Édito

Le grand fossé...

À peine à deux mille kilomètres sur notre continent, la guerre continue de faire rage en Ukraine. Après avoir été attaquée, occupée, sa population affronte le froid et l’obscurité avec un courage exemplaire forgeant le respect. Dans l’Hexagone, l’éventualité d’une adaptation provisoire de quelques heures pour faire face aux problèmes d’approvisionnement en électricité fait déjà monter au créneau. 

Le grand fossé...

Une crainte légitime mais qui ne semble réellement pas vraiment avoir lieu d’être à en croire Emmanuel Macron, le président de la République. «Nous sommes un grand pays, nous avons un grand modèle énergétique, nous allons tenir cet hiver malgré la guerre. Et je demande à chacun de faire son travail (...) Le travail d’EDF, c’est de faire tourner les centrales. Le travail du gouvernement, c’est qu’il y ait une planification. Le travail de tout le monde, c’est qu’on déroule la sobriété. Les scénarios de la peur, pas pour moi», assurait-il le 6 décembre en marge d’un sommet européen à Tirana en Albanie. Perdre quelques degrés de notre confort quotidien n’est rien par rapport à ce qui se déroule un peu plus loin à l’Est. Cette situation ubuesque démontre, s’il le fallait encore, que le fossé ne cesse de se creuser. Notre société consumériste d’un confort à l’extrême où le superflu est devenu la norme ne peut plus aujourd’hui, en l’état, faire face à des situations que l’on juge extrêmes. Notre confort est devenu au fil du temps notre propre piège face auquel, nous ne parvenons pas à sortir. Perdu dans ce labyrinthe de la modernité, de la technologie à outrance, il nous est devenu tout simplement impossible d’affronter le moindre aléa. La peur des coupures d’électricité, l’imposition d’une sobriété énergétique tiennent le haut du pavé de l’actualité et attise des débats stériles révélateurs d’une façon de penser alarmiste mais surtout alarmante. La capacité d’adaptation indique le niveau d’intelligence d’une personne. Force est de constater qu’aujourd’hui, on frôle pour certain le zéro de QI. À l’heure où les premières gelées matinales sont enregistrées, l’éternel marronnier des conditions de vie des SDF ne va pas tarder à revenir faire pleurer dans les chaumières. Aberrant en 2022 d’avoir encore des gens qui dorment dans la rue. Le constat est fait chaque année sans que rien ne change vraiment. La récession annoncée ne devrait pas arranger la chose. Les sans-abris sont sans doute les seuls à savoir survivre avec le strict nécessaire et encore moins pendant que leurs congénères paniquent déjà à l’idée d’avoir perdu quelques degrés dans leur maison connectée. Un fossé qu’on vous dit, pas loin de devenir un gouffre...