Tourisme
Le Léomont et Friscati, la colline de la mémoire
Le tourisme de mémoire en Lorraine prend tout son sens en ce mois de novembre de commémoration de l’armistice de la Grande Guerre. À côté des hauts lieux de souvenirs, d’autres participent à ce nécessaire devoir de mémoire. Escale à la nécropole de Friscati et de la colline du Léomont à quelques encablures de Lunéville.
Le silence est leur seul compagnon à ces croix uniformes alignées dans une parade morbide. Sur les hauteurs du lieu-dit «Le Mouton noir» aux abords de la D400 menant à Lunéville, la nécropole de Friscati accueille ceux qui sont tombés à quelques encablures de là, sur la colline du Léomont entre le 20 août et le 10 septembre 1914. Seul le vent froid de cette fin octobre rappelle que la vie a pris le dessus après ces journées sanglantes où la mitraille et le canon de 75 des Bavarois du 11e corps de l’armée allemande ont frappé dans leur jeunesse les quelque 3 751 soldats français dans ce qui fut le premier véritable affrontement physique de la Grand Guerre, prémices de la bataille du Grand Couronné (cette série de collines en demi-lune entre Pont-à-Mousson et Épinal).
Le musée et l’espace pédagogique de l’espace Chaubet adjacent (en accès gratuit les après-midis du 30 avril jusqu’au 15 novembre soutenu notamment par le Souvenir Français et la Communauté de communes de Lunéville à Baccarat), plongent le visiteur dans l’effroi d’une bataille trop souvent oubliée. Le long d’un sentier de mémoire menant à la colline du Léomont et à son mémorial (inauguré en 1922 et représentant un «poilu», fusil à la main, le visage face à l’ennemi), le visiteur marche dans les pas de ces gamins d’à peine 20 ans au destin brisé.
Roulette russe du combat
Les premières couleurs de l’automne suspendent le temps. Les figurines grandeur nature de soldats (réalisées par les élèves de la section métallerie du lycée lunévillois Boutet de Monvel) sont les seuls compagnons du moment. Impossible pour autant de savoir ce que ces hommes des deux camps plongés dans des corps à corps commandés où la lame affiliée des baïonnettes faisaient l’ultime différence, ont pu ressentir. Des parcours d’hommes souvent contés mais rarement confiés.
Comme celui, parmi tant d’autres, de ce jeune enfant naturel, parti avec ses camarades conscrits la fleur au fusil pour défendre la patrie en danger. La Somme, la Marne, Verdun, le Chemin des Dames, il est de toutes les campagnes. La mitraille allemande, le frôle, le meurtrit dans sa chaire mais ne l’emporte pas. Roulette russe du combat où certains tombent, d’autres non, mais reste avec le souvenir des copains emportés. À son retour, il est le seul de ses camarades du hameau à revenir.
Au village, personne ne l’attendait tandis que des mères, des épouses pleuraient leurs proches disparus. En ce mois de novembre où la commémoration de l’armistice (le 11 novembre 1918 pour celles et ceux qui l’auraient oublié), un détour par ces lieux de souvenirs jalonnant le territoire, trop peu mis en avant, s’avère plus que nécessaire. «La mémoire est la reconnaissance du cœur», écrivait Hans Christian Andersen. Alors continuons à nous souvenir et à transmettre pour ne jamais oublier.
Sur le chemin des hommes
Un kilomètre pour se souvenir ! Depuis la nécropole de Friscati, un sentier de mémoire permet au visiteur d’atteindre la colline du Léomont (culminant à 337 m). Une promenade dans la campagne lorraine où à chaque pas, le visiteur ne peut que tenter d’imaginer l’inimaginable qui s’est déroulé il y a maintenant cent dix ans. Une marche salvatrice à tous les niveaux.