Le jeu vidéo pour traiter de thèmes de société sensibles
Accidental Queens est un studio de développement de jeux vidéo créé en avril 2017 par trois jeunes femmes. Aujourd’hui, seules Diane Landais, programmatrice, et Miryam Houali, graphiste, poursuivent l’aventure. Installées à Tourcoing au sein de la ruche d’entreprises de la MEL, depuis septembre 2016, elles travaillent sur leur troisième projet, après «A Normal Lost Phone» et «Another Lost Phone» vendus en ligne respectivement à plus de 100 000 et 30 000 exemplaires.
Coup de projecteur sur Diane Landais, ex-programmatrice chez Beemoov à Nantes, et Miryam Houali, diplômée de l’Ecole nationale du jeu et des médias interactifs numériques d’Angoulême (Enjmin) ! Dans leurs locaux d’Accidental Queens, elles ont reçu fin janvier la visite du secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi. L’homme politique a fait un crochet par Tourcoing, avant de se rendre au Forum international sur la cybercriminalité (FIC) à Lille Grand Palais. Si les deux jeunes femmes ne s’y attendaient pas spécialement, elles ont en tout cas apprécié la démarche. Leurs deux premiers jeux traitent de sujets d’actualité assez sensibles : transidentité et harcèlement. «Les thèmes de nos productions sont volontairement engagés, et nous pensons que faire de la pédagogie sur ces sujets-là est une bonne chose», glissent-elles. Aussi, dans ce cadre-là, toutes les deux ont perçu la présence du secrétaire d’Etat comme une belle marque d’encouragement, elles qui militent pour davantage de diversité dans ce milieu très masculin : «14% de femmes seulement d’après les derniers chiffres du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV)», regrettent-elles.
Une ascension fulgurante
Pour ces deux passionnées, la création d’Accidental Queens est récente, mais le succès a été relativement fulgurant. À peine leur premier jeu avait-il officiellement vu le jour début janvier 2017, qu’il s’écoulait à plus de 100 000 exemplaires en deux mois et demi, à 3 € l’unité. «Le jeu se présente sous la forme d’une enquête narrative, au cours de laquelle vous êtes invité à explorer le contenu d’un téléphone que vous avez trouvé, pour découvrir la vie et le secret de son possesseur, Sam, un ado qui vient de fêter ses 18 ans», raconte Miryam Houali. «En deux semaines, nous avions remboursé les 15 000 € d’avance de l’éditeur», développe de son côté Diane Landais. Un premier essai largement converti qui a poussé les deux protagonistes de cette histoire, qui s’étaient rencontrées quelques mois plus tôt dans le cadre de la Global Game Jam d’Angoulême, à voler de leurs propres ailes et à lancer officiellement courant avril Accidental Queens. «C’était le test, il était validé et on pouvait désormais se lancer à fond dans notre projet», ajoutent-elles. Dans la foulée, est sorti, fin septembre 2017, «Another Lost Phone», un deuxième jeu basé sur le même principe que le premier, avec un certain succès sur le marché américain. Si Miryam Houali et Diane Landais n’ont pas souhaité divulguer la trame de leur prochain opus, attendu pour début 2019, il aura encore la volonté de traiter un autre sujet de société qui leur tient à cœur. «Il s’agira d’un autre type de jeu narratif, mais basé cette fois-ci sur de l’audio», lâche, comme seul indice, cette dernière.