Le gouvernement appelle à ne pas céder à la violence après la mort de Thomas

Le gouvernement a tenté lundi d'apaiser les tensions suscitées par la mort de Thomas, poignardé à la fin d'un bal dans la Drôme, et sa récupération par l'ultradroite qui a...

Une banderole en hommage à Thomas, à Romans-sur-Isère, le 22 novembre 2023 © OLIVIER CHASSIGNOLE
Une banderole en hommage à Thomas, à Romans-sur-Isère, le 22 novembre 2023 © OLIVIER CHASSIGNOLE

Le gouvernement a tenté lundi d'apaiser les tensions suscitées par la mort de Thomas, poignardé à la fin d'un bal dans la Drôme, et sa récupération par l'ultradroite qui a organisé des rassemblements violents ce week-end.

En déplacement dans le village endeuillé de Crépol, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a appelé à "ne pas répondre par la violence à la violence". 

Ce qui a coûté la vie au lycéen de 16 ans n'est pas "une simple rixe" mais "un drame qui fait courir le risque d'un basculement de notre société", a-t-il déclaré. 

Mais "c'est à la justice de rendre justice. Pas aux Français eux-mêmes", a poursuivi le ministre, en fustigeant "les factions de l'ultradroite animées par la haine et par le ressentiment".

En parallèle, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a adressé un télégramme aux préfets, ainsi qu'aux responsables de la police et de la gendarmerie, pour leur demander d'empêcher tout rassemblement visant "à ajouter du désordre, de la violence et de la division dans notre société".

Son télégramme faisait suite aux attroupements violents de militants d'ultradroite, ce week-end, à Romans-sur-Isère, la ville voisine de Crépol.

Une centaine de militants de la mouvance identitaire, venus de toute la France, s'y sont retrouvés "pour en découdre", selon les autorités, avec les jeunes du quartier sensible de la Monnaie, dont seraient issus certains des suspects du drame de Crépol.

Avec des bâtons

Les militants cagoulés ont été repoussés samedi soir par les forces de l'ordre qui ont procédé à une vingtaine d'interpellations. L'un d'eux a été molesté et dénudé par des inconnus pendant le défilé.

Dimanche, un nouveau rassemblement d'ultradroite a débouché sur sept interpellations, dont quatre jeunes de la Monnaie.

Lundi, des peines de 6 à 10 mois de prison ferme ont été prononcées contre six de ces militants, jugés en comparution immédiate à Valence notamment pour "violences sur policiers".

"C'était important d'apporter notre soutien" à la famille de Thomas, a tenté de justifier l'un des accusés, qui avait répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux. 

"Quand on vient avec des bâtons on ne vient pas pour défendre une cause mais pour attaquer", a rétorqué la procureure Vanina Lepaul-Ercole, qui avait requis jusqu'à un an de prison contre ces hommes, âgés de 18 à 25 ans.

Depuis une semaine, l'extrême droite et une partie de la droite font le lien entre le drame de Crépol et l'immigration, évoquant la "racaille", le "racisme anti-blanc", ou encore le "jihad du quotidien".

Lundi soir, malgré une interdiction, une quinzaine de militants se sont rassemblés à Lyon "pour Thomas" à l'appel du collectif d'ultradroite Les Remparts. Un "cortège sauvage d'une centaine d'individus" s'est également formé sur la presqu'île avant d'être dispersé par les forces de l'ordre, selon la préfecture. A Grenoble, le rassemblement autorisé "en hommage à Thomas" appelé par une élue de Reconquête n'a agrégé que 60 personnes. 

Très digne

Outre Thomas, décédé après avoir reçu des coups de couteau, huit personnes ont été blessées dans la nuit du 18 au 19 novembre à la fin du "bal de l'hiver" de Crépol, dans des circonstances encore floues.

Premier membre du gouvernement à se rendre sur place, Olivier Véran s'est entretenu avec un blessé, des proches de Thomas et des élus, puis a annoncé qu'un "comité local d'aide aux victimes" se réunirait dans les prochains jours pour leur apporter une assistance administrative, judiciaire et psychologique.

"La réunion a été très digne et dans la bienveillance", a commenté la maire de Crépol, Martine Lagut. "Ça a rassuré les habitants de savoir qu'ils étaient entendus par l'État", a-t-elle ajouté.

A l'extérieur, une septuagénaire qui avait participé au bal tragique, a surtout souhaité que l'auteur des coups mortels soit "puni et qu'on ne lui trouve pas d'excuse".

Neuf jeunes, interpellés en partie à Toulouse où ils avaient fui, ont été mis en examen samedi, notamment pour "meurtre en bande organisé", un chef passible de la prison à perpétuité. Six d'entre eux, dont deux mineurs, ont été incarcérés.

Face à la presse, Olivier Véran a également évoqué la "colère" suscitée par ce drame. "Vous n'en pouvez plus de ces bandes violentes, nous non plus", a-t-il lâché, en promettant "la mobilisation pleine et entière du gouvernement pour garantir la sécurité de tous les citoyens".

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