Le point sur la riposte de l'UE aux droits de douane de Trump

Elle espère toujours pouvoir négocier avec Washington, mais l'Union européenne a promis une réponse "ferme et proportionnée" aux différents droits de douane...

Le commissaire européen au Commerce Maros Sefocvic, à Luxembourg, le 7 avril 2025 © Jean-Christophe VERHAEGEN
Le commissaire européen au Commerce Maros Sefocvic, à Luxembourg, le 7 avril 2025 © Jean-Christophe VERHAEGEN

Elle espère toujours pouvoir négocier avec Washington, mais l'Union européenne a promis une réponse "ferme et proportionnée" aux différents droits de douane imposés par Donald Trump. 

Voici ce que l'on sait sur la riposte de Bruxelles, qui a adopté de premières mesures mercredi.

Quelles mesures?

A chaque salve, sa réponse. 

Au cours des derniers mois, l'Union européenne a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l'administration du président américain: 

- 25% sur l'acier et l'aluminium, mi-mars

- 25% sur les automobiles, début avril

- 20% sur tous les autres produits européens, le 9 avril

Le Vieux continent a organisé sa riposte autour d'une logique similaire.

L'UE propose de répliquer d'abord aux taxes sur les métaux par des droits de douane allant jusqu'à 25% sur des produits américains: les motos, le maquillage, la volaille, le soja... L'idée est notamment de cibler des produits provenant d'Etats républicains, le parti de Donald Trump.

Les Etats membres ont approuvé cette liste lors d'un vote organisé mercredi. Après une première salve mi-avril, la plus grande partie de ces taxes entrera en vigueur mi-mai. D'autres, sur les amandes par exemple, en décembre.

L'Union européenne a toutefois souligné être prête à suspendre ses droits de douane "à tout moment" en cas d'accord "juste et équilibré" avec Washington.

La riposte européenne sur l'automobile et les 20% pourrait, elle, être présentée en début de semaine prochaine. Mais le ton diffère parmi les Vingt-Sept sur le niveau de fermeté de la réponse. Parmi les questions en débat: l'idée de cibler, ou non la "tech" américaine.

Pour frapper fort, la France et l'Allemagne évoquent aussi l'idée d'employer un outil jamais utilisé auparavant. Surnommé "instrument anti-coercition", il a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques. Il permettrait notamment le gel de l'accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements.

Mais là encore, les Etats membres sont divisés, certains craignant que cela ne provoque une escalade avec Washington.

Quelles négociations?

Bruxelles souhaite avant toute chose négocier avec les Etats-Unis.

Le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a été dépêché par l'UE pour échanger avec ses homologues américains. Il s'est rendu deux fois à Washington et a eu un échange "franc" de deux heures vendredi avec Howard Lutnick et Jamieson Greer, deux responsables de l'administration Trump.

L'UE a d'ores et déjà proposé aux Etats-Unis que les voitures et d'autres biens industriels ne soient pas taxés de part et d'autre de l'Atlantique.

"Pas suffisant" pour Donald Trump qui exige aussi que l'Europe s'engage à acheter davantage de gaz naturel liquéfié américain. 

A Bruxelles, certains craignent toutefois de ne pas frapper à la bonne porte dans ses négociations.

Selon plusieurs observateurs, le conseiller de Trump au Commerce, Peter Navarro, serait bien plus à la manoeuvre sur le dossier que les deux responsables avec qui Maros Sefcovic échange. Or l'UE n'a fait publiquement état d'aucune conversation avec ce dernier.

Quoi d'autre sur la table?

Ce conseiller de Donald Trump se veut très critique des barrières dites "non tarifaires" en vigueur dans l'Union européenne: les réglementations sanitaires, les normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales telles que la TVA.

"Si vous voulez négocier, parlez-nous de comment vous allez faire baisser vos barrières non tarifaires", a déclaré Peter Navarro dans une interview lundi. "L'Europe a une TVA de 19%, nous ne pouvons pas rivaliser face à cela", a-t-il dénoncé.

Interrogée à ce sujet, la Commission européenne a indiqué mardi "ne pas partager l'analyse des Etats-Unis sur ce qui constitue une barrière non tarifaire", sans donner beaucoup plus de détails.

Les tractations continuent.

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