Joyau du patrimoine architectural lillois
Le Palais Rameau se métamorphose
Le chantier du Palais Rameau, patrimoine architectural situé dans le quartier Vauban à Lille, poursuit son cours pour un investissement de 11,9 millions d’euros. Visite dans les coulisses.
Le Palais Rameau se refait une beauté. Depuis septembre 2021 les travaux de réhabilitation du monument historique ont commencé. L’objectif est d’en faire jaillir un nouvel édifice incubateur de l’agriculture et de l’alimentation. Et le tout sous le pilotage de JUNIA. Ce groupement d’écoles d’ingénieurs de l’Université Catholique de Lille s’engage à entreprendre cette rénovation à sa charge. La mairie, propriétaire de la structure, a accordé au campus un bail emphytéotique de 25 ans. En échange, ils devront uniquement verser à cette dernière un euro de location par an.
Retour sur le chantier
Après avoir remis entièrement à neuf la maison du gardien, les ouvriers ont attaqué les réagencements intérieurs du Palais et de la Rotonde depuis plus de deux semaines. Celle-ci, encerclée d’échafaudages, sera accessible d’ici la fin d’année. Côté jardin, il faudra attendre printemps 2024 avant de voir les premières modifications. «Le jardin sera aménagé en dernier. Février et mars sont les meilleurs mois pour planter», explique Anne Evrard, architecte chef du projet sur les aménagements. Concernant le cœur du bâtiment, la réhabilitation prendra plus de temps. La fin des travaux est prévue pour la mi-avril 2024. Au total ce sont près de 4 000 m² qui seront rénovés, et 6 000 m² de jardin.
Un tiers-lieu ouvert au grand public
Le Palais accueillera un lieu de formation pour les étudiants et professionnels, un espace de recherches et d’expérimentations, un incubateur de projets et un jardin. Le parc sera organisé d’un potager, de plantations urbaines et de bacs hors sols. En effet, l’analyse des sols a révélé des boues contaminées de mercure et de plomb. Cependant l’Atelier 9.81, agence d’architecte urbaniste et scénographe, ne compte pas l’évacuer mais l’utiliser à bon escient. Ces dépôts serviront aux élèves pour leur pratique.
Quant à la maison du gardien attenante au Palais, elle sera ouverte sur la ville. Cette extension abritera un point de vente au rez-de-chaussée puis des bureaux à l’étage. Le terrain donnera matière à un tiers-lieu ouvert au grand public. Des conférences et expositions y seront animées. Et un restaurant y prendra également ses quartiers. 1 000 à 1 200 visiteurs pourront se tenir en même temps dans le complexe.
Un système réversible
L’enjeu du projet est ainsi de faire cohabiter les espaces réservés au public et les milieux dédiés aux étudiants et chercheurs. Pour se faire, ce projet local, modulable et évolutif a été conçu. «Les cloisonnements doivent pouvoir évoluer pour qu’un laboratoire de recherche puisse devenir un local d’enseignement, qu’un local d’enseignement puisse devenir un bureau etc», détaille Cédric Michel, architecte gérant associé à l’Atelier 9.81. Par ailleurs, le Palais Rameau est un bâtiment classé Monuments historiques. Dans ce sens, la question de la réversibilité était un point primordial. «Trois volets nous ont guidé dans les choix de mise en œuvre : la durée, l’évolutivité et le développement durable», poursuit-il. La sélection des matériaux s’est alors orientée vers une solution d’aménagements intérieurs détachés de la structure existante. Les surfaces pourront évoluer, être interchangées et modifiées.
Le Campus JUNIA s’emparera du site pour la rentrée 2024. Pour sa part, le public pourra en profiter quelques mois avant.