Le patron du PS Olivier Faure, dans la perspective de 2027
À quelques mois du congrès des socialistes, le premier secrétaire Olivier Faure, candidat à sa réélection, donne des signaux d'une préparation pour 2027 et affine sa stature...

À quelques mois du congrès des socialistes, le premier secrétaire Olivier Faure, candidat à sa réélection, donne des signaux d'une préparation pour 2027 et affine sa stature de personnalité de gauche présidentiable.
Un tour de France auprès des Français, un positionnement sur les questions internationales, une présence médiatique plus importante: celui qui est à la tête du PS depuis sept ans semble de plus en plus regarder vers la présidentielle, même s'il s'en défend, assurant que se présenter d'ores et déjà en candidat empêcherait un processus de rassemblement à gauche.
Mais le député de Seine-et-Marne travaille en ce sens.
Depuis décembre, il multiplie les rencontres avec les Français, dans une volonté de "repartir de la base" et "de se mettre à portée de baffes", selon ses mots.
"On a pas su produire un récit suffisamment fédérateur et attractif pour que la majorité nous suive. Ça suppose qu'on se remette en question", a-t-il expliqué en marge d'une réunion publique jeudi à La Seyne-sur-Mer, où il a rencontré "des gens qui viennent dire leur attachement à des valeurs et la puissance de leur désespoir".
Pour le président du conseil départemental de Haute-Garonne, Sébastien Vincini, un de ses proches, "Olivier a une autre stature aujourd’hui. On le sent plus libéré, il dit ce qu’il pense. Se confronter à la réalité des gens, ça aide".
Ces échanges fournissent des pistes pour préparer un projet présidentiel pour 2027, que le patron du PS souhaite "radical dans ses ambitions et crédible dans sa mise en œuvre", et dont les prémices devront être présentées aux journées d'été du PS à Blois fin août.
Olivier Faure rencontre aussi "chaque semaine des chercheurs, des ambassadeurs, des intellectuels, des chefs d’entreprise", raconte l'eurodéputé Pierre Jouvet, qui fait aussi partie de sa garde rapprochée.
Souvent accusé d'être soumis à LFI, avec qui le Parti socialiste a fait alliance au sein de la Nupes en 2022, puis du Nouveau Front populaire en 2024, Olivier Faure a pris ses distances avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. Il a fait opérer au PS une mue réformiste, en acceptant de discuter avec le gouvernement Bayrou et en refusant de le censurer sur le budget, malgré la pression de LFI et les reproches des écologistes et des communistes.
Sur le plan international, il a récemment assuré se retrouver "parfaitement" avec ce que propose Emmanuel Macron sur la défense européenne et la dissuasion face à la nouvelle donne créée en Europe par la politique de Donald Trump. "Ce n'est pas parce que je suis dans l'opposition que je suis pavlovien. Quand je suis en accord, je le dis aussi", a-t-il argumenté.
Autorité
Plus présent médiatiquement, il intervient sur tous les fronts: là, il fait une tribune sur l'agriculture, ici il donne son avis sur "l'identité nationale" et appelle la gauche à parler fort sur "l'immigration", là encore il critique les déclarations du ministre de l'Intérieur sur l'Algérie.
"Il sait où il va, il avance, il déroule", assure Pierre Jouvet qui lui trouve "sans doute une forme d’autorité plus grande qui émerge" et le juge comme "incontestablement au dessus du lot" pour 2027.
"Qu’il ait une ambition présidentielle, j’en ai aucun doute", note un socialiste plus critique. "Il a joué une bonne séquence (avec la non-censure, ndlr), il a une vraie visibilité médiatique, après ça reste Olivier Faure. Il ne suffit pas d’en avoir envie, il faut se préparer et avoir le niveau", tacle le même.
Surtout Olivier Faure, qui a repris en 2008 un parti déconfit après le quinquennat Hollande, doit d'abord s'assurer de conserver son poste au congrès de juin.
Ses opposants sont nombreux, qui le somment de garantir une candidature social-démocrate à la présidentielle, alors que le premier secrétaire n'en fait pas un préalable, se positionnant pour une incarnation commune de gauche, mais sans Jean-Luc Mélenchon.
"D’autres" ont "la légitimité et l’épaisseur nécessaires pour prétendre à la fonction" présidentielle, prévient son opposante Hélène Geoffroy dans l'Opinion, citant l'ex-président François Hollande, la présidente d'Occitanie Carole Delga, ou même l'ancien socialiste Bernard Cazeneuve ou le leader de Place publique Raphaël Glucksmann.
Le patron des socialistes ne s'impose pour l'heure pas à gauche dans les sondages en vue de l'échéance présidentielle. Mais sa cote de popularité progresse légèrement dans l'opinion: 19% (+2 points), selon le dernier baromètre Elabe pour Les Echos.
caz/jmt/sde/abl
36ZC3RD