Le programme de futur avion de combat de Londres, Tokyo et Rome en vitesse de croisière
C'est l'un des deux programmes de futur avion de combat en Europe: le GCAP porté par Londres, Rome mais aussi Tokyo progresse à un "rythme phénoménal", selon ses promoteurs qui espèrent bien coiffer au poteau le...
C'est l'un des deux programmes de futur avion de combat en Europe: le GCAP porté par Londres, Rome mais aussi Tokyo progresse à un "rythme phénoménal", selon ses promoteurs qui espèrent bien coiffer au poteau le projet concurrent porté par Paris, Berlin et Madrid.
Le britannique BAE Systems, l'italien Leonardo et le japonais Mitsubishi Heavy Industries, les trois industriels responsables de son développement, ont présenté au salon de Farnborough une maquette à l'échelle 1 de ce à quoi ressemblera l'avion: un énorme appareil à double empennage en forme de V, bien plus massif que les F-2 japonais et les Eurofighter italiens et britanniques qu'il sera amené à remplacer.
Ce "système de systèmes" de combat aérien s'articulera autour de l'avion avec des drones accompagnateurs, le tout connecté avec les autres moyens militaires engagés dans une opération. Il doit entrer en service en 2035.
"Il y a un rythme et une énergie phénoménaux derrière ce programme, que ce soit du point de vue des gouvernements ou de celui de l'industrie", s'est félicité Herman Claesen, directeur du programme chez BAE Systems, lors d'une conférence de presse.
Pourtant, "le calendrier est incroyablement exigeant", selon lui. En 2025, les trois pays doivent passer de la phase de concept à celle de développement proprement dite. Et alors s'engager sur des milliards d'euros d'investissements répartis à parts égales, sur lesquels les représentants des trois industriels ne se sont pas épanchés lors d'une conférence de presse.
En arrivant au pouvoir au Royaume-Uni, les travaillistes ont immédiatement lancé une revue stratégique de défense qui doit rendre ses conclusions au premier semestre 2025, laissant planer un doute sur le devenir du programme.
"Il ne me revient pas de préjuger de ce qu'il pourrait se passer lors de la revue stratégique", a prévenu le secrétaire d'Etat britannique aux forces armées Luke Pollard la semaine passée.
En visite au salon de Farnborough lundi, le Premier ministre Keir Starmer s'est employé à rassurer en soulignant "l'importance de ce programme" pour le Royaume-Uni.
Pas logique
"Il est absolument stratégique pour l'Italie", a également rappelé Guglielmo Maviglia, patron du programme GCAP pour Leonardo.
Sur lui reposent en effet "le maintien de l'industrie de l'aviation de combat et des compétences" dans les trois pays, selon Herman Claesen.
Si le calendrier ambitionné par les promoteurs du GCAP est respecté, il entrera en service au moins cinq ans avant le projet concurrent de SCAF, le projet de Système de combat aérien futur porté par la France, l'Allemagne et l'Espagne.
Le démonstrateur en vol, un pré-prototype permettant de tester et valider les technologies envisagées pour l'avion, doit être en vol en 2027 quand celui du SCAF n'aura pas lieu avant 2029.
Pour Mike Schoellhorn, le directeur général d'Airbus Defense and Space, qui porte le projet SCAF au côté de Dassault Aviation, "il n'est pas logique d'avoir deux programmes d'avions de sixième génération en Europe".
D'autant que les Etats-Unis, qui consacrent cinq fois plus d'argent à la défense que l'ensemble des Européens, s'interrogent sur les contours de leur propre programme NGAD de futur avion de combat pour des raisons budgétaires, plaide-t-on chez Airbus.
De là à envisager un rapprochement entre les deux équipes européennes... Toute décision en ce sens tiendrait à la volonté des différents gouvernements, selon Mike Schoellhorn.
Mais le dirigeant d'Airbus voit toutefois des coopérations possibles avec le GCAP sur les questions d'armement - le fabricant européen de missiles MBDA participe aux deux projets -, les drones accompagnateurs ou encore le "cloud de combat", le système d'information qui sera au centre de la mise en réseau de l'avion.
Côté GCAP, on se contente de constater que "le système devra être interopérable" avec les futurs avions.
Pour le patron de Leonardo, Roberto Cingolani, envisager un rapprochement "à l'avenir" entre les deux projets pourrait faire sens.
"Je ne parle pas de fusion, c'est peut-être trop, mais certainement de collaboration", a-t-il confié à l'AFP. "Mais il est trop tôt, nous n'en sommes qu'au début".
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