, en bord de Sambre, disposait de deux lignes de fabrication en activité, deux fours : le B1 (un four à oxygène, plus complexe et moins polluant, doté d’une capacité de 650 tonnes par jour) et le B2 (un four à inversion, de 700 tonnes par jour). Mais cette année-là, le B1 a été mis à l’arrêt, en raison, rappelle Denis Viste, son directeur, des conséquences de la crise de 2008. Elle avait entraîné une baisse de l’activité et du coup une augmentation des coûts de production. Au point que le groupe a dû mettre à l’arrêt plusieurs fours, dont le B1 de Boussois. En 2013, il y avait 260 emplois.

 

Redémarrage annoncé. En octobre, dans un communiqué, le redémarrage du four a été annoncé pour le mois d’avril 2017. Plusieurs raisons sont invoquées : une conjoncture meilleure en Europe occidentale se traduisant par une hausse de la demande de verre, une demande accrue dans le verre automobile (même s’il ne se fait plus à Boussois) et l’arrêt d’autres fours dans le groupe pour réparations, situation qui amène le site du val de Sambre à prendre le relais.

Cette stratégie a déclenché le recrutement de 20 personnes, ce qui portera l’effectif à 220 personnes l’an prochain. Le directeur précise que les objectifs fixés par le groupe restent les mêmes : diminuer les coûts de production, ce qui passe par des améliorations techniques (performances, économies d’énergie), une augmentation du temps de travail (plus de flexibilité et de polyvalence) et divers aménagements et mesures négociés cette année avec les représentants du personnel.

 

Du verre plat toujours. AGC Boussois fabrique aujourd’hui du verre plat uniquement pour le bâtiment (buildings, façades vitrées, vitrines) et le mobilier d’intérieur. Son verre se vend à l’échelle mondiale. La première ligne de verre plat date de 1966. «Aujourd’hui, précise le directeur, la matière première arrive à 70% par le train, d’où la rénovation en 2014 d’un pont par-dessus la Sambre. L’usine utilise 300 000 tonnes de sable par an.» Les produits repartent eux par camions.

La production, sortie des fours, se présente sous la forme de plaques de verre de 3,21 m de large, découpées en général tous les six m. Leur épaisseur varie de 3 à 12 mm. Le verre est soit «clair» (c’est le traditionnel, moins cher, produit par le B1 seulement) et destiné à la France, au Benelux, à l’Allemagne ; soit «extra-clair» (haut de gamme) et vendu, lui, dans le monde entier. Dans le groupe AGC, il n’y a que Boussois qui réalise cette fabrication.  

 

ENCADRE

Un site créé en 1898

 

L’histoire d’AGC Boussois rejoint celle de l’industrialisation du val de Sambre au XIXe siècle, le long de la voie d’eau, et celle aussi du déclin de l’industrie lourde à la suite des concentrations, crises pétrolières, délocalisations et autres restructurations.

Le site verrier de Boussois fait partie des entreprises créées à l’origine par des industriels belges. Au milieu des années 70, ses salariés se comptaient encore en milliers (2 430 en 1974 !) et l’appellation «Les Glaces de Boussois” est restée dans les mémoires.

L’implantation des Glaceries de Charleroi remonte à 1898. Par la suite, le site a changé plusieurs fois de main, de groupe et de nom : BSN (Danone) en 1972, PPG en 1982, Glaverbel en 1998 qui, en 2002, est passé sous le contrôle du groupe japonais AGC, dont le siège mondial est à Tokyo et le siège européen, en Belgique, à Louvain-La-Neuve.

En 2007, AGC a adopté un nom unique pour toutes ses sociétés dans le monde. Aujourd’hui, il faut dire «AGC Glass Europe».

Boussois a fabriqué du verre pour l’automobile, transformé sur place, mais cette activité a été arrêtée en 2007 et l’usine concernée, rasée. Cette décision est liée aux délocalisations menées par les constructeurs automobiles vers les pays de l’Est. A Aniche, subsiste un site de fabrication de verre pour l’automobile (pare-brise et toits fixes).

Le site de Boussois, en partie en friche, a gardé des dimensions vastes : 57 hectares, 17,5 hectares de bâtiments, 4,5 km de voiries, 7,5 km de voies ferrées… Dans ce périmètre, une zone ayant appartenu à Desvres a été rachetée par l’Agglomération Maubeuge Val de Sambre, en vue d’y attirer d’autres activités.