Le prix de l’eau en question

L’Agence de l’eau Artois-Picardie vient de rendre publics les résultats d’une enquête sur le prix moyen de l’eau sur la grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Il en ressort une stagnation du prix par rapport à 2013 et une moyenne régionale de l’ordre de 4,40 € le mètre cube. Mais de fortes disparités subsistent entre les départements.

Sur une facture, il existe une part incompressible, l’abonnement d’environ 60€ TTC sur le bassin Artois-Picardie, puis une part variable qui dépend de la consommation totale.
Sur une facture, il existe une part incompressible, l’abonnement d’environ 60€ TTC sur le bassin Artois-Picardie, puis une part variable qui dépend de la consommation totale.
ACT'Presse

Les frais sont parfois conséquents pour livrer une eau de qualité.

La loi de 1992 sur l’eau indique que l’eau est un bien commun de la nation, qui doit être accessible à tous et gratuite. «Partant de ce postulat, on est en droit de se demander pourquoi on paye des factures pour avoir de l’eau courante au robinet», indique Olivier Thibault, directeur général de l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Sur une facture d’eau, on ne paye pas l’eau en fait, mais toute une série de services associés pour la prélever, la traiter et l’acheminer.
L’Agence de l’eau Artois-Picardie, qui gère un territoire de la taille de la future grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, est un établissement public d’Etat, un outil de solidarité de l’eau qui fonctionne comme une mutuelle avec comme “principe de fonctionnement, le fait que tout le monde paye pour la communauté“.
Sur 100 euros de redevances perçues, 56,24 euros sont consacrés à l’épuration, 9,29 € à la restauration du milieu naturel, 10,48 € à la restauration de l’eau potable, 7,14 € à la dépollution industrielle, 6,49 € pour les actions de dépollution dans l’agriculture, 9,55 € pour les animations de la politique de l’eau et enfin 0,81 € pour la solidarité internationale. «Les ménages du bassin contribuent donc à 80% des recettes de l’Agence, mais ils reçoivent également indirectement 80% des sommes dépensées», poursuit-il.

Des disparités régionales. Certains s’interrogeront alors sur les différences de prix que l’on peut constater d’une ville à une autre, ou encore entre départements ou régions. «Plusieurs paramètres entrent en jeu, notamment le facteur géographique et l’origine de la ressource, sa qualité. Ou encore le choix des techniques utilisées (traitement de l’eau potable ou encore assainissement)», développe le directeur général.
Ainsi, les communes littorales dépensent beaucoup plus d’argent pour traiter l’eau, avant de la rejeter dans le milieu naturel, notamment «la préservation de l’environnement et plus largement des plages».
Autre point décisif : si la gestion de l’eau est assurée par un organisme tiers comme Veolia ou si c’est la commune qui s’en charge dans le cadre d’une régie. «Encore une fois, on trouve de fortes disparités à l’échelle du bassin Artois-Picardie, notamment entre le Nord-Pas-de-Calais et la Somme qui le fait en régie.» Le prix moyen est donc de l’ordre de 4,40 € TTC/m3 sur le bassin Artois-Picardie, 4,30 €/m3 dans le Nord, 4,91 €/m3 dans le Pas-de-Calais et 3,51 €/m3 dans la Somme. «En Picardie, nous avons encore des communes où c’est le cantonnier qui va déposer un galet de clore dans le château d’eau toutes les semaines. C’est un paramètre qui explique le prix moyen très bas dans ce département.»

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Sur une facture, il existe une part incompressible − l’abonnement d’environ 60 € TTC sur le bassin Artois-Picardie −, puis une part variable qui dépend de la consommation totale.

Un prix “ressenti”. Depuis 1994, l’Agence de l’eau collecte des chiffres sur l’évolution du prix de l’eau. De la dernière enquête, il ressort que le prix moyen est resté stable par rapport à 2013. Par contre, la part de TVA sur la partie assainissement est passée de 7 à 10%, ce qui a eu pour conséquence une légère augmentation des factures. «Pour bien comprendre la mécanique et la lecture de la facture, il est nécessaire de savoir que les consommateurs payent tous le même abonnement, de l’ordre de 60 euros, et une part variable en fonction de leur consommation réelle», précise le directeur de l’Agence de l’eau.
Dès lors, pour une famille de quatre personnes consommant 120 m3/an, la facture s’établit de la manière suivante : «part fixe de 60,70 € + une partie variable de 3,57 €/HT/m3 + TVA 38,53 €, soit un total de 537,62 euros et donc un prix au mètre cube de 4,40 €/m3».
Sur le bassin Artois-Picardie, le prix moyen de l’eau de 4,40 €/m3 se repartit de la manière suivante : 2,03 €/m3 pour la distribution de l’eau potable et 2,37 €/m3 pour la partie assainissement.
Prenons maintenant l’exemple d’une personne seule qui va consommer 22 m3/an. Le prix moyen sera de 60,70 € + 3,57 €/HT/m3 + TVA, soit un total de 149,86 € et donc un prix “ressenti” de 6,81 €/m3. «Pour une faible consommation, le montant de la facture est faible, mais le prix ressenti est plus élevé. Inversement, pour une consommation plus importante, le montant de la facture est élevé, mais le prix ressenti est plus faible», conclut Olivier Thibault.

Tout savoir sur le prix de l’eau

Toutes les informations détaillées ville par ville sont disponibles sur le site de l’Agence de l’eau Artois-Picardie : www.eau-artois-picardie.fr.
Le rapport complet de l’enquête sur le prix de l’eau est également disponible à cette adresse.