Le palais de la Bourse ouvre ses portes au public
La première phase des travaux du palais de la Bourse, à Lille, est achevée. Ouvert au public, il comprend désormais une galerie commerçante, et se fera lieu de passage entre la place du Théâtre et la rue de la Clef.
Sa silhouette caractéristique et son beffroi sont de toutes les cartes postales et photos-souvenirs de Lille, mais celui qui reste l’un des plus beaux monuments de Lille était jusque-là interdit au grand public. C’est désormais du passé : le palais de la Bourse, place du Théâtre, s’apprête à devenir un véritable lieu de vie, qui ne sera pas sans rappeler les passages couverts parisiens. Le Grand Hall, sous son immense verrière, sera désormais accessible à tous, pour devenir une véritable «place publique», insistent les responsables du projet. Lien entre la place du Théâtre et la rue de la Clef, il accueillera des événements et des expositions, et desservira une galerie commerçante ainsi qu’un restaurant.
La CCI a débloqué pas moins de 13 M€ pour mener à bien les travaux nécessaires, dirigés par l’architecte Philippe Prost. Les travaux se seront déroulés en trois phases : la première, achevée aujourd’hui, comprend la livraison du Grand Hall, d’une partie des bureaux de la CCI et de la vaste salle Descamps, au sous-sol. Dans un deuxième temps, c’est l’ensemble des cellules commerciales qui sera livré, et, enfin, au printemps 2017, la partie des étages réservée au locatif tertiaire.
Un Grand Hall réaménagé. Fin juin, l’inauguration de la première phase des travaux a permis de découvrir le rez-de-chaussée, le sous-sol et l’entresol sous leur nouveau jour. Un sérieux rafraîchissement, qui a coûté aux alentours de 7 M€, dont 4 à 5 M€ ont été consacrés à la seule mise aux normes du bâtiment, avec la création de nouveaux ascenseurs et le raccordement au réseau de chauffage urbain.
Le public a ainsi pu visiter un palais de la Bourse en apparence peu transformé et parfaitement respecté. «Evidemment, intervenir sur un bâtiment aussi impressionnant demande de la mesure et de la précaution, explique l’architecte Philippe Prost. Le travail mené s’appuie sur l’histoire du bâtiment et son organisation très forte, le point central étant ce hall monumental de 25 mètres sur 25, sous 17 mètres de verrière. Nous avons voulu en faire une véritable place publique couverte, ouverte pour tous les Lillois, et lui redonner un accès monumental avec la réouverture de ce grand escalier sur la place du Théâtre. Avec les futures boutiques, une ouverture sur la rue est recréée, et l’activité commerciale va pouvoir reprendre sur les deux côtés, comme il était prévu dans les plans initiaux de Louis-Marie Cordonnier. Ce bâtiment était depuis trop longtemps un bloc silencieux, comme une citadelle étanche dans la ville.»
Les transformations se découvrent par petites touches : une nouvelle banque d’accueil en marbre dans le Grand Hall, où a également été ajouté un nouvel escalier de marbre blanc, pour permettre l’accès à la galerie du Port, en symétrie de la galerie des Abonnés qui accueillera la terrasse du restaurant. «J’ai voulu que toutes les interventions effectuées dans le Palais soient blanches. Le nouvel escalier, la banque d’accueil, l’habillage de l’ascenseur ou les éclairages extérieurs sont blancs. Ce n’est pas une volonté de neutralité, mais bien d’éclairer cette architecture caractéristique de la fin du XIXe, très riche et polychrome. C’est une touche contemporaine», estime Philippe Prost.
De même les interventions sur la façade − nettoyage et ajout d’éclairage, mais aussi la création des vitrines des boutiques − ont été réalisées dans le plus grand respect de la physionomie du bâtiment, datant de 1920. Elles ne rompent en rien l’harmonie de la place, qui accueille d’autres monuments emblématiques de Lille, comme la Vieille Bourse et l’Opéra.
