Edito

Le mirage olympique

Le 6 juillet 2005, pour l’attribution des Jeux olympiques 2012, Londres coiffait Paris sur le fil en exploitant cet argument un rien démagogique «les JO de Londres assureront un futur à la jeunesse du monde entier». La capitale française sera dans cinq mois l’hôte de cet événement planétaire aux retombées économiques et touristiques évidentes.

Le mirage olympique

Rares sont les Olympiades, contrairement à une idée reçue, qui ont été déficitaires. Certains les verront comme une parenthèse estivale. Le président du comité d’organisation, Tony Estanguet, appelant «à une trêve sociale». Tout n’est pas idyllique dans l’organisation de ce type d’événements. On se souvient des dernières Olympiades à Sotchi en Russie, Pékin. De la récente Coupe du monde au Qatar. Des exemples où la question des droits de l’homme et de la femme furent édulcorés. Ces Jeux de Paris se veulent comme «populaires» et «écologiques». Tout cela aura l’irrationalité de l’éphémère : les joies immenses, les déceptions vives, la liesse, les drapeaux brandis. Et ne résoudra en rien nos maux hexagonaux. La victoire de la bande à Zidane un soir de juillet 1998 exaltait une France «black, blanc, beur». Moins de quatre ans après, c’était le 21 avril 2002. Les Jeux de Londres qui voulaient remettre la population au sport n’ont pas endigué un fléau : de plus en plus de jeunes britanniques sont touchés par l’obésité. Paris 2024 attise l’orgueil national : au plus haut sommet de l’État, on aspire à une soixantaine de médailles. Lors des JO de Rio en 2016, la moitié des 450 participants français gagnaient moins de 500 € par mois. Le judoka Thierry Riner déclarait il y a peu : «La France n’est pas un pays de sport, je suis désolé. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui, qu’il y a cet entrain, qu’on voit des personnes faire du sport… Le sport, c’est vital (...). Certains champions d'Europe, du monde ou olympiques n'arrivent pas à combler le mois, pourtant ils méritent !» Que le sport reste au sport. Apprécions le simple geste sportif : celui de l’esprit olympique originel et non dévoyé.