Le partage d'énergies, un mode de vie durable qui prend forme

À l'occasion de la convention d'affaires «rev3days», à Lille Grand-Palais les 5 et 6 février derniers, Alain Maugard, président de Qualibat, et Nicolas Shottey, représentant du groupe Renault, ont échangé sur les mutations de leurs secteurs.

Une plénière a eu lieu à l'ouverture de la convention d'affaires «rev3days».
 ©XXL Organisation et Rev3
Une plénière a eu lieu à l'ouverture de la convention d'affaires «rev3days». ©XXL Organisation et Rev3

Économie circulaire et société de partage. Ce sont les deux thématiques sur lesquelles ont misé les intervenants à l’ouverture de la convention d’affaires «rev3days», qui a eu lieu les 5 et 6 février à Lille Grand-Palais. Alain Maugard, président de Qualibat, a prouvé que le secteur du bâtiment est en pleine mutation : «Pendant longtemps, on a cru qu’on ne pouvait rien faire sans carbone. Maintenant on cherche à décarboner au maximum.» Mais pour décarboner, il n’est pas question de détruire les bâtiments. L’accent est mis sur la rénovation avec des écomatériaux, issus de l’économie circulaire, «pour que le carbone n’ait pas été produit pour rien». De tels travaux ont certes un coût, mais, comme le président de l’organisme de qualification des bâtiments l’indique, il y a rendement sur investissement. «Désormais un logement se vend moins vite s’il n’est pas vert, à part dans les villes surpeuplées comme Paris», nuance-t-il.

La mission rev3 aspire à une société auto-suffisante, qui produira elle-même l’énergie nécessaire au chargement des voitures électriques.

Une inversion de la
société

Il est toutefois juste de rappeler que le mode de vie prévaut sur l’habitat. «Le bâtiment durable n’est pas responsable. C’est le comportement à l’intérieur qui l’est», martèle Alain Maugard. Selon lui, cette responsabilité passe par le partage, une valeur qui revient à la mode : «Nous avons une inversion de la société. Elle qui était consommatrice et individualiste se tourne vers la collectivité.» À l’ère du numérique, le bâtiment devient une plateforme de services et de cohabitation : l’habitat devient bureau pendant le télétravail, mais aussi place de marché lorsqu’on y échange des objets de seconde main entre voisins. Au final, les citoyens utilisent leur voiture de moins en moins. Un phénomène que l’on voit déjà dans les grandes villes, où les transports en commun et la location de vélos sont de plus en plus développés. Le citadin ne cherche plus à détenir son propre véhicule. Ce qui l’intéresse, c’est d’aller d’un point A à un point B. Ces transports se veulent alors, eux aussi, «bas carbone». C’est là qu’intervient Nicolas Shottey, directeur de programme adjoint «Nouveaux Business énergie-Division véhicule électrique» du groupe Renault. Les véhicules électriques représentent 10% des ventes de Renault. «On n’est plus sur un véhicule de niche. On continue de travailler sur des véhicules plus spacieux, pour élargir le marché», informe-t-il. Il concède toutefois qu’une grande partie de la population reste à convaincre : «Vendre une voiture thermique, c’est simple. Pour l’électrique, le consommateur se pose davantage de questions : où la charger ? quel est son temps d’autonomie ? quelle est la durée de vie de la batterie ?…»

«À l’avenir, il y aura plus de bornes de chargement que de stations essence»

Des réponses à
l’électrique

Les batteries des voitures ont actuellement une durée de vie de 20 ans, après quoi elles sont recyclées pour participer à cette fameuse économie circulaire sur laquelle la mission rev3 mise tout. L’installation d’une solution de stockage stationnaire d’énergie, basée sur des batteries de véhicules électriques, le «Advanced Battery Storage», lancé par le groupe Renault, va d’ailleurs commencer à Douai cette année. Pour le chargement des véhicules, 25 000 bornes existent en France. EDF souhaiterait en exploiter 75 000 d’ici 2022. «À l’avenir, il y aura plus de bornes de chargement que de stations essence. On a tendance à penser que le véhicule électrique n’est adapté qu’à un mode de vie urbain, or cette voiture est plus appropriée à la ruralité. En périphérie, on a beaucoup de place pour installer des bornes, et ce, parce que le consommateur rechargera aussi sa voiture chez lui, avec l’énergie qu’il aura lui-même produit, grâce à des panneaux photovoltaïques par exemple», prédit le directeur de programme. Des panneaux photovoltaïques pourront également être posés sur des bâtiments publics pour alimenter des bornes de chargement en bord de route. Une première opération d’autoconsommation collective a été mise en œuvre dans la région l’année dernière, dans la communauté de communes du Haut Pays du Montreuillois. Cette démonstration s’appuie sur un réseau public de distribution et sur les compteurs communicants Linky, déployés par Enedis. Ces derniers permettent de compter l’énergie produite et l’énergie consommée. «Ce qui pouvait être considéré comme utopique existe vraiment !» s’enthousiasme Alain Maugard.

Le salon s’est tenu du 5 au 6 février à Lille Grand-Palais. ©XXL Organisation et Rev3

Une mission reconnue à l’international

Bien que la mission rev3 soit une dynamique impulsée dans les Hauts-de-France, son impact dépasse les frontières. Pour sa deuxième édition,
«rev3days» a donné lieu à 750 rendez-vous dans le but d’alimenter un réseau de professionnels et de faire émerger de nouveaux projets. Parmi les participants, quatorze territoires des Hauts-de-France, mais aussi dix pays étrangers, dont une délégation polonaise. Philippe Vasseur, président de la mission rev3, accorde une grande importance à la reconnaissance internationale du projet. Les Hauts-de-France vont d’ailleurs présenter leur projet à Osaka en juin. «Avant le G20, il y a le B20 (pour Business 20). Cette année, il se tiendra au Japon. La région est invitée pour répondre à la question du développement durable», annonce-t-il.