Le projet Heroic Land à l’épreuve du public

Environ 200 personnes étaient réunies pour cette concertation publique.
Environ 200 personnes étaient réunies pour cette concertation publique.
D.R.

Environ 200 personnes étaient réunies pour cette concertation publique.

Le 22 mars, le projet Heroic Land était à l’épreuve des questions des Calaisiens, venus nombreux interroger les élus et les responsables du projet. 

Et les acteurs du projet ne sont pas venus les mains vides : deux licences ont été signées avec Media participation, premier éditeur européen de bande dessinée. Deux sagas emblématiques du neuvième art vont être représentées à Heroic Land, à travers Valérian et Blake et Mortimer. Précision de Jean-François Thibous, directeur du projet : “Ce n’est pas un hasard. Valérian va faire l’objet d’un film de Luc Besson à l’été 2017, et il semblerait que l’idée d’une trilogie ne soit pas à écarter. C’est une bonne occasion pour mettre en avant le parc. D’autre part, la bande dessinée Blake et Mortimer représente 17 millions d’albums vendus en 70 ans. Il s’agit de la deuxième meilleure vente de nouvelle BD, après Astérix.” Et chaque année, 400 000 exemplaires des aventures du duo se vendent encore en France comme à l’international avec 12 traductions.

Un débat public ? Le débat public avait été réclamé par des élus et des associations de protection de l’environnement. Seulement, l’intérêt régional a été reconnu, et une décision intermédiaire a été prise : organiser des réunions d’information autour du projet de parc d’attractions Heroic Land, avec la possibilité pour le public de poser ses questions aux responsables, en l’occurrence Natacha Bouchart, maire de Calais et présidente de Cap Calaisis, Marc Legrand, chargé du projet à Calais promotion, François Noisette, assistant à maîtrise d’ouvrage et bien évidemment Jean-François Thibous. Cette première réunion de concertation – trois autres réunions publiques sont au programme, concernant notamment le respect de l’environnement et le financement – a rassemblé quelque 200 personnes.En suspens. Le projet, des dires de JeanFrançois Thibous, suit son chemin. Malgré cela, certains points restent en suspens, notamment les questions du financement et de l’exploitant. “Le financement sera majoritairement assuré par des fonds privés, assure toutefois Natacha Bouchart. Contrairement à Nausicaà par exemple, où les fonds étaient entièrement issus des finances publiques, ou le Louvre-Lens, qui a nécessité 100 millions d’euros.” Les projets qui ne sont pas exclusivement publics montrent, selon l’édile, l’intérêt des partenaires pour le territoire. Au total, Heroic Land devrait coûter entre 270 et 275 millions d’euros. Bien en-deçà de l’autre projet phare du Calaisis, Calais port 2015, qui devrait s’élever à 650 millions d’euros. Pour l’heure, la liste de ceux qui ont mis au pot est tout de même plutôt longue. L’Etat, via le Fonds national d’aménagement et de développement du territoire, la Ville, l’Agglomération, Engie (anciennement GDF Suez) et NGE.

Concurrence ? Les principales inquiétudes des Calaisiens concernent Heroic City, partie du projet qui n’est pas incluse dans la partie payante du parc. Un quartier urbain d’une dizaine d’hectares qui pourrait bien amener de la concurrence au centre-ville, déjà plutôt désert. “Est-ce que les commerçants calaisiens auront accès à ces fonds de commerce ?” demande un membre de l’assemblée, à la tête de deux bars en centreville. “Va-t-il y avoir une concurrence avec Calais-Nord ?” poursuit le cafetier. “Va-t-on faire la même erreur qu’avec la Cité Europe ?” (le centre commercial, ouvert il y a 16 ans, est accusé d’avoir fait de l’ombre au centre de Calais)… Natacha Bouchart se veut rassurante : il faut que les deux zones cohabitent, mais ne se fassent pas concurrence. 

Inquiétudes du public. Outre cette question de concurrence, le trafic autour du parc d’attractions pose problème. Comment gérer un trafic d’1,8 million de visiteurs ? Le parking de l’hôpital, tout proche, pourrait être encombré par des visiteurs réticents à payer leur place, ce qui poserait un problème certain. Le bruit causé par le parc d’attractions ? Probablement couvert par celui de l’autoroute selon François Noisette. “Les attractions les plus hautes (les plus bruyantes, ndlr) seront les plus éloignées de l’hôpital”, ajoute-t-il. Quant au nom, question posée par un auditeur anglophone, “Hero Land sonne mieux. On pense Batman, Superman…”, alors qu’Heroic Land inspirerait davantage des images de héros de guerre… “Le nom est encore sujet à discussion, comme le reste”, souligne Jean-François Thibous. Et de souligner : “L’exploitant aura le dernier mot en ce qui concerne le nom du parc.” D’autres personnes évoquent les nombreux anglicismes dans le nom des attractions, dans lesquels elles ne se reconnaissent pas. “C’est pour atteindre notre cœur de cible, justifie Jean-François Thibous. Nous cherchons à attirer les jeunes ados, et nous aimerions attirer un public venu de l’autre côté de la Manche, ainsi que des Allemands, des Belges, des Néerlandais…” Une Calaisienne, quant à elle, se soucie des questions de sécurité inhérentes à la situation migratoire de la ville, décidément récurrente dans les débats dans le Calaisis. “On ne va pas s’arrêter de vivre parce qu’il y a des migrants”, répond la présidente de Cap Calaisis. La sécurité sera assurée, assure tout de même l’édile. Dernier point abordé : le problème du terrain, marécageux et qui pourrait être inondable. “Le terrain est pris en compte dans les plans”, assure le directeur du projet de parc d’attractions. La concertation publique aura tenu ses promesses : le débat est engagé. Prochain rendez-vous, le 18 avril, pour discuter autour de l’emploi.

Corentin ESCAILLET