Le Nord-Pas de Calais, pionnier de la chimie du végétal ?

L’Institut français des matériaux agro-sourcés (Ifmas), destiné à valoriser la chimie du végétal en région, vient d’être labellisé “Institut d’excellence sur les énergies décarbonnées”. A ce titre, il bénéficiera d’une dotation de 30,8 millions d’euros pour imaginer des matériaux innovants à partir de ressources végétales locales. Alors à quand des sacs plastique en fécule de pomme de terre ?

La chimie du végétal, une alternative pertinente basée sur un modèle économique local.
La chimie du végétal, une alternative pertinente basée sur un modèle économique local.

 

La chimie du végétal, une alternative pertinente basée sur un modèle économique local.

La chimie du végétal, une alternative pertinente basée sur un modèle économique local.

Un premier pas ! Cette labellisation est une étape cruciale vers une production différente, non plus issue du pétrole mais des ressources végétales locales. D’autant plus que la filière de la chimie du végétal, en phase de développement, nécessite un fort investissement de la part des élus et des acteurs économiques. Avec en chef de file Marc Roquette, PDG de Roquette frères, un des leaders mondiaux de l’industrie amidonnière, l’Ifmas a pour ambition d’inscrire la France comme leader de la chimie du végétal. “Quand Roquette est né en 1993, la chimie du végétal était déjà présente puisqu’on utilisait de la fécule de pomme de terre pour l’industrie textile. Notre philosophie chez Roquette ? Que la chimie du végétale dépasse la chimie pétrolière. L’Ifmas est la confirmation que nous avons vu juste. Mais ce n’est pas une satisfaction solitaire : il faut faire de l’innovation ouverte en rassemblant les compétences publiques et privées”, espère Marc Roquette. En étudiant la transformation des matières premières et la mise en valeur des plastiques végétaux, l’Ifmas vise de nombreux marchés : les peintures, les emballages, le bâtiment, les transports, les équipements électriques, électroniques et le médical. Porté par des entreprises, le pôle de compétitivité Maud et des universités, le laboratoire IFMAS devrait réunir plus de 150 enseignantschercheurs sur le campus scientifique de Villeneuve-d’Ascq, à proximité immédiate de l’institut Michel-Eugène-Chevreul, pôle eurorégional dans le domainde des molécules et matériaux.

Douze entreprises partenaires. L’Ifmas réunit, dans un actionnariat public/privé équilibré (50/50), aussi bien des partenaires industriels (Florimond- Desprez, Mäder, Roquette…), que scientifiques (Inra, CNRS, Ecole des mines de Douai…) ainsi que le pôle de compétitivité Maud. A ce jour, douze entreprises et organismes y sont déjà associés : CVP, Malengé Graphic, Néo-Eco, Pellenc, Plage SA, Schneider Electrics, Sealock, Unipackaging, Comité Nord plant, Pôle d’excellence plasturgie, Groupement des industries de la plasturgie et pôle Team2. “Nous voulons faire émerger une filière locale ambitieuse”, poursuit Marc Roquette. D’autant plus que le Nord-Pas-de-Calais n’a pas à rougir de ses atouts : une agriculture forte, des acteurs de la chimie fine (comme Roquette ou Mäder, etc.), des forces qui, ensemble, seront un accélérateur de solutions innovantes issues du végétal. L’Ifmas accompagnera les partenaires en soutenant leurs projets de recherche et aidera à promouvoir cette filière encore balbutiante. Avec un objectif de taille : produire 20% du plastique européen avec des ressources végétales, créer 5 000 emplois sur les dix prochaines années et économiser entre 500 000 et 600 000 tonnes de CO2 par an. Même si la fin des sacs plastique issus du pétrole n’est pas encore pour demain, l’Ifmas représente un bel espoir pour le développement de la chimie du végétal.