Le marché de l'électroménager reste stable, le petit électroménager en forme
Avec 1% de croissance en 2024, le marché de l'électroménager reste stable, selon le Gifam, qui réunit des fabricants. L'évolution des ventes de ces produits présents dans tous les foyers témoigne des tendances d'une société passionnée de cuisine et soumise aux aléas du climat.

Stabilité.
Le 12 février, le Gifam, qui représente des fabricants
d'électroménagers, a dévoilé
un état des lieux du marché en 2024 : 9,6 milliards d'euros
de chiffres d'affaires, en croissance de 1% par rapport à l'année
précédente. « La
croissance a été portée par le petit électroménager qui a connu
sa meilleure année de la décennie »,
a commenté Chystelle Comparato, directrice de l'expertise tech et
durable chez GfK-Nielsen IQ. Le petit électroménager (PME) a crû
de 8% pour atteindre 4,03
milliards d'euros de chiffre d'affaires. Les différentes catégories
de PEM ont connu des évolutions très différentes. La plus
importante, l'entretien des sols ( 32% du chiffre d'affaires) a
bénéficié d'une importante croissance ( + 11,4%). C'est également
le cas de la catégorie beauté et bien-être et de celle de la
cuisson des aliments qui représentent chacune 17% du chiffre
d'affaires. Elles ont crû
respectivement de 10,5 et 24,4%. Le petit déjeuner, autre marché
important (16% du chiffre d'affaires) a, lui,
diminué
de 2,1%.
De son côté, le marché du gros électroménager (GEM) a reculé de 3,9% pour atteindre 5,6 milliards d'euros. Historiquement, ce marché est en baisse depuis 2021, mais il demeure au-dessus de son niveau d'avant le Covid de 5,4%. Il représentait 5,32 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2019. Les différents segments qui composent la famille du GEM ont évolué de manière diverse en 2024. Le lavage qui pèse pour 39% du marché a crû de 1,3%. En revanche, les produits pour la cuisson (32 % du marché) ont chuté de 6,3% et ceux dédiés au froid (28 % du marché) de 7,7%. Pour 2025, le Gifam s'attend à une stabilité globale ou un léger recul de son activité(+ 4% pour le PEM et -1% pour le GEM).
Air
Fryer et déshumidificateurs
Au-delà des enjeux économiques, l'évolution des ventes des électroménagers témoigne des mouvements qui traversent la société, tant ces objets sont présents dans la vie quotidienne des Français : chaque foyer compte en moyenne 7,3 GEM et 22,7 PEM, selon le Gifam. La courbe des ventes des PEM, par exemple, dit la rupture qu'a constituée le Covid. « Jusqu'alors, ces marchés avaient un rythme relativement stable, prévisible, entre plus ou moins 5% », commente Véronique Denise, présidente du Gifam. La pandémie qui a obligé les Français à rester chez eux, à y prendre tous les repas, a provoqué un pic d'achat suivi d'un rééquilibrage. La baisse actuelle des ventes de GEM se superpose à celle des ventes dans l'immobilier ancien. « Dans 80% des cas, lorsque l'on rénove une cuisine, on achète des GEM. La réduction des transactions immobilières dans l'ancien ampute ce marché », observe Laurent Cours, directeur études et statistiques du Gifam. Les succès foudroyants de produits comme le Airfryer confirment l'amour des Français pour la cuisine : huit sur 10 d'entre eux considèrent que cuisiner maison est important. Et ils souhaitent aussi avoir une alimentation plus saine. Résultat, le Air Fryer – dont les ventes ont été multipliées par dix en trois ans- a représenté 271 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024. 27% des foyers sont en aujourd'hui équipés.
Les technologies qui se renouvellent entrent aussi dans
les cuisines, les
salles de bains : 2,8 millions de foyers seraient équipés
d'au moins un appareil de GEM connecté, selon le Gifam. Le
changement, les variations climatiques se répercutent aussi dans les
achats d’électroménager. Selon Météo France, 2024 se classe
parmi les 10 années les plus pluvieuses depuis 1959. Résultat, les
déshumidificateurs qui n'équipent que 4% des foyers ont connu une
croissance de 63% en
valeur.
Les
ventes de sèche-linges aussi ont augmenté.
Réparer
et économiser de l'énergie
Le
marché de l'électroménager est pleinement concerné par les enjeux
de durabilité de ses produits, avec plusieurs conséquences. Parmi
les tendances émergentes, le recours des consommateurs au « bonus
réparation », ce dispositif public prévoyant une aide
financière pour les particuliers qui font réparer leurs produits.
« Il est de plus en plus familier aux Français. En 2024, le
nombre de réparations a été multiplié par quatre »,
constate Olivia Guernier, déléguée générale du Gifam. Au total,
sur les 715 000 réparations effectuées, 45% concernent les GEM. Et
si les smartphones figurent en tête des produits réparés (313
871), ils sont suivis des lave-linges (82 815) et lave-vaisselles (79 335). L'an dernier, ces derniers ont bénéficié d'une
augmentation du bonus passé de 25 à 50 euros. Par ailleurs, les
procédures de labellisation des réparateurs ont été simplifiées.
« La moitié des consommateurs considèrent
que le frein financier a un impact décisif dans le choix
de faire réparer un appareil. Ce frein est en partie levé. Il
reste celui de la pénurie des réparateurs, qui reste effectif »,
pointe Olivia Guernier. La profession se mobilise, promet-elle.
En 2025, un dispositif nouveau va entrer en fonction : l'indice de réparabilité sera remplacé par un indice de « durabilité », plus large, qui comprend des critères supplémentaires comme la résistance à l'usure. Le 8 avril, il entrera en vigueur pour les lave-linges. «Cela répond à une demande des consommateurs : 84% des Français disent qu'ils sont d'accord pour payer plus cher un gros électroménager pour qu'il dure plus. (…) Cette attente des consommateurs se traduit dans les ventes », commente Olivia Guernier. En 2024, les aspirateurs dont l'indice de réparabilité est supérieur à 8,1/10 affichent une croissance en volume des ventes de 14%, contre 5% du total de la catégorie, et les lave-linges les plus économes en énergie (classe A) de 86% contre 4% pour l'ensemble de la catégorie.