Transition
Le numérique, un outil incontournable pour les artisans
Habitué à exercer de nombreuses compétences en plus de son métier initial, l’artisan doit aujourd’hui plus que jamais maîtriser le numérique, outil devenu incontournable pour gagner en visibilité et faire progresser son activité.
« Dans mes diverses expériences, j’ai pu observer différentes pratiques du numérique, alors quand j’ai décidé de créer mon entreprise, j’avais déjà conscience que c’était un outil incontournable », explique Laetitia Binet, esthéticienne et prothésiste ongulaire à la tête de Relax et vous à Poix-de-Picardie. Accompagnée dans son projet par la Chambre des métiers et de l’artisanat, l’entrepreneuse a suivi tout un parcours de formations, notamment numérique. « Nous avons naturellement évoqué tout ce qu’elle allait mettre en place, cela passe notamment par le diagnostic numérique où l’on fait un état des lieux de la transition numérique de l’artisan », détaille Adeline Defer, chargée de développement économique au sein de la CMA Hauts-de-France de Boves.
Déclencher une réflexion
Au-delà du projet de Laetitia Binet, la chargée de développement de la CMA relève que si de nombreux artisans sont connectés - sur 300 artisans interrogés par la CMA, 1 sur 2 possède un site Internet et 84% sont sur les réseaux sociaux -, leur usage est souvent limité. « Le parcours d’achat des consommateurs a changé : un flyer ne suffit plus pour se développer. Lorsqu’ils ont un besoin, les clients vont sur Internet. Le diagnostic numérique agit bien souvent comme un révélateur », souligne Adeline Defer. Réalisé lors d’un rendez-vous physique ou téléphonique, le diagnostic numérique est l’occasion pour un professionnel de faire un point détaillé de son marché, ses services mais aussi sa stratégie et sa vision du numérique.
Approfondir la réflexion
Une réflexion qui aboutit majoritairement sur un accompagnement approfondi réalisé par des numériciens. « Certains ne savent pas par quelle étape commencer, d’autres ne sont pas à l’aise avec l’outil numérique. Je passe du néophyte à l’expert, il n’y a pas d’a priori », pointe Richard Laurent, chargé de développement économique au sein de la CMA Hauts-de-France, spécialiste numérique. À partir du diagnostic réalisé préalablement, le numéricien amène l’artisan à développer son identité numérique, son image, sa réputation en ligne ou encore la mise en avant de ses services.
« Il faut cultiver sa présence en ligne, cela demande beaucoup de temps. Il y a le site Internet et les réseaux sociaux mais il faut aussi être conscient qu’un outil comme Facebook va évoluer. On commence déjà à parler de monde virtuel, les artisans devront s’y intéresser », prédit Richard Laurent qui souhaite avant tout rendre les professionnels autonomes dans leur pratique numérique. Pour cela, la CMA Hauts-de-France propose deux offres sous conditions : "Flash numérique" pour les entreprises de moins de trois ans et "Booster numérique" pour les structures de plus de trois ans.
Relax et vous mise sur le numérique
Après 15 ans d’exercice, des formations complémentaires en onglerie et extension de cils, Laetitia Binet a repris un institut début décembre à Poix-de-Picardie. « C’est un vrai défi parce qu’en matière de numérique, tout est à faire. L’institut n’était pas présent sur les réseaux sociaux ni sur Google », note la dirigeante qui a décidé de créer une page Facebook et Instagram mais aussi de faire appel à Google my business pour être mieux référencée.
« Cela va me permettre d’avoir des liens directs avec mes clients, de montrer l’étendue de mes compétences », ajoute-t-elle. Tutos vidéo, jeux concours, sondages, offres promotionnelles… les réseaux sociaux donnent la possibilité de fédérer une communauté, même très locale, qui va augmenter la visibilité d’un artisan et lui permettre de capter de nouveaux marchés. « Je vais aussi mettre en place un fichier client et un système de prise de rendez-vous en ligne, c’est essentiel aujourd’hui, les consommateurs fonctionnent naturellement avec le numérique, il faut savoir s’adapter à leurs demandes », sourit Laetitia Binet.