Le groupe de luxe Kering tient son assemblée générale en pleine tourmente

François-Henri Pinault, PDG de Kering, s'est déclaré "déçu" et "frustré" jeudi lors de l'assemblée générale annuelle du goupe de luxe qui accumule les mauvaises nouvelles, entre chute des ventes et perte de rentabilité, mais...

Le groupe de luxe Kering tient jeudi son assemblée générale après avoir accumulé les mauvaises nouvelles, entre chute des ventes et perte de rentabilité opérationnelle © ERIC PIERMONT
Le groupe de luxe Kering tient jeudi son assemblée générale après avoir accumulé les mauvaises nouvelles, entre chute des ventes et perte de rentabilité opérationnelle © ERIC PIERMONT

François-Henri Pinault, PDG de Kering, s'est déclaré "déçu" et "frustré" jeudi lors de l'assemblée générale annuelle du goupe de luxe qui accumule les mauvaises nouvelles, entre chute des ventes et perte de rentabilité, mais il assure que "le diagnostic est posé".

"Vous êtes déçus, vous êtes frustrés, moi aussi, moi le premier, soyez-en sûrs", a déclaré François-Henri Pinault.

"Le diagnostic est posé, les équipes sont toutes mobilisées, nous sommes concentrés à 100% sur l'exécution de nos plans d'action", a assuré le patron de Kering.

Mercredi, le groupe a encore dévissé en bourse, les investisseurs prenant acte de la forte baisse de "40 à 45%" de la rentabilité attendue au premier semestre alors que son chiffre d'affaires a chuté de 11% au premier trimestre. Par rapport à son pic de juin 2021, l'action de Kering dégringole même de 60%.

"Je ne me satisfais pas de ce cours de bourse", a souligné le dirigeant.

"Nous traversons une période délicate qui requiert une concentration et une concertation de nos talents, une attention resserrée à tous les éléments de notre stratégie et en particulier aux éléments de son exécution", a-t-il déclaré.

Le groupe a ainsi "resserré le pilotage des maisons", selon son PDG, avec la nomination l'été dernier de Francesca Bellettini, PDG d'Yves Saint Laurent, au poste de directrice générale adjointe de Kering chargée de "piloter l'ensemble des maisons du groupe dans les prochaines étapes de leur développement", et de Jean-Marc Duplaix - directeur financier de Kering depuis 2012 - au poste de directeur général adjoint du groupe chargé des opérations et des finances.

"Ces changements visent à renforcer le pilotage de nos maisons, à augmenter notre expertise métier à l'échelle du groupe, à consolider notre organisation", a déclaré M. Pinault.

- "Les opportunités qu'il faut savoir saisir"-

Depuis des mois, le groupe dirigé par François-Henri Pinault tente aussi de redresser Gucci, la marque italienne qui représente 50% de ses ventes et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle. 

Changement de directeur artistique avec l'arrivée de Sabato de Sarno, nouvelle direction incarnée par Jean-François Palus, PDG proche de François-Henri Pinault, nomination d'un directeur général adjoint venu du concurrent Louis Vuitton, Stefano Cantino: "Il est clair que Kering a l'intention de +nettoyer la maison+ pour établir des bases plus fortes pour l'avenir", note Luca Solca, analyste chez Bernstein.

Mi-avril, la note de Kering a été abaissée par S&P en raison des difficultés de Gucci et des dépenses réalisées par le groupe, ce qui alourdit sa dette.

Kering a annoncé récemment l'achat d'un bien immobilier à Milan pour 1,3 milliard d'euros, qui s'ajoute à des achats antérieurs d'autres propriétés à New York en janvier pour environ 900 millions d'euros et à Paris en 2023 pour environ 1,4 milliard d'euros, précise l'agence de notation.

"La priorité donnée à la croissance organique (interne, ndlr) de nos maisons se traduit aussi par des opportunités qu'il faut savoir saisir. (...) C'est ce que nous avons fait sur des biens immobiliers de prestige qui garantissent des emplacements exceptionnels", a déclaré M. Pinault.

Kering a en outre déboursé 1,7 milliard d'euros pour acquérir 30% de Valentino, avec une option pour racheter tout le groupe au plus tard en 2028, et 3,5 milliards d'euros pour mettre la main sur Creed, parfumeur acheté en octobre dans le cadre de la création de la branche beauté.

"C'est très intelligent de créer un département beauté", explique à l'AFP Eric Briones, auteur de "Luxe et digital" (ed. Dunod). "Mais le construire avec Creed uniquement, ça ne va pas", ajoute-t-il. 

"Nous avons après mure réflexion décidé de lancer notre plateforme Kering beauté", a expliqué M. Pinault. "Nous internalisons un certain nombre de nos licences", a-t-il dit avec la "stratégie particulière" de démarrer "par le haut du marché du luxe avec la haute parfumerie". 

L'achat de Creed entre dans cette stratégie, selon le PDG. "Avec 300 millions de chiffre d'affaires l'année dernière et une très forte rentabilité", la marque a un potentiel très important, notamment sur la parfumerie féminine", et en Asie.

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