Le Président de l’ADEME veut privilégier les initiatives locales
En visite à Amiens, à l’occasion d’une réunion du réseau des « Élus pour agir », Sylvain Waserman, Président de l’ADEME, a insisté sur l’importance de la mobilisation des élus locaux concernant la transition environnementale.
« Lorsque j’ai été élu, il y a un an, j’ai décidé d’entamer un tour de France pour aller à la rencontre des acteurs locaux. Je suis convaincu qu’il faut partir des réalités de terrain pour trouver des solutions », analyse Sylvain Waserman, Président de l’ADEME. En Hauts-de-France, il a été particulièrement séduit par la démarche Rev3, qui irrigue la politique régionale.
« Cette volonté de réconcilier écologie, emploi et économie, est très intéressante », observe-t-il avant de rappeler l’urgence de la situation. « La France émet 400 millions de tonnes de CO2 par an. Nous devons atteindre 270 millions de tonnes en 2030 », pointe-t-il. En 2023, l’Hexagone a atteint ses objectifs avec une baisse de 5,6 % des émissions de CO2.
Un réseau dédié aux élus
Afin de mettre en avant les initiatives mises en place partout sur le territoire, l’ADEME a lancé fin 2023 le réseau « Élus pour agir ». Dédiée aux communes et aux intercommunalités, l’initiative rassemble aujourd’hui 2 800 membres, dont 290 dans les Hauts-de-France. Ce réseau propose à ses membres de se rencontrer, mais aussi de se former avec des experts, lors de rendez-vous ponctuels.
Un dialogue nourri, qui doit aussi permettre de partager des retours d’expérience, notamment sur l’acceptabilité des projets, question épineuse s’il en est. « Nous devons travailler en toute transparence sur la question environnementale, être dans une logique de consultation et de dialogue avec les habitants. C’est incontournable pour l’acceptabilité des projets. La transition écologique ne peut se faire sans cela », insiste le Président de l’ADEME.
Un partage d’expérience
Parmi les démarches locales, celles du Saint-Quentinois et de Montdidier ont été mises en lumière, lors de cette première réunion. En 2018, le Saint-Quentinois a décidé d’élaborer son Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET). Une tâche qui s’est avérée complexe. « Cela demande beaucoup de ressources, de connaissances que nous n’avions pas forcément », se souvient Frédérique Macarez, Maire de Saint-Quentin.
Celle-ci reconnaît aussi qu’un « changement de logiciel » a été nécessaire, pour les élus comme pour les agents. Après la création d’un premier réseau de chaleur, la collectivité réfléchit à la construction d’un second outil, qui permettrait de récupérer de la chaleur fatale et pense aussi développer des projets autour de la géothermie et du photovoltaïque.
Autre exemple : Montdidier
À Montdidier, les chantiers liés à la transition environnementale remontent à 2001. « Lorsque nous avons été élus, les finances de la ville étaient au plus bas. Et dans une commune où le salaire moyen tourne autour du SMIC +20 %, il était hors de question d’augmenter les impôts. Il n’était pas non plus possible de ne rien faire », lance Catherine Quignon, Maire de Montdidier. Après avoir sollicité l’ADEME, la ville a été l’une des premières à passer l’éclairage public en LED.
« Ensuite, nous avons décidé de porter un projet autour de l’éolien. Il n’y en avait pas à l’époque sur le territoire », poursuit-elle. Dès 2004, la commune noue un partenariat avec l’ADEME et le Conseil régional de Picardie pour créer un réseau local de production d’énergie, avant de se lancer quelques années plus tard, dans l’aménagement d’un réseau de chauffage urbain alimenté au bois. Les économies réalisées grâce à ces installations ont été réinvesties dans les services publics.