Recrutement

Le modèle Geiq plus pertinent que jamais

Les Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq), initiés en 1991, sont au cœur des politiques d’emploi des territoires, en proximité directe avec les entreprises. Ce levier d’insertion répond à la problématique des métiers en tension. Douze Geiq opèrent en Grand Est.


Les entreprises des Geiq représentent plus de 20 filières professionnelles. © D.R.
Les entreprises des Geiq représentent plus de 20 filières professionnelles. © D.R.

Les Geiq sont des associations pilotées et gérées par leurs entreprises adhérentes, mobilisées pour favoriser l’insertion des personnes éloignées du marché du travail grâce à l’alternance. Les adhérents mutualisent ainsi un outil de recrutement, de qualification et d’accompagnement de leurs futurs collaborateurs. C’est en 1991 que fut créé le premier Geiq sur cette problématique partagée de recrutement. Aujourd’hui, 205 Geiq sont labellisés avec 353 implantations sur le territoire français. Les entreprises adhérentes représentent plus de 20 filières professionnelles : BTP, propreté, industrie, transports, service à la personne… La Fédération française des Geiq, avec à sa tête Pierre Lobry, a vocation à représenter les Geiq qu’elle labellise annuellement, en partenariat avec l’État, et à promouvoir le développement de son modèle dans le cadre des politiques d’emploi et d’insertion professionnelle. Le Comité régional des Geiq du Grand Est fut lancé en 2022, présidé par Jean-Claude Caillaud, afin de les unir en réseau. Il rassemble 12 Geiq, à Mulhouse, Troyes, Metz, Sedan, Schiltigheim, Reims, Maizières La Grande Paroisse, Villers-lès-Nancy, Maxéville, Épinal - pour 36 implantations - et fédère 542 entreprises adhérentes, dont la moitié ont moins de 50 salariés. En 2023, 647 contrats de travail avaient été signés dans le cadre du dispositif Geiq (71 % de contrats de professionnalisation, 28 % de contrats d’apprentissage), dont 84 % au bénéfice de publics prioritaires : jeunes de moins de 26 ans sans qualification, personnes éloignées du marché du travail depuis plus d’un an, issues de quartiers ou zones prioritaires, en situation de handicap, bénéficiaires des minima sociaux ou encore sous statut de la protection internationale. Parmi eux, 88 % ont obtenu leur qualification et 65 % un emploi à l’issue du parcours (55 % vers l’emploi durable). En 2023, 640 avaient été embauchés (âge moyen de 27 ans) et 1 059 étaient en parcours. Des résultats efficaces.

Les Geiq réactifs aux crises

Le dispositif Geiq permet de lever les freins à l’emploi : mobilité, démarches administratives, logement, financier, santé... Stéphanie Bathelier, déléguée régionale pour le Comité régional des Geiq du Grand Est, animatrice pour la fédération des Geiq en région Bourgogne Franche-Comté, revient sur les modalités : «Une entreprise peut nous contacter. Ensemble nous évaluons ses besoins et définissons une fiche de poste. Durant son parcours, allant de 6 à 24 mois, le salarié reste salarié du Geiq, mis à disposition par ce dernier au sein d’une ou plusieurs entreprises afin de mettre en place son alternance. À l’issue de cette période d’accompagnement et de mise à disposition, les entreprises ont la possibilité d’embaucher le salarié. Un suivi par nos équipes est engagé auprès des salariés: cela vaut pour l’acquisition des compétences, le renforcement du lien avec le tuteur, l’intégration dans l’entreprise. Le salarié bénéficie également d’un accompagnement social, notamment pour des démarches qui pourraient être un frein à la suite de son parcours.» L’été dernier, Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, et Pierre Lobry, ont signé le renouvellement du partenariat entre leurs deux structures. À l’heure où les mutations sociétales impactent la sphère travail, où les recrutements n’échappent pas à cette quête de sens, le modèle Geiq est un levier d’insertion pour de nombreuses personnes sans qualification, avec peu d’expérience, et propose aux entreprises des profils différents répondant à leurs besoins en main-d’œuvre dans les secteurs en tension. Dans un contexte d’incertitudes socio-économiques, la Fédération française des Geiq demeure en veille sur les évolutions émanant du législateur quant au plan d’économies budgétaires. On a vu récemment son président Pierre Lobry s’inquiéter de ce décret visant à supprimer l’aide de 6 000 € pour les contrats de professionnalisation. Comme le rappelle Stéphanie Bathelier «la force du modèle Geiq est de s’adapter, d’innover. Cela passe par la formation, la mutualisation. Il a traversé depuis 1991 toutes les crises, est en sorte un résilient XXL. Nous accompagnons les entreprises dans leurs problématiques RH, développons l’autonomie. Pour cela, nous avons choisi de prendre le temps pour chaque situation, de favoriser le sur-mesure et l’hyper proximité.»