Produits locaux
Le panier de Charly, épicerie éco-responsable à Oresmaux
Changer de vie. Beaucoup en rêvent mais opérer ce virage à 360° n’est pas toujours aussi simple, loin s’en faut… Bénédicte Lavandier, elle y a cru, et s’est donné les moyens d’accomplir sa reconversion professionnelle. Depuis l’année dernière, elle tient le dernier commerce du village d’Oresmaux, l’épicerie de produits éco-responsables et locaux Le panier de Charly.
Avec Le panier de Charly, Bénédicte Lavandier a apporté un nouveau souffle dans le petit village de 924 habitants, qui ne comptait plus de commerces depuis quelques temps déjà. Ce projet, elle a mis plusieurs années à le concrétiser, à force de persévérance et de volonté. « Mes grands-parents et parents étaient commerçants, j’ai toujours baigné dans cet univers. Je cumulais les CDD et j’avais envie de stabilité », raconte la jeune femme de 37 ans qui élève seule son fils en situation de handicap. En 2017, elle se lance dans des formations pour opérer une reconversion professionnelle dans le commerce, décroche son diplôme de gestionnaire de petite et moyenne structure, et affine son projet au fil du temps.
« Je l’avais mis en stand by, mais avec le confinement j’ai perdu mon emploi de l’époque, ça a été le déclic, je me suis replongée dans la recherche d’un local et rapproché de structures pouvant m’accompagner humainement et financièrement », poursuit-elle. C’est là qu’elle découvre la Fondation Raoul Follereau (voir encadré), qui permet aux personnes en situation précaire de se reconvertir et de se lancer en milieu rural. « Rémi Lelong, le responsable du service Action rurale de la Fondation, continue à me suivre. C’est un accompagnement vraiment utile pour se lancer et prendre les bonnes décisions », estime la commerçante.
Produits locaux et relations humaines
« Je voulais un commerce de proximité, qui permette de nouer une vraie relation avec les clients et apporte un service complet, avec le dépôt de pain et de colis », sourit Bénédicte Lavandier qui s’est installée en avril 2021 dans les locaux de l’ancienne boulangerie du village, après six mois de travaux pour les agrandir et les mettre aux normes. Dans son épicerie de 70 m², elle propose des produits locaux de qualité : fruits, légumes, œufs, viande, yaourts, conserves… « Pour les produits d’entretien, j’ai opté pour du vrac, là encore à 90% local, ou français », complète-t-elle.
Le deuxième confinement lui a permis de se faire connaître des habitants et de les fidéliser : « J’avais organisé des marchés dans ma cour, chaque mercredi les clients pouvaient y récupérer des paniers, assortis de fiches recette, c’est un service que je continue aujourd’hui à proposer, pour des événements spécifiques, comme Halloween ou Noël », détaille Bénédicte Lavandier, qui travaille avec Charles, son fils de 15 ans, associé dans le commerce : « Je voulais qu’il y ait cette notion de transmission, il m’aide dans la boutique, connaît les habitudes des clients et il est apprécié. »
La suite ? Donner une seconde vie aux fruits et légumes, en les mettant en bocaux ou via une activité de traiteur, « j’aimerais que mon fils puisse s’en charger, il aime cuisiner mais il ne sait pas encore vers quel métier se diriger », conclut-elle.
Zoom sur la Fondation Raoul Follereau
La Fondation Raoul Follereau (FRF) accompagne depuis 30 ans des porteurs de projets en situation de précarité financière – quasiment systématiquement liée à une précarité d’emploi – voulant créer une entreprise ou la reprendre, en milieu rural, dans des communes de moins de 3 500 habitants.
Si l’accompagnement est financier, sous la forme d’un prêt de lancement à taux zéro et/ ou une subvention, il est également humain, avec pour ambition de permettre à ces personnes de se lancer dans une nouvelle vie et activité, de retrouver confiance, dynamisme et estime de soi en valorisant leurs compétences.
« Nous intervenons dans toute la France, précise Rémi Lelong, responsable du service Action rurale. La Fondation a décidé d’intensifier en 2020 son intervention en Hauts-de-France, région la plus touchée par le chômage. Nous avons noué un partenariat avec la Fondation Renault, qui nous a octroyés une subvention, ce qui a déjà permis de financer une vingtaine de projets en Hauts-de-France. »
Les projets sont de nature diverses : élevage de chèvres pour la fabrication de fromages, éco-pâturage, cultures de plantes aromatiques et médicinales, apiculture, menuisiers, petits commerces, services à la personne, etc.
Les créateurs et repreneurs peuvent solliciter la FRF, lorsque leur projet a été mûri et qu’ils ont déjà poussé la porte d’autres organismes : « Nous travaillons notamment en lien avec BGE et Initiative France active et nous sommes partenaires du dispositif Y croire et agir, qui organise un parcours de formation en plusieurs étapes pour les demandeurs d’emploi souhaitant notamment créer leur entreprise », précise Rémi Lelong qui tient à souligner l’importance de l’accompagnement humain (pendant cinq ans) et la possibilité quelques années après le lancement du projet d’un nouveau financement, une aide de "seconde marche" pour consolider ou développer l’activité.
La Fondation, dont l’action permet notamment de réduire les fractures entre villes et campagnes, a financé et accompagné en 2021, sur l’ensemble du territoire, 58 projets, pour une aide moyenne de 5 000 euros. Taux de réussite après cinq ans d’activité : 75%.