Le procureur national financier constate les premiers "effets négatifs" de la réforme de la PJ
Le Parquet national financier "commence à constater les effets négatifs" de la réforme de la police judiciaire, a estimé son chef, Jean-François Bohnert, dans un...
Le Parquet national financier "commence à constater les effets négatifs" de la réforme de la police judiciaire, a estimé son chef, Jean-François Bohnert, dans un entretien accordé à l'Humanité jeudi.
"On commence à constater ses effets négatifs", a répondu M. Bohnert aux journalistes qui l'interrogeaient sur cette réforme, mise en place le 1er janvier.
Celle-ci a placé tous les services de police du département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ - sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale, dépendant du préfet.
Depuis, "certaines enquêtes n'ont pas pu être attribuées à un service, faute d'enquêteurs pour les mener", a déploré M. Bohnert.
"Sur ce sujet, je fais régulièrement remonter mes inquiétudes. A l'évidence, il y a un problème", a-t-il insisté, soulignant la charge "extrêmement lourde" de travail des magistrats du PNF "avec 760 dossiers en cours".
Le projet de réformer la PJ avait suscité à l'automne 2022 des manifestations de protestation partout en France, policiers et magistrats confondus.
Les critiques pointaient un risque de "nivellement vers le bas" des compétences de la prestigieuse PJ, chargée des crimes les plus graves, en raison de la primauté accordée à la sécurité publique, et craignaient un renforcement du poids du préfet, sous tutelle de l'exécutif, dans les enquêtes.
"Pour la police judiciaire, c'est un vrai +big bang+ qui a suscité énormément d'émotions. Je le comprends d'autant mieux que j'y ai fait toute ma carrière", a constaté le patron de la PJ parisienne Christian Sainte, lors d'un entretien accordé début mars à l'AFP.
"Mais notre organisation commençait à toucher à ses limites", a-t-il aussi estimé. "On ne peut pas tirer au bout de deux mois le bilan d'une réforme qui va structurer la police pour des années", avait-il ajouté.
Avec cette nouvelle organisation, la police judiciaire doit "faire le grand écart": "préserver la lutte contre la délinquance du haut du spectre, en garantissant qu'aucun service de lutte contre la criminalité organisée ne soit vidé de ses personnels. Mais aussi améliorer le traitement du contentieux de masse, où les stocks de procédures sont extrêmement importants".
M. Sainte a ajouté vouloir "mettre le paquet sur les affaires qui méritent de l'être, notamment les violences intrafamiliales".
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