Le point sur le chantier du Canal Seine-Nord-Europe dans la Somme

« 2024 est l’année de préparation du chantier avec l’enquête publique environnementale. Les recherches archéologiques sont finalisées. Les marchés sont lancés ainsi que les diagnostics pyrotechniques et la formation des compagnons englobant la prévention des risques. Nous préparons l’arrivée de ce chantier avec les élus des communes et des communautés de communes. Le cahier territorial du canal sera disponible en mars prochain », a commencé Élody Coffin.

Vingt-six communes seront traversées sur les 45 kilomètres du tracé dans la Somme du futur canal à grand gabarit, entre Ercheu et Etricourt-Manancourt . Il y aura neuf tunnels implantés sous le canal, deux ponts-canaux pour enjamber l’autoroute A29 au niveau de Licourt et Cizancourt, ainsi que la vallée de la Somme à hauteur de Cléry-sur-Somme, deux ports intérieurs à Nesle, tri modal (fluvial, route et voie ferrée.

Péronne. Saint-Christ-Briost et Allaines accueilleront deux ports de plaisance, ce dernier étant près de Moislains, dernière commune de la Somme limitrophe avec le département du Nord. Le futur pont-canal de la Somme, le plus impressionnant des ouvrages, le surplombera de 30 mètres.

3 000 recrutements prévus

Les principales préoccupations de ce début d’année sont primordiales pour la réalisation des travaux. Élody Coffin a mis l’accent sur la recherche de personnel compétent dans de nombreux secteurs. Ce sont 3 000 personnes qui doivent être recrutées, venant du BTP, dont la moitié sera logée. « Nous attendons des offres d’hébergement dans des gîtes, campings, bailleurs sociaux et propriétaires qui loueraient des chambres et aussi d’offices du tourisme. La sélection des appels d’offres de groupements d’entreprises se poursuit et le maître d’œuvre choisi sera révélé fin 2024, début 2025 », explique-t-elle.

Autre sujet primordial : la nature. « L’environnement est au cœur du canal, 20 sites d’aménagements naturels seront installés sur 386 hectares, dont onze berges lagunaires longues de 25 kilomètres, seront de véritables couloirs écologiques pour la faune et la flore. » La restauration du cours d’eau la Tortille dans les environs de Moilains et d’Étricourt-Manancourt est une action majeure.

Cela participera au comblement du canal du Nord, ce qui lui permettra, dans sa partie Somme, d’être toujours ouvert aux péniches Freycinet et aux plaisanciers à partir du sud d’Allaines. Le comblement de cette partie du canal favorisera les remontées des nappes phréatiques.

« Il n’y aura pas de détournement d’eau et aucun prélèvement dans la nappe phréatique. Avec l’enjeu climatique, le canal sera économe en eau, notamment grâce à une étanchéité performante », a conclu Élody Cofin. Le canal sera alimenté par la rivière Oise, via une prise d’eau à Montmacq (Oise) où la ressource est importante, et aussi par la retenue de Louette, spécialement aménagée à l’ouest d’Allaines sur 65 hectares avec une capacité de 14 millions de m³ d’eau, s’il y a moins d’abondance de l’Oise.

Le canal Seine-Nord Europe sera assujetti à la réglementation des barrages. Des capteurs surveilleront en permanence l’état du canal en circuit fermé pour son alimentation. Le remplissage du canal se fera par étapes, lentement au début et en période de haut débit de l’Oise. Sa mise en eau complète pourrait durer douze mois.

Tous les matériaux retirés du sol seront réutilisés soit pour le chantier soit pour l’agriculture. 147 hectares seront recultivés. Le canal, dont la mise en service est prévue pour 2030, sera remblayé et transformé en espace naturel ouvert au public. Le trafic routier sera impacté par des déviations prévues dans certains secteurs, du côté de Nesle pour la D930, de fin 2025 à 2028-2029. Mais plusieurs rétablissements routiers sont programmés, dont certains passeront sous le canal, à hauteur de l’axe Morchain-Pargny et Béthencourt-sur-Somme.