Le port d’Anvers peu impacté par la crise
Même pas mal ? Même pas peur en tout cas. La crise du Covid ne semble avoir été qu’un épisode presque anodin sur la croissance de l’activité du port d’Anvers. L’activité ne s’est jamais arrêtée et la croissance est repartie à la hausse
Un point nodal «grande taille». Sur les 13 000 hectares le long de l’Escaut sur lesquels se tiennent «plus de 2 000 entreprises», indique Nathalie Van Impe, Chief communicator and chief market officer. Directs et indirects, le nombre des emplois qui dépendent du port dépasse 250 000 personnes. Poids lourd belge et européen, le port d’Anvers est particulier : logé à plus de 80 km de la mer du nord, il est le point nodal d’un trafic entrant et sortant de toute l’Europe du Nord. Et de plus loin. Au carrefour des axes routiers, fluviaux et ferroviaire, le port à fait d’une faiblesse a priori (son éloignement de la mer), une formidable force. Connecté au Canal Albert, à la Meuse, au Rhin, il dispose d’un réseau ferré de plus de 1 100 km dans une zone particulièrement ferroutière. Enfin, la concentration autoroutière le rend encore plus flexible dans l’acheminement multimodal le rend encore plus central. «Nous sommes un port intégré», résume Nathalie Van Impe ; «nous avons la logistique et un complexe industriel chimique important mais la résilience vient de plusieurs facteurs. On est connectés au monde entier ; on a pu mitiger les effets régionaux de la crise», ajoute t-elle. Resté totalement opérationnel pendant la crise, le port n’a quasiment pas eu recours au chômage partiel et ne s’est jamais arrêté. La diversité des destinations a permis de mitiger les pertes. Ce qui ne l’a pas éloigné de ses projets, signe d’une confiance assumée.
Crise amortie
«Le port a le vent en poupe. L’an dernier, ce fut la 7ème année record consécutive de croissance. Les premiers mois de 2020 ont été très positifs jusqu’au Covid. Ça s’est évidemment ressenti mais les dégâts sont assez limités. Les flux ont baissé sauf en containers. Une baisse de 4,9 % jusqu’en juin alors qu’on a un très bon premier trimestre» raconte la cadre portuaire. Autrement dit, le port d’Anvers a déjà amorti la baisse d’activité due à la crise du Covid…
Avec sa connexion au canal de la Sambre, le port d’Anvers suit avec attention la poursuite du projet Canal Seine-Nord. «Le port d’Anvers est fortement actif dans l’utilisation de son arrière-pays et de la promotion de son infrastructure. Considérant l’importance du poids du nord de la France et de la région parisienne, nous nous réjouissons donc du démarrage tant attendu des travaux préparatoires du Canal Seine Nord Europe et nous espérons que le calendrier de mise en service prédéterminé pourra être maintenu. La réalisation de ce canal sur de grandes barges donnera une impulsion significative aux volumes de navigation intérieure entre les régions concernées et Anvers», explique l’autorité portuaire. Certes le marché a modifié les équilibres ; cas assez rare dans le monde portuaire, Anvers importe à peu près autant qu’il exporte. Les vracs ont fortement décru comme le charbon (-13,1 % entre janvier et juin 2020 par rapport à la même période en 2019) ou les liquides (-7,5% sur la même période). Seuls les engrais sont passés sous les gouttes avec une augmentation de 1% au premier semestre 2020. Enfin, les déconfinements se succédant à l’approche de l’été, les importations de carburants ont repris. En tout, le tonnage des navires aura diminué de 7,9% pour atteindre 193 millions de tonnes. Devant la crise, le port et ses partenaires ont conclu un report de paiement pour les droits de navigation maritime et intérieurs ainsi que pour les concessions de domaine.
Quelles perspectives ?
Pour la seconde partie de l’année, le port s’attend à quelques «navigations blanches» mais constate «les premiers signes de reprise». Jacques Vandermeiren, son PDG cultive l’optimisme : «le Port d’Anvers est un port mondial qui suit le rythme de l’économie européenne et mondiale. L’impact de la paralysie de la supply chain mondiale due à la crise du coronavirus s’est fait sentir à partir du deuxième trimestre et aura des répercussions sur le débit total des marchandises cette année. Le Port d’Anvers fait preuve d’une grande capacité de résilience dans la rangée Hambourg-Le Havre car il est actif dans de nombreux secteurs, qu’il ne dépend pas d’un seul continent et qu’il est le plus grand cluster chimique intégré d’Europe».
Anvers cultive son point fort avec le projet ECA
Réputé pour empiler les containers toujours plus haut, Anvers poursuit ses projets d’optimisation de ses surfaces foncières, construit un nouveau quai de marée pour le transbordement qui s’appuiera de plus en plus sur le ferroviaire et le fluvial afin de continuer à maintenir ses positions sur l’approvisionnement de l’Europe à partir duquel le trafic containers est en croissance. En début d’année, le gouvernement flamand a adopté le projet Extra Container Capacity in Antwerp. Les travaux devraient commencer en 2023. Sans retard dans le calendrier. Début juin, le port a également accueilli le plus grand porte-conteneurs du monde, le HMM Algeciras d’une capacité de 24 000 boites. A Anvers, le monde est dans les boites.