Le parquet de Paris classe l'enquête pour viols visant le rappeur Lomepal
L'enquête pour viols visant le rappeur Lomepal a été classée vendredi, le parquet de Paris estimant que les faits n'avaient pu être "clairement établis" au cours des investigations. Les trois plaignantes...
L'enquête pour viols visant le rappeur Lomepal a été classée vendredi, le parquet de Paris estimant que les faits n'avaient pu être "clairement établis" au cours des investigations. Les trois plaignantes envisagent de porter plainte de nouveau.
Ces femmes avaient, entre 2020 et 2024, porté plainte pour viol contre le phénomène du rap tricolore, âgé aujourd'hui de 33 ans.
Vendredi, le ministère public a classé l'enquête qui a découlé de leurs accusations: les faits n'ont pu être "clairement établis" et "les preuves ne sont pas suffisantes pour que l'infraction soit constituée", a expliqué une source proche du dossier.
"Je suis innocent", a clamé sur ses réseaux sociaux l'artiste, en annonçant le classement.
"Il y a eu des mois et des mois d'enquête de police. J'ai donné tous les éléments que j'ai pu retrouver de l'époque. Des messages, des photos, des relevés d'appel, des screens sur les réseaux..."
"Toute ma vie a été fouillée", a insisté celui qui était défendu par les avocates pénalistes Jacqueline Laffont Haik et Julie Benedetti. "Je reprends ma vie, à bientôt".
Les investigations avaient été lancées après le dépôt en 2020 de la plainte d'une connaissance du rappeur, qui l'accuse de l'avoir violée en 2017 à New York.
Une deuxième femme avait déposé une plainte fin 2023, dénonçant des faits de viol en 2018 en France.
Le conseil de cette dernière, Sacha Ghozlan, a indiqué vendredi à l'AFP envisager de déposer une nouvelle plainte, cette fois-ci avec constitution de partie civile, afin d'obtenir la saisine d'un juge d'instruction pour qu'il enquête de nouveau.
"Le parquet ne dit pas que l'infraction n'a pas eu lieu, mais que les faits sont anciens et qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments pour renvoyer devant une juridiction de jugement", a souligné Me Ghozlan.
Grande injustice
Lomepal, de son vrai nom Antoine Valentinelli, avait été confronté aux deux plaignantes fin février 2024, en garde à vue. Une troisième femme avait ensuite porté plainte en mai, ses accusations étant alors jointes à l'enquête préliminaire.
"J'éprouve un sentiment de grande injustice pour mes clientes" face à ce classement alors qu'il y a "un faisceau d'indices conséquents", a réagi auprès de l'AFP Frédérique Pollet Rouyer, avocate de la première et de la troisième plaignantes.
Ces dernières comptent aussi porter plainte avec constitution de partie civile afin d'obtenir une information judiciaire, selon leur conseil.
"Le parquet nous dit qu'il n'y a pas d'éléments médicolégaux et que le témoignage de chacune ne permettrait pas d'étayer ceux des autres", analyse Me Pollet Rouyer. Pourtant, ses clientes "se sont confiées à des proches rapidement" et "l'une d'elles a fait des examens médicaux le lendemain de peur d'avoir attrapé une maladie sexuellement transmissible".
"Elles ont toutes subi un traumatisme", insiste Me Pollet Rouyer, décrivant un "mode opératoire": "one shot à chaque fois, il ne les revoit pas après".
Reconnu pour son style et ses textes sentimentaux qui lui ont longtemps valu l'étiquette de "rap rose", Lomepal a creusé son sillon sur une scène rap très hétéroclite, collaborant avec des poids lourds comme Nekfeu, Orelsan ou Romeo Elvis.
En 2017, son premier album, "Flip", a fait de lui une star. Vint un an plus tard "Jeannine", mélancolique hommage à sa grand-mère. Son dernier, "Mauvais ordre", est sorti en 2022.
Sur le volet pénal, l'univers du rap français a récemment été marqué par plusieurs affaires de violences sexuelles, au fort retentissement médiatique.
Le rappeur marseillais Naps doit être jugé à Paris, soupçonné d'avoir violé une jeune femme pendant son sommeil à l'automne 2021. L'artiste de 33 ans a aussi été mis en examen en août à Toulon pour viols et agressions sexuelles sur trois autres femmes. Il nie en bloc.
De son côté, Moha La Squale, 29 ans, au premier album "Bendero" disque d'or en 2018, avait été mis en cause pour viol et agression sexuelle dans une information judiciaire, mais a bénéficié d'un non-lieu en mars 2024.
L'ex-star, Mohamed Bellahmed pour l'état civil, a été condamné en juillet à quatre ans d'emprisonnement, dont un avec sursis, pour des violences conjugales, séquestrations et menaces de mort envers six anciennes compagnes.
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