Le parrain de Hollywood, Francis Ford Coppola a débarqué à Cannes pour "Megalopolis"

Chapeau de paille et smoking blanc, Francis Ford Coppola a foulé jeudi le tapis rouge pour la présentation de "Megalopolis", le moment le plus attendu du Festival de Cannes, dont...

Francis Ford Coppola, au centre, le 16 mai 2024, à Cannes, dans les Alpes-Maritimes © Valery HACHE
Francis Ford Coppola, au centre, le 16 mai 2024, à Cannes, dans les Alpes-Maritimes © Valery HACHE

Chapeau de paille et smoking blanc, Francis Ford Coppola a foulé jeudi le tapis rouge pour la présentation de "Megalopolis", le moment le plus attendu du Festival de Cannes, dont le légendaire réalisateur rêvait depuis quatre décennies.

Doyen de la compétition à 85 ans, le réalisateur du "Parrain", "Apocalypse Now" et "Conversation secrète" est en lice pour une troisième Palme d'or, qui serait historique.

Il a gravi les marches au bras de sa petite fille Romy Mars, fille de la cinéaste Sofia Coppola, après avoir pris la pose sur le tapis rouge sur la musique du "Parrain", accompagné de ses acteurs Adam Driver, Giancarlo Esposito, Jon Voight, Shia Labeouf, Laurence Fishburne, Aubrey Plaza ou Talia Shire, sa soeur.

Il a reçu une ovation de cinq minutes dans le palais des Festivals, avant que les lumières s'éteignent.

Le plus grand secret est gardé jusqu'à la fin de la projection officielle, à 21H30 sur son film, hors normes et au parfum testamentaire dans lequel Coppola a englouti une partie de sa fortune.

D'un budget de 120 millions de dollars, ce film sur la destruction d'une ville évoquant New York couve dans son esprit depuis plus de quarante ans. Coppola avait abandonné le projet suite aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, avant de le reprendre.

"Quand s'éteint un empire ? S'effondre-t-il en un moment terrible ?", interroge la voix off de la bande-annonce. 

Présenté comme un film de science-fiction de 02H18, projeté sur écran IMAX, "Megalopolis" tourne autour de la destruction d'une mégalopole et sa reconstruction qui se joue entre un architecte (Adam Driver) et le maire de la ville (Giancarlo Esposito). 

C'est un film sur "un homme qui a une vision du futur" et parle du "conflit" entre cette vision et les "traditions du passé", confiait Coppola en 2019, au Festival Lumière où il avait été distingué. "Je dirais que c'est mon film le plus ambitieux, même plus ambitieux qu'+Apocalypse Now+".

De quoi faire saliver les cinéphiles du monde entier qui se passionnent pour ses films autant que ses tournages épiques, à commencer par celui d'"Apocalypse Now", prévu pour durer quelques semaines et qui dura finalement 238 jours.

A cela se sont ajoutés les accès de paranoïa de Coppola, drogué, qui a perdu une quarantaine de kilos et avait dû hypothéquer ses biens pour financer le film. Le budget, de 13 millions de dollars à l'origine, passera à 30 millions, le conduisant au bord de la ruine.

Tête brûlée

"Coppola est une tête brûlée", rappelle pour Tim Gray, vétéran du journalisme cinéma aux Etats-Unis qui travaille désormais pour l'organisation des Golden Globes. Il "a toujours pris d'énormes risques. Et sa carrière a défié la logique", confiait-il récemment à l'AFP.

Le géant du cinéma avait aussi évoqué le souhait de tourner une histoire d'amour "avant de partir". C'est chose faite avec le couple formé par Adam Driver et Nathalie Emmanuel ("Game of Thrones") dans "Megalopolis".

"Tout le monde espérait que Francis Ford Coppola continuerait à faire des films. On savait qu'il avait décidé de faire ce film et de le financer avec son propre argent", a raconté lundi Thierry Frémaux, le délégué général cannois, avant le coup d'envoi du Festival.

"Je trouve admirable que cet homme de 85 ans se comporte comme un cinéaste indépendant, comme un artiste qui veut venir montrer son travail. Cannes est important pour lui et lui est important pour Cannes."

Film-testament génial ou oeuvre poussive et démesurée? La presse y va de ses pronostics et a publié des témoignages de membres de la production évoquant un tournage chaotique.

Le réalisateur de la trilogie du "Parrain" n'avait plus dirigé de long-métrage depuis "Twixt", sorti en 2011, et semblait s'adonner à son autre passion, le vin, lui qui possède de nombreuses vignes.

C'était sans compter ce projet qu'il dédie à son épouse Eleanor, décédée le 12 avril, à qui il a été marié soixante ans. 

34RP64V