Le milliardaire Frank McCourt convoite TikTok pour créer un "nouvel internet"

Le milliardaire américain Frank McCourt, propriétaire de l'Olympique de Marseille, envisage de racheter TikTok pour sauver internet des griffes des grands réseaux sociaux qui, selon lui, détruisent la société...

Le milliardaire américain Frank McCourt s'exprime lors d'une interview à la conférence technologique Collision 2024, à Toronto au Canada, le 18 juin 2024 © Cole Burston
Le milliardaire américain Frank McCourt s'exprime lors d'une interview à la conférence technologique Collision 2024, à Toronto au Canada, le 18 juin 2024 © Cole Burston

Le milliardaire américain Frank McCourt, propriétaire de l'Olympique de Marseille, envisage de racheter TikTok pour sauver internet des griffes des grands réseaux sociaux qui, selon lui, détruisent la société et mettent les enfants en danger.

Connu aux Etats-Unis comme ancien propriétaire de l'équipe de baseball des Dodgers de Los Angeles, le magnat de l'immobilier s'insurge depuis des années contre la mainmise des géants de la tech qui "nous manipulent".

"Et c'est pourquoi nous voyons partout dans les sociétés libres que le monde va mal", déclare-t-il dans un entretien à l'AFP, faisant référence à la montée de l'extrême droite en France qui pourrait remporter une majorité des sièges lors des prochaines élections législatives.

"Il y a beaucoup d'agitation, beaucoup de chaos, beaucoup de polarisation. Mais les algorithmes fonctionnent bien. Ils nous maintiennent dans cet état constant", explique le milliardaire avant d'ajouter qu'il "est temps de changer cela".

Cette défiance envers internet, qu'il qualifie de "prédateur", Frank McCourt l'attribue aux dangers que ces plateformes font peser sur ses sept propres enfants.

"Nous observons des cas d'anxiété, de dépression et une véritable vague de suicides chez les enfants", pointe-t-il en marge de la conférence technologique Collision à Toronto.

Open source

Face à ces enjeux, le milliardaire milite pour un "nouvel internet" qui, selon lui, reprendrait le contrôle du web aux grandes plateformes telles qu'Instagram, YouTube, TikTok ou X.

"Ces plateformes disposent de centaines de milliers d'attributs individuels sur chacun d'entre nous", détaille le septuagénaire, faisant référence à nos habitudes, notre localisation, mais aussi notre "façon de penser, nos émotions, nos réactions, notre comportement".

A l'inverse, sa vision d'un nouvel internet se traduirait par un système au code source ouvert ("open source"), un protocole décentralisé où les utilisateurs contrôlent leurs propres données, quels que soient les réseaux sociaux qu'ils utilisent.

L'acquisition de TikTok donnerait à son projet, connu sous le nom de Project Liberty, une nouvelle ampleur grâce à la contribution de millions d'utilisateurs, pour la plupart des jeunes, souligne-t-il.

Project Liberty compte parmi ses soutiens le pionnier d'internet Tim Berners-Lee, ainsi que Jonathan Haidt, professeur à l'université de New York, dont le dernier livre, "The Anxious Generation", fait valoir que les effets des réseaux sociaux sur les jeunes sont dévastateurs.

Antidémocratique

Mais le milliardaire américain n'est pas le seul à convoiter le réseau social, dont la maison-mère ByteDance est chinoise. L'ancien secrétaire au Trésor de Donald Trump, Steven Mnuchin, a également démontré son intérêt.

Ces propositions, que certains jugent farfelues, font suite à un projet de loi signé par le président américain Joe Biden en avril, qui donne à TikTok 270 jours pour trouver un acheteur non chinois, sous peine d'être interdit dans le pays.

"Washington craint que les données de 170 millions d'Américains ne soient récupérées et envoyées en Chine, ce qui constitue bien entendu une menace pour la sécurité nationale", estime Frank McCourt.

Toutefois, il n'est pas certain que le réseau social finisse par être mis en vente. La société conteste actuellement la loi devant les tribunaux américains et Pékin a affirmé qu'il n'accepterait pas de céder le produit d'une des plus grandes entreprises technologiques du pays.

Même si cette vente n'aboutit pas, Frank McCourt espère que le sujet permettra "aux gens de se rendre compte que leurs données sont récoltées et envoyées quelque part", même sur d'autres plateformes.

"Peut-être qu'elles ne vont pas en Chine, mais elles vont quelque part contrôlé par quelqu'un qui a tout sur vous, et cela n'est pas normal. C'est antidémocratique", assure-t-il.

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