Le Premier ministre japonais annonce un plan de relance pour soutenir la 3e économie mondiale

Le Premier ministre nippon Fumio Kishida a dévoilé jeudi un plan de soutien à l'économie japonaise de plus de 100 milliards d'euros, afin d'alléger les effets de l'inflation sur la population et de...

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida donne un discours devant la Diète à Tokyo le 23 octobre 2023 © Kazuhiro NOGI
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida donne un discours devant la Diète à Tokyo le 23 octobre 2023 © Kazuhiro NOGI

Le Premier ministre nippon Fumio Kishida a dévoilé jeudi un plan de soutien à l'économie japonaise de plus de 100 milliards d'euros, afin d'alléger les effets de l'inflation sur la population et de tenter de regonfler sa cote de popularité.

"Nous constatons que le cercle vicieux de la déflation, symbolisé par des prix et des salaires bas et une croissance faible, est en train de s'inverser", a déclaré M. Kishida, estimant que "pour la première fois depuis 30 ans, nous sommes face à une formidable occasion de passer à une nouvelle étape économique".

Cependant "dans la situation actuelle où la hausse des salaires ne suit pas celle des prix, il est nécessaire de soutenir temporairement le revenu disponible des Japonais afin d'éviter un retour à la déflation", a-t-il dit.

Le plan devrait être d'un montant d'au moins 17.000 milliards de yens (106,7 milliards d'euros), a précisé M. Kishida.

Le Japon, marqué par des décennies de déflation, subit depuis le printemps 2022 une accélération de la hausse des prix à la consommation sous le coup de la flambée des prix de l'énergie après le déclenchement de la guerre en Ukraine et de la chute simultanée du yen.

Depuis début 2023 l'inflation est aussi nourrie par d'autres postes de dépenses comme les produits alimentaires transformés et les services.

Réductions d'impôts

La Banque du Japon (BoJ), isolée dans sa politique monétaire extrêmement accommodante qui a contribué à faire baisser le yen, a décidé cette semaine de maintenir l'essentiel de cette politique, estimant aussi que l'inflation actuelle n'est pas accompagnée d'une croissance des salaires, qui alimenterait à son tour la consommation.

M. Kishida, 66 ans, dont la gestion est critiquée face à cette hausse des prix, a vu sa popularité tomber au plus bas depuis son élection en novembre 2021.

Selon un certain nombre d'observateurs, il pourrait décider de convoquer des élections anticipées pour renforcer sa stature en prévision d'une élection interne à son Parti libéral-démocrate (PLD), qui s'annonce compliquée pour lui.

Les mesures qu'il a détaillées jeudi soir lors d'une conférence de presse incluent des réductions d'impôts d'un montant de 40.000 yens (251 euros) par personne et des aides de 70.000 yens (439 euros) pour les ménages à faibles revenus.

Il s'est également engagé à exhorter les entreprises à augmenter les salaires l'an prochain à un niveau supérieur à celui de cette année.

Le plan, qui pourrait représenter selon des médias locaux un total de 37.400 milliards de yens (237,7 milliards d'euros) en y incluant également des investissements du secteur privé, a été approuvé jeudi par le gouvernement, qui pourrait soumettre dès ce mois-ci au Parlement un projet de budget supplémentaire destiné à en financer l'essentiel.

Il doit aussi permettre de prolonger des mesures pour faire baisser les prix de l'essence et des factures d'énergie et d'encourager les investissements dans le domaine des semi-conducteurs et de l'industrie spatiale.

L'économiste Hideo Kumano, de l'institut de recherche Dai-ichi Life, s'est cependant dit "sceptique" quant aux effets que pourraient avoir les mesures Kishida sur l'économie ou sur la popularité du dirigeant.

M. Kishida a oscillé entre la défense d'une discipline budgétaire et une volonté d'augmenter les dépenses, a déclaré M. Kumano à l'AFP.

"Ceux qui s'étaient opposés à toute augmentation des impôts n'ont pas soutenu M. Kishida. Maintenant, ceux qui s'étaient opposés à une large redistribution vont s'en éloigner", a-t-il ajouté.

Convaincre la population s'annonce ardu. "Les produits du quotidien sont devenus plus chers et je n'ai pas d'autre choix que de chercher des alternatives bon marché", a déclaré à l'AFP Masaharu Kashima, un habitant de Tokyo âgé de 74 ans, disant ne pas espérer beaucoup de ce nouveau plan.

"Ils nous ont déjà donné 100.000 yens" pendant la pandémie, mais cela n'a rien changé", a-t-il ajouté.

Ces mesures devraient aussi contribuer à creuser encore les finances du Japon alors que le niveau de sa dette publique est déjà le plus élevé parmi les grandes nations industrialisées, se situant actuellement à plus de 260% de son PIB selon le Fonds monétaire international.

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