Le lin, nouveau relais de croissance pour In’Bô

Au cœur de leur atelier vosgien de la ZA Les Bouleaux sur la commune de Les Voivres, In’Bô, manufacture 2.0 spécialisée dans la conception de produits en bois, a recentré son activité sur son cœur de métier : la fabrication de lunettes. Un nouveau relais de croissance est aujourd’hui en marche, celui de l’élaboration de lunettes à base de fibres de lin.

© Guillaume Ramon. « Nous sommes aujourd’hui une trentaine de collaborateurs, il nous faut conforter nos acquis et consolider notre positionnement sur notre coeur de métier », assure Antoine Cochennec, l’un des pilotes et co-fondateur d’In Bô
© Guillaume Ramon. « Nous sommes aujourd’hui une trentaine de collaborateurs, il nous faut conforter nos acquis et consolider notre positionnement sur notre coeur de métier », assure Antoine Cochennec, l’un des pilotes et co-fondateur d’In Bô

Après le bois, le lin, comme relais de croissance ! Du côté de chez In’Bô (en bois en patois vosgien : NDLR), au cœur de la campagne vosgienne sur la ZA Les Bouleaux de la commune de Les Voivres à quelques kilomètres d’Épinal, le temps n’est plus à la diversification.

Un coup de frein est donné (pour le moment) sur les vélos en bambou et autres skateboards (en bois naturellement), les pilotes de cette entreprise créée il y a une petite dizaine d’années par cinq ingénieurs fraîchement diplômés de l’ENSTIB (École nationale supérieure des technologies et industries du bois) ont décidé depuis la fin de la crise sanitaire de se recentrer sur leur cœur de métier : la fabrication de lunettes. 

«Nous sommes aujourd’hui une trentaine de collaborateurs, il nous faut conforter nos acquis et consolider notre positionnement sur notre cœur de métier. La diversification sur les vélos et les skateboards est une belle aventure mais il nous faut penser à l’avenir de nos collaborateurs en assurant notre activité.» Au cœur de l’atelier de conception, Antoine Cochennec, l’un des pilotes et cofondateurs de l’entreprise ne se ferme pas les portes pour autant. «Nous verrons bien dans les années à venir si nous nous lançons dans un nouveau challenge.» Avec 2 M€ de CA l’an passé et un réseau de quelque mille opticiens (majoritairement dans l’Hexagone), l’entreprise vosgienne maîtrise sa croissance (son CA a triplé entre 2016 et 2019) grâce notamment à une indépendance financière affichée. 

«À l’opposé du fantasme de la start-up qui lève des millions d’euros et voit son CA exploser, nous avons pris le parti d’une croissance maîtrisée, d’une indépendance financière et d’une entreprise à taille humaine. Sans investisseurs à rémunérer il n’y a pour nous aucun intérêt à maximiser les profits. Nous préférons travailler dans de bonnes conditions, faire des produits dont nous sommes fiers et rémunérer tous les acteurs de la chaîne à leur juste valeur.»

Collaborateurs autonomes et responsables

L’ADN des débuts n’a pas changé, il s’est juste renforcé avec le temps et les expériences passées. Du bon sens local à la sauce entrepreneuriale. L’extension du bâtiment de 500 m² en 2021 a permis à In’Bô de se doter d’un outil de travail offrant de belles perspectives. Après plusieurs années de R & D, l’acquisition de machines à commandes numériques, les Vosgiens lancent, l’an passé, leur nouvelle marque de lunettes, Linotte. Des lunettes fabriquées à base d’un matériau issu d’une fusion entre le lin et un thermoplastique. 

«L’idée est venue quand nous fabriquions des vélos en bambou. Certaines pièces composantes étaient en fibre de lin. Nous avons alors adapté notre process. Les plaques de matière obtenues nous les usinons dans notre atelier.» Une indépendance dans la production et un process adapté où chaque collaborateur est responsable de ses commandes et les prend en charge de A à Z en toute autonomie. 

«Chaque commande d’opticien est traitée par un de nos collaborateurs. Il passe de poste en poste et assure toutes les étapes de la fabrication d’une paire de lunettes. Le flux est ainsi unifié, il y a moins de défaut de qualité.» Cette autonomie est également salvatrice en matière de bien-être au travail. 

«C’est une des idées phares qui a motivé la création de notre entreprise et nous nous attachons à la faire vivre. Nous passons la majeure partie de notre vie au travail, autant que l’on s’y sente bien. Nos horaires sont flexibles, chacun est responsable et gère son emploi du temps pour réaliser ses heures dans la semaine.» La formule fonctionne, près de 15 000 paires de lunettes sortent des lignes de production par an. 

«Nos produits sont éthiques, écoresponsables et made in France.» Dans l’ère du temps pour certains, un simple argument marketing pour bon nombre, une raison d’être pour les Vosgiens de chez In’Bô.

Du bois, du lin et du cuir…

Du 100 % vosgien qu’on vous dit ! Les lunettes sont en bois ou en lin et les étuis en cuir mais toujours made in Vosges. In’Bô confectionne ses propres étuis à lunettes avec un cuir en provenance d’une tannerie vosgienne. «Nous restons ainsi en phase avec nos valeurs», assure Antoine Cochennec, l’un des cofondateurs d’In’Bô. Le façonnage des étuis se fait dans l’atelier de Les Voivres. Un savoir-faire supplémentaire mis également à disposition, en sous-traitance, notamment pour le secteur du luxe.