Le gîte de Wintzenheim n'était pas aux normes

Onze morts et deux étages qui partent en fumée. L'enquête qui démarre sur les causes de l'incendie de Wintzenheim (Haut-Rhin) a révélé jeudi que le gîte de vacances accueillant des...

Des pompiers travaillent à l'endroit où un incendie s'est déclaré dans un centre de vacances pour personnes handicapées à Wintzenheim, dans l'est de la France, le 9 août 2023 © Sebastien BOZON
Des pompiers travaillent à l'endroit où un incendie s'est déclaré dans un centre de vacances pour personnes handicapées à Wintzenheim, dans l'est de la France, le 9 août 2023 © Sebastien BOZON

Onze morts et deux étages qui partent en fumée. L'enquête qui démarre sur les causes de l'incendie de Wintzenheim (Haut-Rhin) a révélé jeudi que le gîte de vacances accueillant des personnes handicapées n'était pas aux normes.

"Un embrasement généralisé". Les pompiers, arrivés en moins d'un quart d'heure, n'ont rien pu faire pour venir en aide aux vacanciers installés pour la nuit dans les étages du bâtiment.

Le lieutenant colonel Philippe Hauwiller, commandant de l'opération de secours, a estimé que compte tenu de l'état du bâtiment, les victimes étaient déjà mortes quand les pompiers sont arrivés au lieu-dit La Forge mercredi à 6h45.

Le bâtiment éventré par l'incendie était une ancienne grange de 500 m2, avec deux étages et des combles, qui avait été rénové il y a quelques années.

Mais selon les premiers éléments de l'enquête, la structure n'était pas aux normes, a déclaré la vice-procureure de la République de Colmar, Nathalie Kielwasser.

"Le gîte n'avait pas subi le passage de la commission de sécurité qui est obligatoire. Si vous voulez conduire une voiture, il faut un permis, si vous voulez héberger du monde, il faut le passage de cette commission qui vous donne des préconisations sur la capacité d'accueil, etc. On va vous imposer un certain nombre de règles de sécurité", a expliqué la magistrate.

Ainsi, la maison disposait bien de détecteurs de fumée mais pas du type prévu pour des structures accueillant du public.

Visite ministérielle

La propriétaire du gîte, qui a alerté les pompiers mercredi à l'aube, est en état de choc et n'a pas été placée en garde à vue. 

"Il faut corréler juridiquement la raison du sinistre et est-ce que ça a un lien avec les règles de sécurité. Je n'ai pas le retour des investigations criminelles pour le moment", a indiqué Mme Kielwasser.

Au total, 28 personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont 17 ont pu sortir à temps, selon la préfecture du Haut-Rhin. Les 13 pensionnaires logés au rez-de-chaussée par Idoine, une association de Besançon, ont été rapatriées indemnes en Franche-Comté.

En revanche, 11 personnes, dont 10 adultes souffrant de handicaps mentaux légers, ont péri parmi les résidents logés dans les étages. Plusieurs d'entre elles dormaient dans une mezzanine qui s'est effondrée, ce qui a compliqué la récupération des corps, selon le lieutenant colonel Hauwiller. 

La ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, est attendue dans la journée en Lorraine pour rencontrer les personnes touchées par le drame, habituellement prises en charge par des associations de la région.

L'association AEIM (Adultes enfants inadaptés mentaux), qui prend en charge des personnes handicapées intellectuelles en Meurthe-et-Moselle, a précisé à l'AFP que cinq de ses membres s'étaient inscrits de manière individuelle à ce séjour. Seul l'un d'entre eux a survécu.

Laboratoire mobile

Mme Kielwasser avait déclaré mercredi que "l'origine serait vraisemblablement pour le moment un feu qui a couvé", mais sans qu'il soit possible "à ce stade" de déterminer "les causes de ce feu couvant".

Le gîte, qui se trouve sur un terrain fermé avec plusieurs bâtiments, "fonctionne depuis plusieurs années sans problème", avait assuré le maire adjoint Daniel Leroy. La propriétaire avait signé un contrat pour 16 personnes correspondant au gîte installé dans les étages, a-t-il rapporté.

Deux équipes de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), basé à Pontoise, ont été envoyées sur place, soit un peu plus d'une vingtaine de personnes.

Un laboratoire mobile pour l'identification des victimes, du même type que celui que la gendarmerie a donné à l'Ukraine, a été déployé. Il permet des analyses rapides d'ADN, avec des résultats obtenus en l'espace de deux à trois jours.

Une deuxième équipe est chargée de rechercher les causes de l'incendie et de modéliser la scène en 3D.

Le sinistre est le plus meurtrier enregistré en France depuis l'incendie d'un bar à Rouen en 2016.

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