Le Medef plaide pour une relance sans augmentation d'impôts
Eco-chèque pour les ménages, aide aux entreprises qui embauchent des apprentis... Le Medef présente ses propositions pour la relance. Enjeu immédiat : éviter que le début de reprise ne s'enlise dans l'attentisme des agents économiques.
Keynésien ? Plutôt «pragmatique», affirme Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. Ce 28 mai, lors d’une conférence de presse en ligne, il présentait des propositions pour une «relance durable». A la clé, une série de mesures très concrètes, non chiffrées, qui concernent à la fois la demande et l’offre.
Le «fil rouge», explique Geoffroy Roux de Bézieux, c’est la nécessité de retrouver de la confiance entre toutes les parties prenantes de l’économie, dans un contexte, où «on découvre au fur et à mesures des difficultés, et aussi des opportunités. (…) Le risque que nous voyons, c’est un phénomène d’attente de tous les acteurs économiques. Les salariés attendent que les transports publics soient plus sûrs ou que les écoles reprennent ; le secteur du bâtiment, les commandes des collectivités ; les consommateurs, d’avoir confiance dans l’avenir pour acheter. Il existe un risque très important de rester dans cette économie durant plusieurs mois», détaille Geoffroy Roux de Bézieux.
Pour parer à ce risque, «quasi simultanément», il faudrait des mesures pour encourager la demande, – et détourner les capitaux privés de l’épargne – et d’autres pour favoriser l’offre. Le Medef propose en particulier une mesure «coup de fouet», inspiré des Belges, «l’éco-chèque». Distribué aux ménages, sous conditions de ressources, il devrait être augmenté d’une contribution du consommateur, pour servir à l’achat de biens comme de la nourriture bio, un vélo électrique, du matériel d’isolation… «Tout ce qui peut être labellisé comme ayant un impact positif sur l’environnement», précise Geoffroy Roux de Bézieux. D’après le Medef, cette solution devrait permettre d’éviter les écueils de l’«hélicoptère money», employé par Donald Trump, à savoir, abonder l’épargne et accélérer les importations.
Le Medef préconise aussi d’autres mesures destinées à détourner les Français de l’épargne, comme l’exonération d’impôt sur les dons intergénérationnels, sous un plafond de 30 000 euros. Côté entreprises, des mesures pourraient être prises pour soutenir leur trésorerie : le Medef propose ainsi le remboursement par anticipation de certains crédits d’impôt (CICE, crédit d’impôt recherche).
«Le Medef milite pour une prime de 10 000 euros aux entreprises qui recrutent un apprenti»
Une «boîte à outils pour éviter les PSE»
Mais «cela ne suffira pas. Il faut un volet offre», estime Geoffroy Roux de Bézieux. Afin de palier la progressivité de la reprise, le Medef propose une «boîte à outils pour éviter les PSE», plans de sauvegarde pour l’emploi, complémentaire au chômage partiel. Une mesure serait adaptée pour certains secteurs, et, en particulier, pour les entreprises industrielles en sous-activité, mais disposant d’une visibilité à moyen terme : elles pourraient recourir à un temps partiel imposé, dont la perte de revenu serait compensée, selon un financement à définir.
Parmi les autres préconisations du Medef, «il est important de rétablir rapidement les conditions de circulation des biens et des personnes, en Europe», ajoute Geoffroy Roux de Bézieux. Le sujet concerne tout à la fois l’offre – pour les saisonniers de l’agriculture – et la demande, pour le tourisme. Le Medef milite également pour une exonération de cotisations de 12 mois pour le premier CDI (contrat à durée indéterminée) d’un jeune, et une prime de 10 000 euros, aux entreprises qui recrutent un apprenti.
Pour autant, «ces mesures de court terme ne suffiront pas», prévient encore Geoffroy Roux de Bézieux, qui appelle à une accélération de la mise en œuvre de la stratégie industrielle du Pacte Productif, retardé. Transition écologique, souveraineté économique, impératifs de la numérisation des entreprises, transformation des modalités de travail, avec l’émergence du télétravail… Autant d’enjeux nouveaux, ou devenus encore plus vitaux, auxquels doit s’adapter l’économie, d’après le Medef. Dans ces analyses nouvelles, la manière dont le syndicat patronal considère la fiscalité n’a pas évolué. Il demande ainsi la suppression de la C3S, contribution sociale de solidarité des sociétés, et une réduction du taux de CET, contribution économique territoriale. Et il reste hostile à la taxation des hauts revenus. «Nous allons avoir besoin d’actionnaires, de capitaux», commente Geoffroy Roux de Bézieux.