Cette première phase de travaux a également vu se créer les cellules commerciales. Ouvertes sur la place du Théâtre au travers de discrètes vitrines, elles sont appelées à accueillir des enseignes de luxe… ou du moins haut de gamme. «En ce moment, le luxe ne se porte pas très bien, on a donc décidé de proposer nos commerces à des enseignes davantage haut de gamme, explique Laurent Dufour, responsable du patrimoine immobilier de la CCI. C’est un succès, puisque la première boutique, de la marque belge de prêt-à-porter Bellerose, va ouvrir sur 250 m², et une deuxième s’est déjà annoncée sur 500 m². ll ne nous reste donc que deux ou trois cellules libres sur les 1 100 m² de surface commerciale créée.» Louées entre 800 et 1 200 € du mètre carré, il n’est pas sûr cependant qu’elles trouvent facilement preneurs à un moment où les galeries commerçantes lilloises peinent à trouver des locataires pour cause de loyers trop élevés.
Nouvelle salle Descamps. Au sous-sol, la grande salle Descamps a elle aussi été entièrement rénovée, et de façon bien plus visible. Destinée à accueillir des conférences et événements, elle a été équipée de gradins amovibles, qui offrent jusqu’à 300 places assises. L’équipement technique et technologique de la salle a lui aussi été entièrement revu.
Toujours dans les premiers niveaux, enfin, l’espace restauration est encore en chantier. La CCI, qui veut jouer la carte «brasserie parisienne», a reçu deux offres pour occuper l’espace du restaurant qui aura sa propre entrée sur le boulevard Carnot, une salle et une terrasse couverte, sous la coupole. L’ensemble des espaces devrait s’étaler sur 350 m² et sera livré à la fin de l’année.
5 500 m² de bureaux. Mais l’ouverture du rez-de-chaussée au grand public n’est pas le seul changement que va connaître le palais de la Bourse : la révolution se joue aussi dans les étages. 5 500 m² de bureaux ont été entièrement réaménagés et modernisés ; 2 500 m² accueilleront la centaine de salariés de la CCI qui y travaillent ; les 3 000 m² restants seront mis en location pour 190 € le mètre carré. Un tarif là encore assez élevé, pour une adresse et des prestations certes prestigieuses, mais qui pose la question de l’accessibilité pour les salariés. Les belles salles de réception en revanche, qu’il s’agisse de la salle des Séances, de la salle des Commissions ou du bureau Kuhlmann, avec leurs fresques et leurs boiseries, ont simplement été rénovées à l’identique. Elles seront ouvertes à la privatisation, pour accueillir des événements d’entreprise par exemple.
L’ensemble des travaux devraient être terminés à la fin du premier trimestre 2017, promet le chef de projet.
Encadré 1 :
Un monument signé Cordonnier
Symbole du dynamisme économique de Lille, le palais de la Bourse est inauguré en 1921. Débutés en 1910, les travaux sont interrompus par la Première Guerre mondiale. De style néo-flamand, il est dessiné par le grand architecte lillois Louis-Marie Cordonnier, qui signe ainsi son deuxième monument sur la place du Théâtre, après l’Opéra, édifié entre 1907 et 1913. En 1950, une deuxième aile est ajoutée rue de la Grande-Chaussée, qui accueille la galerie du Port et le jardin d’hiver, richement orné de fresques signées Emile Flamant. Surmonté par un beffroi de 72 mètres de haut, il est à l’origine destiné à accueillir les bureaux de la CCI de Lille et des commerces. Les évolutions du projet en décideront autrement, et le bâtiment, aux contours bien connus des Lillois, leur restera longtemps inaccessible. Dans les étages, des bureaux et salles de réception, dont le mobilier a lui aussi été signé par Louis-Marie Cordonnier, s’ornent de boiseries et de fresques à la gloire du travail, du courage et de la ville de Lille.
Encadré 2 :
Chaises musicales à la tête des CCI
Instigateur du grand chantier du palais de la Bourse, Philippe Hourdain va quitter la présidence de la CCI Grand-Lille pour prendre celle de la CCI de région jusqu’à la fusion, Philippe Vasseur ayant démissionné après sa nomination comme commissaire spécial à la revitalisation et à la réindustrialisation des Hauts-de-France. C’est Laurent Degroote qui a été élu fin juin pour à la présidence de la CCI Grand-Lille.