Le Louvre-Lens comme outil de développement économique
Enfin inauguré et ouvert au public, le musée du Louvre-Lens est perçu comme un moteur du développement économique local et régional. La région, qui a beaucoup investi dans ce projet, espère qu’il sera synonyme de renouveau à l'instar du Centre Pompidou à Metz ou du musée Guggenheim à Bilbao.
Lens : une ville idéalement située au cœur de l’Europe, à proximité de la Belgique, de l’Angleterre et de l’Allemagne, mais également une des agglomérations les plus pauvres de France, où le taux de chômage des jeunes bat des records. Aussi, l’ouverture du Louvre-Lens suscite-t-elle de grands espoirs.
Le Louvre-Lens est certes «un lieu de beauté et de fierté qui dépasse toutes nos espérances», a déclaré Henry Loyrette, président-directeur du Louvre, lors de la cérémonie d’inauguration officielle du 4 décembre. Mais c’est également l’impulsion idéale pour aider à la métamorphose d’un arrondissement.
Ne s’agissant pas d’une annexe du musée parisien, encore moins d’un lieu d’exposition de ses réserves, mais bel et bien d’un musée à part entière qui proposera ses propres collections, le Louvre-Lens est «un double événement» selon François Hollande. Pour le Louvre, il s’agit d’une nouvelle date dans l’histoire du plus grand musée du monde «qui ne cesse de se transformer, de briser les codes et d’aller au-delà des frontières». Il s’agit également pour le Nord-Pas-de-Calais d’«une étape importante pour le développement de la région la plus éprouvée par la crise, qui s’offre le plus beau musée du monde». L’ouverture d’un musée comme le Louvre au cœur du bassin minier est donc un message «d’espérance lancé à la population».
Position géographique exceptionnelle, région la plus jeune de France : il s’agit de créer du développement économique. Par le tourisme d’abord, le Nord-Pas-de-Calais voulant être, avec 48 musées, la région des musées par excellence.
Un nouvel avenir. Derrière la décision forte de Jacques Chirac d’implanter ce musée à Lens, l’ouverture du Louvre permettra à la région sinistrée de tourner la page de l’épopée minière pour se tourner résolument vers l’avenir. Prenant pour exemple le musée Guggenheim de Bilbao ou encore la décentralisation du Centre Pompidou de Metz, Daniel Percheron verrait bien la région devenir «la Ruhr du bassin minier».
Lors de la semaine qui a suivi l’inauguration, 51 000 personnes − des curieux de l’arrondissement de Lens bien sûr, mais aussi de Belgique et du Luxembourg − ont foulé le sol du musée, 36 000 rien que sur le premier week-end où une ouverture non-stop était proposée du samedi 10h au dimanche 18h. Rappelons que les objectifs de fréquentation sont de 700 000 visiteurs la première année.
La région espère aussi rendre la culture accessible au plus grand nombre. «Le succès de Lens, c’est le succès de tout un territoire», a poursuivi François Hollande. D’ailleurs, les œuvres présentées à Lens, telles que la statue d’Hammurabi, le Discophore du Pentélique, la Liberté guidant le peuple de Delacroix, feront venir des visiteurs de toute la région, de France « mais aussi de toute l’Europe », a assuré François Hollande.
Cet afflux de visiteurs transformera pareillement la vision que les visiteurs peuvent avoir du bassin minier, également classé à l’Unesco.
Moteur économique. Au-delà de ces supputations reste à savoir si le Louvre-Lens servira bel et bien de moteur économique. Déjà, les premiers signes laissent espérer un nouvel avenir.
Pendant la durée du chantier, près de 300 ouvriers ont œuvré sur le chantier. L’ouverture de l’EPCC Louvre-Lens a permis la création de 70 emplois directs et d’une quarantaine de postes externalisés. Le centre-ville de Lens s’est déjà considérablement transformé et il devrait, dans les mois et années à venir, poursuivre sa mutation.
Certains commerçants, jusqu’alors sceptiques quant aux retombées économiques, commencent à percevoir un “effet” Louvre-Lens, notamment avec la réservation de tables ou de chambres d’un peu partout en France.
Parallèlement, des activités annexes pourraient se développer. Il y a le pôle numérique culturel qui, à terme, pourrait générer jusqu’à 1 500 emplois, et on espère aussi que des entreprises s’implanteront en Pas-de-Calais .
«La France est terre de culture, elle compte le plus grand nombre de festivals, de manifestations grâce aux collectivités locales. C’est une chance pour notre économie, notre compétitivité et notre attractivité», a souligné à cet égard François Hollande. La culture représente 40 milliards d’euros de valeur ajoutée, un peu plus de 160 000 entreprises, des TPE, des PME pour la plupart, mais aussi des entreprises de taille mondiale. «Le Louvre-Lens, grâce aux touristes qui viendront, aux entreprises qui s’implanteront, parce qu’il y a le musée, sera un des instruments du développement économique de ce bassin et de cette région», a conclu le président de la République.