Le "Japan Mobility Show", une fête en trompe-l'œil pour l'industrie automobile nippone

Une armada de start-up, des véhicules électriques, des robots et des concerts: le "Japan Mobility Show" se veut un moment de célébration de l'industrie automobile japonaise, mais les signes de son affaiblissement...

Le patron de Toyota Koji Sato fait un discours devant la presse devant le concept FT-3e, un SUV électrique de Toyota au salon Japan Mobility Show à Tokyo le 25 octobre 2023 © STR
Le patron de Toyota Koji Sato fait un discours devant la presse devant le concept FT-3e, un SUV électrique de Toyota au salon Japan Mobility Show à Tokyo le 25 octobre 2023 © STR

Une armada de start-up, des véhicules électriques, des robots et des concerts: le "Japan Mobility Show" se veut un moment de célébration de l'industrie automobile japonaise, mais les signes de son affaiblissement se multiplient, surtout face à la Chine.

Ce salon à Tokyo, ouvert au grand public à partir de samedi jusqu'au 5 novembre, se veut davantage dans l'ère du temps que son prédécesseur, le "Tokyo Motor Show", dont la dernière édition a eu lieu en 2019.

Mais entretemps, les profondes mutations du secteur automobile mondial ont connu une accélération radicale qui a pris de court les constructeurs japonais.

Le segment électrique a ainsi décollé en Chine, en Europe et aux Etats-Unis, alors que l'industrie automobile nippone, Toyota en tête, pensait être à l'abri pendant encore longtemps grâce à ses technologies hybrides.

Les constructeurs japonais souffrent particulièrement en Chine: leurs ventes sur place ont chuté de 19% en volume sur les neuf premiers mois de 2023, tandis que celles des marques chinoises ont bondi de 20% sur la même période, selon le site spécialisé Marklines.

Pour Mitsubishi Motors, la débâcle en Chine est telle qu'il a annoncé mardi renoncer à sa production locale, qu'il avait déjà suspendue depuis mars.

Un environnement "difficile

La part de marché des constructeurs japonais en Chine "va continuer de fondre, parce qu'ils ne sont pas de grands acteurs dans l'électrique" et qu'il leur sera probablement impossible de rattraper sur ce terrain les concurrents locaux, lesquels sont en plus largement soutenus par les autorités chinoises, prédit Koji Endo, analyste chez SBI Securities.

Grâce à son avance dans les véhicules électriques, la Chine devrait aussi détrôner cette année le Japon comme premier exportateur automobile mondial.

L'importance de la conquête de ce titre par la Chine est toutefois à relativiser, car les marques japonaises produisent deux fois plus de véhicules dans leurs usines à l'étranger (17 millions d'unités en 2022) que dans l'archipel.

"Pour garder notre forte compétitivité nous devons sortir du cadre conventionnel de l'automobile et nous transformer en une industrie de la mobilité", avec "des collaborations sur tous les fronts" et ce "rapidement", a récemment plaidé Koji Sato, le directeur général de Toyota.

"L'environnement de marché est difficile à présent et nous ne pouvons pas prolonger le passé", a aussi commenté Makoto Uchida, le directeur général de Nissan, lors d'une récente conférence de presse en ligne de la Jama, l'association des constructeurs automobiles japonais qui organise le Japan Mobility Show.

BYD et Godzilla

Si le nombre d'entreprises participantes au salon a plus que doublé par rapport à 2019 (475, un record), celui des exposants étrangers est limité et stagnant: 19, dont trois constructeurs automobiles seulement.

Mais l'un d'entre eux devrait être l'une des principales attractions du salon: BYD, le champion chinois des véhicules électriques et grand rival de l'américain Tesla au niveau mondial.

BYD est devenu début 2023 le premier constructeur automobile chinois à se lancer au Japon. Ses débuts sur ce marché sont cependant très modestes (moins de 900 unités vendues de janvier à fin septembre), car les marques japonaises sont ultra-dominantes dans l'archipel.

Eclipsée par le décollage mondial de l'électrique, l'hydrogène sera présent au Japan Mobility Show, mais notamment pour alimenter en électricité des spectacles de concerts et d'humoristes: une manière de sauver les apparences pour des constructeurs automobiles nippons comme Toyota, qui ont longtemps préféré miser sur cette énergie plutôt que sur l'électrique.

Une zone du salon est consacrée aux technologies pour la gestion des catastrophes naturelles, dans un décor de ruines conçu en partenariat avec le film japonais "Godzilla Minus One", qui sortira le 3 novembre dans l'archipel.

Faut-il désormais également voir dans la sempiternelle lutte du Japon contre ce célèbre monstre à écailles une allégorie des lourdes menaces pesant sur son industrie automobile, qui doit serrer les rangs face à l'adversité?

Une "perception commune" d'un déclin de l'industrie japonaise s'est installée "et tant les grandes entreprises que les start-up sont confrontées au même sentiment de crise", a récemment admis Jun Nagata, le président du comité d'organisation du Japan Mobility Show.

Mais la mobilité est un "moteur" pour la croissance future du Japon et un thème fédérateur, a-t-il positivé.

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