Fédération des entreprises d’insertion : Matthieu Orphelin veut «redonner du pouvoir de vivre»

Le président de la fédération des entreprises d’insertion, en fonction depuis un an, était en visite dans le Nord en décembre. Il en a profité pour visiter trois entreprises d’insertion. 

Matthieu Orphelin (à gauche), président de la Fédération des entreprises d’insertion, en visite dans l'entreprise EMI, dirigée par Antoine Bobot (à droite).
Matthieu Orphelin (à gauche), président de la Fédération des entreprises d’insertion, en visite dans l'entreprise EMI, dirigée par Antoine Bobot (à droite).

Qu’est-ce qui différencie une entreprise d’insertion d’une société plus classique ? Sa mission. Contrairement à la majorité des entreprises françaises, les entreprises d’insertion ont un but social qui est «d’insérer un maximum de personnes éloignées de l’emploi», comme l’explique Matthieu Orphelin, président de la Fédération nationale des entreprises d’insertion. Celle-ci  représente trois types de structures, toutes basées sur le modèle entrepreneurial : les entreprises d’insertion, les entreprises de travail temporaire d’insertion et les entreprises d’insertion par le travail. 

Pour aider les personnes éloignées de l’emploi a retrouver un travail, et donc se réinsérer dans la société, les entreprises d’insertion utilisent un outil spécifique : le CDDI, contrat à durée déterminée d'insertion. Sa durée maximale est de 2-deux ans, avec un objectif de formation professionnelle et d’accompagnement personnel afin de lever les «freins périphériques à l’emploi».

Aider les bénéficiaires à retrouver confiance en eux

Ces «freins périphériques à l’emploi» englobent plusieurs difficultés. On retrouve par exemple les problématiques de transport, de logement ou d’isolement, mais également les préoccupations sur l’addiction ou le surendettement. C’est là tout l’intérêt des entreprises d’insertion, comme le rappellle Matthieu Orphelin. «Elles vont permettre aux personnes bénéficiaires du CDDI de retrouver confiance en elles et de retrouver un présent et un avenir, de leur redonner de l’espoir, car certains arrivent avec un parcours de vie difficile, un peu cassés».

La majorité des employés de l'entreprise sont en CDDI.

Selon le président de la Fédération, deux tiers des personnes retrouvent un emploi stable ou une reprise de parcours à la fin de leur contrat, qui dure en moyenne 11 mois. Les salariés restent donc peu de temps au sein de l’entreprise, et c’est paradoxalement l’objectif affiché. Former des personnes en difficultés pour qu’elles trouvent un emploi pérenne ailleurs.

Un modèle encore peu connu

Ce genre d’entreprises reste encore rare en France, même si la région en est assez bien dotée, avec «pratiquement 220 sociétés, dont 46 dans le Pas-de-Calais et 81 dans le Nord. Nous avons un réseau très bien développé. C’est important d’être présents ici, car c’est une région avec beaucoup de difficultés et de personnes éloignées de l’emploi». Parmi elles, dans le département du Nord, 40% sont des femmes. C’est un chiffre bien supérieur à la moyenne des autres départements hexagonaux.

«Mais c’est aussi une région où il y a cette capacité d’entreprise», assure Matthieu Orphelin, prenant notamment en exemple les futures usines de batteries. Pour l’instant, les entreprises d’insertion ne sont pas majoritaires au niveau du modèle entrepreneurial. Elles sont lancées par la volonté du chef d’entreprise, qui se sent prêt à cumuler les difficultés d’une société classique et celles d’une entreprise d’insertion, même s’il y a une dynamique depuis 2019, avec «un développement très important dans les Hauts-de-France». Bien que ce système ne soit pas encore très connu, «le mouvement est lancé, donc le retard par rapport aux entreprises plus classiques n’a pas d’importance. Ce modèle va être de plus en plus demandé par tout le monde», espère-t-il.