Le plan européen pour l’industrie automobile dévoilé sur le site de Renault à Douai

C’est dans la manufacture de Renault à Douai que le plan européen pour relancer l’industrie automobile a été dévoilé le 5 mars dernier par Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission Européenne en présence du Ministre français de l’industrie, Marc Ferracci et du CEO de Renault, Luca de Meo. Zoom sur les mesures phares annoncées.

La R5, le modèle de citadine électrique de Renault sur une ligne de production dans l'usine du constructeur à Douai. © Marie Boullenger
La R5, le modèle de citadine électrique de Renault sur une ligne de production dans l'usine du constructeur à Douai. © Marie Boullenger

La sonnette d’alarme a été sonnée. Le 5 mars dernier sur le site ElectriCity de Renault à Douai, la tension était palpable dans un contexte économique et politique plus que jamais fragilisé. «L’industrie automobile, fierté européenne qui représente 13 millions d’emplois directs et indirects est en danger de mort» a introduit Stéphane Séjourné, vice-président de la commission européenne, avant de présenter le «plan d’urgence qui est parallèlement un plan sur le long terme tourné vers l’avenir» co-construit avec les constructeurs et jugé nécessaire face notamment à la concurrence chinoise féroce.

Marc Ferracci, ministre de l’industrie, aux côtés du CEO, Luca de Meo, durant la visite. © Marie Boullenger

Axes majeurs

Les mesures phares annoncées «démontrent toute la robustesse du plan» estime Stéphane Séjourné. «L’Europe doit en finir avec sa naïveté, on doit protéger, organiser la filière et lui donner la possibilité de gagner en compétitivité». Parmi ces mesures, on retrouve l’annonce d’un milliard d’euros prochainement injecté dans l’innovation. Une enveloppe colossale qui doit permettre aux constructeurs européens de jouer des coudes face aux acteurs asiatiques à la pointe de l’innovation. 

Autre mesure phare : 500 millions d’euros seront alloués aux infrastructures, en l’occurrence les bornes de recharge ainsi que 1,8 milliard dédié aux batteries. «L’objectif est de passer de moins de 20% de batteries actuellement à plus de 40% de batteries made in Europe dans les achats des constructeurs européens». Une filière d’avenir pour les Hauts-de-France et ses cinq gigafactories de batteries, certaines déjà en service, d'autres toujours en cours de travaux. «Une filière de recyclage autour des batteries est également à construire en Europe» a précisé le haut commissaire européen. Assurer la souveraineté européenne sur les logiciels et semi-conducteurs pourrait également faire partie du plan pour relancer la filière automobile.

Afin de booster la demande sur le marché européen, le plan d’urgence comprend également l’obligation future pour les entreprises de renouveler et verdir leur flotte automobile à savoir qu’aujourd’hui 60% des véhicules neufs électriques sont utilisés dans le cadre de flottes professionnelles. Enfin, les amendes à destination des constructeurs n’étant pas parvenus à baisser à hauteur de 15% leurs émissions de CO2, devraient être assouplies. «Ne pas pénaliser les constructeurs est un signal fort envoyé» juge Stéphane Séjourné.

Stéphane Séjourné, vice-président de la commission européenne, observant le modèle Alpine de Renault. © Marie Boullenger

Manufacture de Douai, un choix symbolique

Le choix du site industriel de Renault à Douai pour annoncer le plan stratégique européen n’a rien d’anodin, bien au contraire. Cette usine historique ouverte il y a 50 ans a effectivement fait l’objet d’une profonde transformation au cours des dernières années afin d’adapter la production vers l’électrique en l’occurrence vers l’Alpine et la R5, les deux modèles électriques phares du constructeur français. «Nous sommes dans un territoire parfaitement emblématique de la reconquête industrielle. Je salue la dynamique lancée dans un délai extrêmement bref par Renault» a témoigné Marc Ferracci, Ministre de l’industrie.

De son côté, Luca de Meo, CEO de Renault, a rappelé les efforts mis en place dans l’usine de Douai où 4 000 personnes ont été formées aux nouvelles compétences requises pour l’électrique. «Nous sommes effectivement au cœur du combat ici à ElectriCity même si la bataille est loin d’être gagnée face à la transformation globale de notre industrie. Mais avec R5, on prouve qu’on peut avoir une voiture électrique compétitive sur le marché».

Une ligne d'assemblage de la R5. © Marie Boullenger