Immobilier
Le paysage des entrepôts mosellans en mouvance
En 2021, l’essor du e-commerce et la crise sanitaire ont entraîné une ruée sur les entrepôts en France. Quant aux loyers, ils pourraient bien s’envoler cette année. Dans ce panorama, comment se situe la Moselle quant à ce créneau spécifique de l’immobilier d’entreprise ? Éléments de réponse.
7e et 19e. Ce sont les classements hexagonaux - hors région parisienne - respectifs de la Moselle en termes de loyers et de ventes des entrepôts et locaux d’activité en ce mois de mars. Précisément, le département affiche pour un loyer (€ HT-HC/m²/an) un montant moyen de 94. Cela le situe dans le même étiage que l’Hérault, les Pyrénées-Atlantiques ou le Tarn-et-Garonne. Quant au prix moyen de vente, il se situe à 1 159 €/m², avoisinant celui de la Drôme ou du Morbihan. En 2021, la demande placée, c'est-à-dire le nombre de m² d'entrepôts nouvellement loués ou vendus pour être occupés, a connu sa meilleure année depuis 2017. Pour exemple, le groupe Argan, qui loue des entrepôts à la grande distribution, à des logisticiens ou à Amazon, a vu ses revenus locatifs augmenter de 10 % l'an passé. Une croissance due à la livraison du géant américain de l'e-commerce d'un entrepôt de 185 000 m² sur quatre étages, près de Metz, sur la zone commerciale d'Augny.
La plateforme Amazon de Metz-Augny. © Jean-François Mestre.
La loi Climat et Résilience, frein à une surexpansion
La pandémie a largement dopé l’e-commerce. Or, pour passer à l’e-commerce et pouvoir livrer très rapidement ses produits aux clients, une entreprise se doit de réorganiser sa chaîne d’approvisionnement, faire davantage de stocks et utiliser plus de petits entrepôts à proximité des villes, pour la logistique dite du «dernier kilomètre». En Moselle, les pièces sont éclectiques, d’un entrepôt de 5 090 m² à louer à Trémery, à une surface de 311 m² à vendre à Troisfontaines. La multiplication de petits entrepôts au cœur des villes est clairement la tendance, même si leur poids économique reste marginal. Le développement des services de livraison urbains et en tout genre n’y sont pas étrangers. L’une des conséquences de la crise sanitaire, observée par les professionnels du secteur : le choix alternatif fait par beaucoup d’investisseurs vers les entrepôts logistiques, ayant freiné par la même les classes d’actifs traditionnels, comme le bureau ou l’hôtel. On l’a compris. Construire de nouveaux entrepôts, gourmands en foncier, va être de moins en moins aisé. La loi Climat et Résilience restreint davantage cette possibilité et définit l'artificialisation «comme l'altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d'un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage.» Autre obstacle à l’implantation des entrepôts : l’opposition fréquente des riverains. Tous ces facteurs devraient amener les loyers à grimper. Il faudra en mesurer l’ampleur dans les mois à venir. D’autant que beaucoup de bailleurs sont également des investisseurs, achetant moult portefeuilles, avec des objectifs de rentabilité financière. La rareté du foncier et la loi sur l’artificialisation des sols rebattent les cartes. La Moselle n’échappe pas à ce mouvement des plaques tectoniques immobilières.
La tendance est au développement des petits entrepôts dans les cœurs des villes.