Le point de vue de Marc Roquetteet de Philippe Vasseur
Marc Roquette partage l’objectif de faire baisser les émissions de CO2 de 80%. “Lester Brown n’est pas extrémiste. Il pointe des réalités et donne de l’espoir en avançant des éléments de solutions”, dit-il. Il cite la géothermie mise en place aux Açores (île volcanique) comme un exemple à suivre. “Pour l’instant, la chimie est à 97% à base de pétrole et à 3% à base de biomasse. Il faut inverser la tendance avant 2100.” Il explique que cette nouvelle chimie devra se faire sans émission de CO2 avec des énergies propres. Il pense qu’il faut à présent éveiller les consciences et que l’Europe a les moyens juridiques de faire appliquer des taxes sur les énergies fossiles.
Philippe Vasseur retient que les gouvernements ne peuvent pas tout faire. Il pense que nous sommes déjà au point de basculement – la crise financière en étant la preuve – et que nous n’échapperons pas à une remise en cause de notre système.
Les ter Brown, Marc Roquette et Philippe Vasseur ont répondu ensuite à quelques questions posées par le public par Philippe Vieille, membre du groupe de travail Défi écologique du CJD.
Que pensez-vous des climato-sceptiques ?
Lester Brown. Toutes les recherches ont constaté qu’il y a eu beaucoup de changement dans le climat au cours de l’évolution. Il est clair que la hausse de la température et celle du niveau de CO2 dans l’atmosphère vont de pair. Ce qui est nouveau, c’est la vitesse à laquelle ce phénomène se déroule. Et il est bien lié à l’activité humaine.
Etes-vous pour les OGM ?
Lester Brown. Il faut s’en inquiéter. Les Etats-Unis n’ont pas eu la maladie de la vache folle et ils ont accepté les OGM. Comme au Brésil, en Argentine et en Asie. Il faut rester prudent quand il y a des transferts d’un organisme à un autre. La surveillance et les règles sont obligatoires.
La solution est-elle technologique ?
Marc Roquette. Oui. Les ressources technologiques sont à un niveau exceptionnel aujourd’hui. Dans son livre, Lester Brown explique très bien que celles qui ne sont pas utilisées dans l’idée du nondurable sont vouées à l’échec. Mais si elles le sont, les possibilités sont énormes.
Quelles sont les solutions possibles ?
Philippe Vasseur. Je reviens d’abord sur les OGM. La France est le pays le plus pessimiste au monde en matière de progrès scientifique. Pour autoriser un nouveau produit, il faut démontrer qu’il ne présente aucun risque. Aux Etats-Unis, il est autorisé tant que sa dangerosité n’a pas été prouvée. C’est exactement la démarche inverse !
Le monde a par ailleurs besoin de décisions politiques. Il faut avoir le courage de mettre en oeuvre les taxes sur les énergies fossiles, ou celles sur les transactions financières. Mais il y a des distorsions de concurrence. Si l’Europe veut taxer les énergies fossiles, la Chine et l’Inde ne le feront pas. Même chose pour les taxes financières : la Grande- Bretagne et les Etats-Unis ne suivront pas. Pourtant, la Zone euro doit donner l’exemple, prendre ces décisions vertueuses. Nous devons être capables de le faire même si les autres ne suivent pas. Ayons de l’audace !
La Chine développe à la fois des champs d’éoliennes et des mines de charbon. Quel est la part la plus importante ?
Lester Brown. L’énergie éolienne a déjà dépassé celle du nucléaire en Chine, mais elle reste quand même une part très réduite de la consommation d’énergie totale. L’énergie éolienne est surtout développée dans le nord de l’Europe, notamment au Danemark où elle représente 40 à 60% de la production d’énergie totale. D’une manière générale, la production d’énergie éolienne est en hausse dans le monde.