Le groupe franco-hollandaisVan Gansewinkel invente le zéro déchet
C’était sûrement le plus beau stand du dernier Environord ! Quand les Hollandais font les choses, ce n’est jamais à moitié et le groupe de traitement des déchets Van Gansewinkel, implanté à Béthune et Bois-Grenier, n’y échappe pas. S’il recycle le papier (entre autres) depuis longtemps, il franchit en 2011 un cap décisif en inventant le recyclage intégral vers le papier de bureau. Avec pour corollaire, une extension de son activité sur le bord à canal du port fluvial de Béthune, qui doit s’accompagner d’un doublement de tous les chiffres d’ici 2015.
Implanté au port fluvial de Béthune et à Bois- Grenier depuis 2000, ce groupe d’origine hollandaise, créé en 1964, est le numéro 5 européen dans la gestion intégrale des déchets et dans tous les secteurs d’activité. Avec un CA français 2010 de 10 M€ et européen de 1,1 milliard, son ambition économique, financière et écotechnologique – cette innovation s’inscrivant avant tout dans la durabilité1 – se mesure à l’aune de deux chiffres à atteindre pour la période 2014- 2015. Il prévoit de doubler le nombre de ses collaborateurs (de 70 à 140, sur 7 500 en Europe) ainsi que son CA français. Sur le site béthunois2, il équipe activement son siège social et, via une intense campagne de marketing, présente dans les salons (au récent Environord à Lille par exemple, mais aussi via une opération portes ouvertes de son unité de Bois-Grenier en septembre, liste non exhaustive), ce qui sera la locomotive de son développement majeur : le premier papier de bureau 100% recyclé et certifié “Cradle to Cradle” (littéralement “du berceau au berceau”), label dû au chimiste écologiste allemand Michael Braungart en 19803. Cette certification, Van Gansewinkel est le seul à la posséder et il compte bien en faire un cheval de bataille en France et en Europe où il est d’ailleurs déjà massivement présent, mais sur un marché plus traditionnel.
“Cradle to Cradle”, le top mondial ! Cela signifie que tout est réintroduit dans une filière énergétique et économique. Le directeur France, Kurt Ghijsbrecht, explique : “Après la collecte du papier de bureau usagé chez nos clients, nous isolons tous les composants, absolument tous. Puis, à partir de ces matières premières retraitées écologiquement, nous refabriquons du papier de bureau mais en n’ayant coupé aucun arbre, économisé 83% d’eau, 72% d’électricité et éliminé jusqu’à 53% de CO2 4. Les derniers déchets qui pourraient subsister sont utilisés pour fournir de l’énergie à des milliers de particuliers et entrepreneurs. Nous avons supprimé le résidu prétendu inutile.” Le “Van Gansewinkel Office Paper” (VGOP) est né et se distingue du process classique qui, lui, pour une simple ramette, consomme jusqu’à 7,5 kg de bois de forêt… Le fabricant du VGOP, la société allemande Steinbeis, titulaire du prestigieux “Deutsche Nachhaltigkeitpreis” rarement attribué, active donc une nou-velle filière 100% développement durable. L’un des premier clients n’est autre que le géant Océ (100 pays, 22 000 collaborateurs), leader dans l’impression de documents.
Un énorme marché s’ouvre… A Béthune, le développement se fera en 2012-2013, d’abord par une occupation de 100 m de canal dans le cadre du Seine- Nord. Et 15 à 20 M€ de travaux sont prévus qui permettront de doper le CA vers les 2 M€. En ce moment même, 2 500 tonnes de papier recyclé sont en cours de constitution. Le marché européen est à prendre à partir du Nord-Pas-de-Calais, base de lancement des opérations. Des acquisitions ont eu lieu, d’autres vont vraisemblablement suivre pour constituer un maillage serré du continent. Veolia Belgique a été racheté en juin (100 M€ de CA). En 2015, le CA doit passer, acquisitions comprises, à 50 M€, Paris ouvrira un nouveau site, et sans doute il y aura un troisième site, dans le Nord. De plus, débutent en ce moment, sur Massy et Orly, deux sites “Gestion globale des déchets”.
A certaines conditions en France… “Chez nous, nous n’investissons pas à la légère. Depuis 2000 et même avant bien sûr, nous connaissons les possibilités et les avantages de tous ordres de la France et de la région Nord-Pas-de-Calais. L’esprit de travail, la proximité avec les Pays-Bas, les noeuds de communication fluviaux, terrestres, aériens qui sont partout, etc. Mais nous connaissons aussi les freins du développement ici. Tout se fera à condition que la législation française suive, prévient avec un sourire poli Kurt Ghijsbrecht. Il y a encore beaucoup de lenteurs administratives, beaucoup de taxes. Et surtout, les améliorations concrètes dans la filière de traitement des déchets sont très lentes même si ça et là, on voit de bonnes choses. De plus en plus souvent même, c’est bien. Nous restons optimistes, les mentalités vont évoluer en France où on abandonne l’idée d’enfouissement. C’est déjà capital de tourner le dos à cette pratique vraiment néfaste pour le recyclage.” Il est certain en plus que l’opportunité d’un “Office Paper Cradle to Cradle” à partir du Nord-Pasde- Calais ne peut qu’encourager les pouvoirs publics à activer les bonnes décisions et propager les pratiques adéquates.