Le marché communautaire,formule efficace et humaniste
Le 16 octobre dernier à Sinle- Noble, la CA du Douaisis a inauguré le premier marché communautaire dû à une collectivité territoriale. Voilà enfin la reconnaissance de la viabilité des circuits courts jusque-là initiés par les Amap et autres structures privilégiant la vente en direct du producteur au consommateur en un lieu qui retisse des liens sociaux.
Ils sont 37 producteurs (dont deux partenaires de l’opération) du territoire de la communauté d’agglomération du Douaisis à avoir accepté de figurer dans un guide joliment intitulé “De la terre à la table, carnet des producteurs locaux”. Cette nomenclature, qui rassemble l’ensemble des professions, du maraîcher à l’héliciculteur britannique installé sur les terres de Gayant, n’est pas réservée à la seule filière biologique même si y figure un membre d’une Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) ou des exploitants limitant au maximum les engrais non naturels. Christian Poiret, le président de la CAD, fait aussi état d’une enquête régionale montrant que 94% des 6 400 personnes interrogées sont prêtes à privilégier les produits locaux qui ne nécessitent pas de longs déplacements.
Un cocktail vitaminé ! Ainsi les circuits courts montrent-ils leurs avantages sur les modes classiques de distribution1. Avec des déplacements courts pédestres, en deuxroues, en transports en commun ou en voiture mais de faible amplitude, on limite l’émission de gaz à effet de serre ; on renoue avec le bon vieux marché de quartier où tout le monde se connaît, favorisant la mixité sociale ; on ramène à la surface ces produits de saison que beaucoup ne connaissant pas puisqu’on trouve dans les grands circuits des fraises espagnoles en décembre. Le social par la mixité et des rapports humains conviviaux enfin retrouvés, la pédagogie par la lutte contre la malbouffe, la connaissance des producteurs locaux identifiés par une signalétique sympathique et personnalisée imaginée par les services de la CAD (totems et affiches placardés un peu partout avec photo, profession de foi, liste de produits disponibles, etc.) et des prix adaptés et bien compris : voilà le cocktail qui sera proposé régulièrement par les élus en un lieu fixe à définir bientôt. On songe très logiquement pour l’instant à l’écoquartier du Raquet. Mais il est vraisemblable qu’un autre endroit sera choisi à Douai-Centre.
Déontologie et complémentarité. Mais le président, qui a eu l’idée dès 2009 d’importer chez nous cette initiative de promotion par des élus des circuits courts, suite à un voyage d’études en Loire-Atlantique, veut un endroit dédié qui crée chez le consommateur des éco-habitudes et profite à un quartier. “Je ne veux être qu’un facilitateur, explique-t-il, en mettant en présence le producteur et le consommateur, sans nuire aux grands circuits de distribution. Il ne s’agit pas des mêmes demandes, des mêmes produits, de la même logique d’achat. Les deux sont complémentaires mais n’ont pas de but commun, sur le plan social par exemple. J’ai voulu aussi encourager l’activité des exploitants dont les marges sont limitées. Je m’adresse enfin à des zones à la fois rurales et urbaines et je crée des réseaux s’appuyant certes sur des échanges économiques concrets, mais aussi sur une vraie déontologie. Les membres de notre réseau signent une charte et s’engagent à la respecter.”
Se réconcilier avec le monde agricole. La CAD est dans son rôle, elle qui aide les créations de TPE-PME en milieu rural à hauteur de 6 000 € par emploi créé. Elle a aussi restauré par exemple la “Maison du meunier” à Arleux voilà quelques années, pour en faire un estaminet, loué dans un premier temps à un porteur de projet, puis vendu à ce dernier, voyant son CA augmenter. Ce qui plaît aussi à Christian Poiret, c’est de prendre à contre-pied quelques idées reçues : “Le monde agricole nous voit un peu beaucoup comme des vilains élus tout juste bons à créer des zones d’activité au détriment des terres agricoles. Je dis juste que si on a pris des terres, c’est parce qu’on avait utilisé toutes nos friches. Il ne reste à la CAD que 57 hectares. Je rappellerai enfin qu’avec ces circuits courts, je souhaite engendrer la création d’emplois stables comme les 128 que nous avons déjà aidés. Et ça, ça profite à tout le monde à terme. Notre opération exclut le particulier qui fait du miel par exemple, on s’adresse aux exploitants et petits entrepreneurs clairement identifiés.” Le guide, tiré à 10 000 exemplaires, est disponible chez chaque exploitant, à la CAD à Douai-Dorignies, peut-être plus tard dans les mairies de la CAD.