22ème édition des «Assises européennes de la transition énergétique» à Dunkerque

Le premier pôle énergétique européen s’engage pour une énergie plus verte

La 22ème édition des Assises européennes de la transition énergétique en version 100% numérique, crise sanitaire oblige, aura lieu du 12 au 14 janvier à Dunkerque. L’occasion de faire le point sur la stratégie énergétique d’un territoire, aujourd’hui encore 1er pôle énergétique européen.

La centrale nucléaire de Gravelines et ses six réacteurs contribuent fortement à faire du territoire dunkerquois le premier pôle énergétique européen.
La centrale nucléaire de Gravelines et ses six réacteurs contribuent fortement à faire du territoire dunkerquois le premier pôle énergétique européen.



Avec une centrale nucléaire de six réacteurs d’une puissance, chacun, de 900 MW qui en fait la plus importante d’Europe de l’Ouest, un terminal méthanier d’une capacité annuelle de regazéification de 13 milliards de m3, l’atterrage d’un gazoduc de plus de 800 km de long depuis la Norvège dont la capacité de réinjection de gaz quotidienne sur le réseau est de 50 millions de m3, une centrale thermique à cycle combiné d’une puissance de 790 MW, le plus grand réseau de chaleur de France alimenté par la récupération de la chaleur fatale industrielle, le territoire dunkerquois est le premier pôle énergétique européen. 

Pas étonnant, donc, qu’il soit à l’origine, il y a plus de 20 ans, de ce qui s’appelait alors «les Assises de l’Energie», devenues aujourd’hui «Assises européennes de la transition énergétique», dont la 22ème édition s’ouvre le 12 janvier prochain à Dunkerque. «A l’époque, l’idée était d’inciter les collectivités locales à s’intéresser à l’énergie qui était alors une compétence nouvelle», se souvient Jean-François Montagne, vice-président à la Communauté urbaine de Dunkerque, en charge de la transition écologique et de la résilience. Depuis, l’événement organisé à tour de rôle avec les villes de Bordeaux et de Genève (Suisse) est monté en puissance avec plus de 3 000 professionnels présents à chaque édition. Il est devenu tout à la fois un lieu incontournable de rencontres, d’échanges et de retours d’expérience et un laboratoire d’idées pour les entreprises, les élus et plus globalement tous les acteurs engagés dans la transition énergétique. 

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Le démonstrateur “power to gas” porté par Engie et connu sous le nom de “projet GHRYD” a montré toute son efficacité depuis sa mise en service en 2018. Il pourrait, à moyen terme, être étendu, pour fournir en énergie au moins un autre quartier.

Cette année, la Communauté urbaine de Dunkerque, qui porte l’évènement, a tenu à maintenir le rendez-vous malgré la crise sanitaire sous un format 100 % numérique et gratuit, toutefois. «C’est bien évidemment une première mais aussi un pari. Les participants pourront assister aux plénières en direct grâce à un lien, après inscriptions sur le site www.assises-energie.net. Nous espérons que la mise en place de chats et de sondages facilitera les échanges et maintiendra un minimum de convivialité. Nous avons également souhaité que le village qui accueille habituellement les entreprises, les organismes et les élus soit recréé en 3D, sous forme de salon virtuel», détaille Jean-François Montagne.

Des objectifs communs à toute l'Europe

Signataire de la convention européenne des maires pour l’énergie et le climat 2020, le territoire communautaire s’est pleinement engagé à respecter les engagements européens, à savoir une diminution de 20% de ses émissions de CO2, une augmentation de 20 % de son efficacité énergétique et une augmentation de 20 % de la part d’énergie renouvelable dans son mix énergétique. «C’est ambitieux mais c’est une vraie volonté de la part du territoire qui emmène d’ailleurs avec lui l’ensemble des acteurs de l’économie locale, du port, et de la formation. Notre souhait est de transformer notre écosystème industrialo-portuaire hérité des années 1960 pour le rendre plus vertueux en terme énergétique et écologique. Cette volonté a été reconnue en 2019 avec la labellisation par l’Etat de notre territoire «Territoire d’Innovation», ce qui lui permet de bénéficier d’une enveloppe de plusieurs centaines de millions d’euros pour réaliser les investissements et études nécessaires à la concrétisation de cette grande transformation», apprécie Jean-François Montagne.

Dans cette optique, plusieurs importants projets sont en cours, et parmi eux, l’implantation à l’horizon 2027 d’un champ éolien off-shore en mer du Nord, à 10 km des côtes dunkerquoises, d’une puissance de 500 MW, porté par le consortium EMD, mené par le groupe EDF. «Nous soutenons ce projet qui va participer à l’augmentation de la part d’énergie renouvelable sur le territoire et va contribuer à son essor économique, tant au moment de la construction que pour en assurer, ensuite, la maintenance. Nous avons ici des entreprises tout-à-fait capables de répondre à ces marchés», insiste le vice-président.

Des projets très locaux

Le territoire teste aussi, avec succès, un démonstrateur «Power to Gas» porté par Engie, connu sous le nom de «projet GHRYD». Depuis 2018, il injecte de l’hydrogène sur un réseau gazier qui alimente en énergie une centaine de logements et la chaufferie d’un centre de soins à Cappelle-la-Grande. De 6% d’hydrogène au démarrage, le démonstrateur a atteint l’objectif attendu de 20% d’hydrogène injecté dans le réseau gazier. Les étapes suivantes, à moyen terme, consisteront à trouver les financements nécessaires aux études pour étendre le projet GHRYD à un nouveau quartier et pour parvenir à injecter 100% d’hydrogène dans le réseau. Ce projet est d’autant plus intéressant pour le territoire que le groupe français H2V doit installer au port de Dunkerque une unité de production d’hydrogène «vert», c’est-à-dire fabriqué à partir d’électricité issue des énergies renouvelables.

Par ailleurs, début février 2021, le nouveau réseau de chaleur de Grande-Synthe, qui fonctionne grâce à la récupération de la chaleur fatale du sidérurgiste ArcelorMittal, sera complètement opérationnel. Redistribuée par Engie Codely, cette énergie permettra de chauffer l’équivalent de 3 000 logements. Et la Communauté urbaine de Dunkerque réfléchit déjà à son doublement pour alimenter 12 000 logements supplémentaires dans d’autres villes du territoire.

Enfin, porté par Euraénergie, un pôle d’innovation centré sur la transition énergétique doit voir le jour à Dunkerque en 2023. Dans ce bâtiment neuf de 4 400 m², seront accueillis des jeunes entreprises innovantes dans le domaine de l’énergie qui disposeront de toutes les facilités pour mener à bien leur projet de R&D et jusqu’à la réalisation de démonstrateur ou de prototype à l’échelle 1.