Le monde économique vent debout

L’annonce d’un projet de loi sur la départementalisation de la justice qui pourrait priver Dunkerque de son tribunal de grande instance mobilise fortement les avocats du barreau. Ils ont été rejoints par l’ensemble du monde économique et politique local, prêts à tout pour sauver Dunkerque d’une «catastrophe économique».

De gauche à droite, Paul Christophe, député, François Lavallée, président de la CCI Littoral-Hauts-de-France, Me Jean-Pierre Mougel, bâtonnier du barreau de Dunkerque, et Thierry Malot, président du Medef Littoral Côte d'Opale, unis pour la défense du TGI de Dunkerque.
De gauche à droite, Paul Christophe, député, François Lavallée, président de la CCI Littoral-Hauts-de-France, Me Jean-Pierre Mougel, bâtonnier du barreau de Dunkerque, et Thierry Malot, président du Medef Littoral Côte d'Opale, unis pour la défense du TGI de Dunkerque.

Ce sont les avocats du barreau de Dunkerque qui ont d’abord alerté : selon eux, le tribunal de grande instance de Dunkerque (TGI) est en danger, menacé par un projet de loi en préparation qui pourrait valider la départementalisation de la justice. En clair, si la loi est votée, toute la justice du département du Nord se concentrerait à Lille, au détriment de territoires comme Dunkerque, dont le tribunal ne serait plus qu’une «coquille vide». «Avec environ 80 avocats à Dunkerque, qui salarient en moyenne deux personnes, c’est un véritable plan social auquel Dunkerque doit se préparer, s’alarme Jean-Pierre Mougel, bâtonnier du barreau de Dunkerque. Quand on voit à quelle désertification a conduit la fermeture du tribunal d’Hazebrouck, on ne peut qu’avoir des craintes pour Dunkerque. Nous dénonçons cette déshumanisation et cette industrialisation de la justice qui ne permettront plus aux citoyens de s’y retrouver, avec des délais de traitement des dossiers qui vont s’allonger à n’en plus finir et des kilomètres à effectuer pour rencontrer ne serait-ce qu’un avocat.»

Une fronde collective

Dans leur combat, les avocats de Dunkerque peuvent désormais compter sur des alliés de poids : élus locaux et acteurs économiques, le MEDEF Littoral Côte d’Opale et la CCI Littoral Hauts-de-France en tête, dénoncent en effet, à leur tour, ce projet. Avec les professionnels de la justice, ils ont tenu une conférence de presse commune fin février afin d’exprimer leur point de vue. «La fermeture du tribunal porterait un tort considérable au port, au commerce et à l’industrie du territoire, argumente François Lavallée, président de la CCI Littoral Hauts-de-France. En tant qu’entreprises, nous avons besoin d’un tribunal à proximité de nos affaires. La justice doit nous rendre les services pour laquelle nous la payons. Si demain le tribunal de Dunkerque n’est plus en mesure de rendre ces services, je crains qu’un grand nombre de sièges sociaux installés à Dunkerque ne migre vers Lille.» Tous fustigent aussi ce choix qui est fait depuis Paris, sans tenir compte des disparités de territoires. «L’agglomération dunkerquoise, c’est 350 000 habitants, bien plus que certains départements français, renchérit François Lavallée. On ne peut quand même pas priver un tel nombre de personnes d’un tribunal compétent !» Soutenus par les députés Christian Hutin et Paul Christophe, ainsi que par le maire de Dunkerque Patrice Vergriete, le monde économique entend maintenant plaider directement sa cause auprès de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Un courrier en ce sens lui a déjà été envoyé.