Le marketing au service de l’art contemporain

Quand un artiste rencontre un spécialiste de la communication et du marketing, l’association fait des étincelles. Et l’art devient… rentable.

La rencontre était improbable. Mais elle a eu lieu grâce à l’obstination de la femme de l’artiste, persuadée que Bernard Paccou, homme de pub et communicant, et son mari Philippe Macquet, artiste et cofondateur de la web-agency lilloise Silicon Salade, avaient des choses à faire ensemble. Ce sont les tableaux pixelisés par Philippe Macquet qui vont faire le lien entre les deux hommes. Et donner naissance à Philart, nom de la société créée par Bernard Paccou dans laquelle il est l’agent exclusif de l’artiste.

Un produit artistique original. Les deux partenaires, tous deux chefs d’entreprise, vont croiser deux grandes tendances du moment pour en faire un nouveau produit : l’article 238 bis AB du code général des impôts sur le soutien aux artistes contemporains par la défiscalisation d’un achat d’œuvre d’art, et le travail artistique si particulier de Philippe Macquet pour le dédier… aux entreprises et aux personnes célèbres. Fan de Street Art, l’artiste ne découpe plus les pochoirs dans du carton, mais par informatique. «Je réalise des pochoirs numériques avec des photos en couleurs que je convertis en noir et blanc avant de travailler la composition», explique-t-il. La palette graphique remplace les crayons et permet de réaliser des effets de pixelisation impossibles sur le papier. L’originalité du travail réside dans la superposition des pochoirs – «ne lui parlez surtout pas de collage !», conseille Bernard Paccou – et dans leur colorisation. «Chaque tableau raconte une histoire : celle d’un homme ou d’une entreprise dont on fait le portrait», précise-t-il.  Le commanditaire du tableau peut proposer jusqu’à une quinzaine de photos d’éléments clés : des collaborateurs, un ancien siège social et le nouveau, un produit phare, un logo, une couleur, etc. Le tirage en très grand format (2 m x 1,50 m) sur une bâche spécialement mise au point par l’artiste participe à faire du tableau une œuvre spectaculaire. 

J.-C. Casadesus, par Phil Macquet, 2012.

Giphar, Assystem, Partouche pour les 40 ans du groupe ont été séduits par la démarche. Parmi les célébrités, Jean-Claude Casadesus a reçu son portrait en cadeau d’anniversaire, mécéné par Rabot-Dutilleul. L’univers du show-biz, celui de la mode et du sport sont aussi des débouchés potentiels identifiés par les deux partenaires. Un accord signé avec une société de production audiovisuelle leur a permis de faire les portraits de Diane de Furstenberg à New York et de Paul Smith à Londres, et de leur livrer. Avec succès, à leurs dires, puisque d’autres commandes prestigieuses seraient en cours. Le duo ne veut pas en rester là pour autant. Philippe Macquet met sa connaissance numérique au profit de son art et compte bien «faire parler la toile» en lui insérant des applications de sons et d’images. A voir… et à entendre.